dimanche 25 juillet 2010
La reine Paola et l'art contemporain belge
Avec l'aide de la Donation Royale et de la Régie des Bâtiments, la Reine entreprend en 1993 un grand et ambitieux programme de rénovation et de mise en valeur du château et des serres de Laeken, du palais royal de Bruxelles et du château de Ciergnon. Tous les observateurs s'accordent pour dire que le résultat est magnifique.
A l'occasion de ses 65 ans, la reine Paola confie à l'agence Belga : "Ayant vécu à Rome, cet environnement m'a tout naturellement sensibilisée à l'art classique. C'est dans les années 68-70, années de doute et de remise en question, que j'ai rencontré des artistes contemporains et j'ai compris alors que la peinture et la sculpture ne sont pas seulement une recherche de techniques et de couleurs, qu'elles sont aussi un langage, un message que l'artiste envoie à la société. Souvent, ce message est un cri d'angoisse. Il n'y a pas que la beauté et l'esthétique. Nous devons aussi être en mesure de comprendre ce qui est moins agréable. J'attache une grande importance à mes visites d'ateliers, à la conversation de l'artiste qui précise sa vision propre et qui commente son oeuvre. C'est enrichissant, à chaque fois, et je me rappelle avec émotion ma rencontre avec Magritte et plus tard avec Delvaux".
En accord avec le Roi, notre souveraine décide d'intégrer l'art contemporain belge dans le palais royal de Bruxelles, construit au 19ème siècle. L'idée aurait germé dans sa tête suite à la visite du couple royal à l'exposition "La peinture flamande et néerlandaise du 20ème siècle", organisée à Venise en 1997. Paola aurait été encouragée par sa belle-soeur la grande-duchesse Joséphine-Charlotte de Luxembourg, qui avait entamé depuis longtemps une importante collection privée d'oeuvres d'art contemporaines.
La Reine crée un comité artistique, composé notamment de Jan Hoet (directeur du Stedelijk Museum voor Actuele Kunst de Gand) et de Laurent Busine (directeur du Musée des Arts Contemporains du Grand Hornu). Ils lui ont proposé une liste d'ateliers à visiter ensemble en privé et en respectant le strict équilibre linguistique auquel le Palais tient beaucoup. Paola a aussi reçu des artistes en audience dans le cadre de son projet. Cette démarche unique en Europe déboucha sur l'inauguration en 2002 de trois oeuvres d'artistes belges : une série de photos de Dirk Braeckman, sept toiles de la peintre Marthe Wéry et, plus spectaculaire, le revêtement du plafond de la salle des Glaces par Jan Fabre.
La Reine avait été séduite par le travail de Jan Fabre. Celui-ci lui proposa le revêtement du plafond par 1,4 million de carapaces de scarabés. Réverbérant la lumière, ces petites coques de 27 mm donnent des tons changeants passant de toutes les teintes de vert à certaines formes de bleu. La confrontation avec les miroirs et les ors des murs donne un effet magistral montrant à quel point l'art contemporain et la tradition peuvent se compléter. En vrai mécène, Paola monta un après-midi au sommet de l'échafaudage et colla elle-même les carapaces formant la lettre P au centre du plafond.
En juillet 2004, la reine Paola inaugure une quatrième oeuvre d'art, intitulée "Les Fleurs du Palais Royal" et conçue par Patrick Corillon. Disposée dans la salle Empire, elle présente onze pots dorés et onze histoires évoquant des légendes ou des croyances imaginaires que l'on aurait vis-à-vis des fleurs originaires des dix provinces de Belgique et de Bruxelles. Chaque légende est traduite en plusieurs langues. Né à Knokke en 1959, Patrick Corillon vit et travaille à Liège et à Paris.
Quelques semaines après avoir visité avec l'artiste belge Pierre Alechinsky la rétrospective qui lui était consacrée aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles, la reine Paola se rend, le 9 avril 2008, à Paris pour l'inauguration de l'exposition "Jan Fabre, l'Ange de la métamorphose" au prestigieux Musée du Louvre. Elle était accompagnée des ministres flamand et français de la Culture Bert Anciaux et Christine Albinel. L'exposition montre le regard contemporain que porte l'artiste anversois sur des oeuvres de maîtres anciens flamands et hollandais (Van Eyck, Memling, Rubens, Rembrandt, Vermeer, p.ex.). Très heureux de la venue de Paola, Jan Fabre confie à la presse : "Ce que j'apprécie, c'est que la Reine trouve réellement mon oeuvre passionnante. Cela n'a rien à voir avec le protocole. Elle vient ici parce qu'elle en a vraiment envie. C'est le plus important, non?".
Lors des travaux effectués au palais royal en 2010 pour accueillir un sommet organisé dans le cadre de la présidence belge de l'Union Européenne, une cinquième oeuvre d'art contemporaine est installée à l'initiative de la reine Paola. On peut désormais voir six tableaux du peintre Michaël Borremans (né en 1963 à Grammont) représentant le personnage du laquais, toujours présent d'une façon ou d'une autre dans la vie d'une Cour.
Rappelons que ces cinq oeuvres sont visibles lors de l'ouverture annuelle et gratuite du palais royal au public chaque été. Depuis le décès de Léopold II ("le roi bâtisseur") en 1909, aucun roi, aucune reine n'a marqué les domaines royaux de son empreinte autant que Paola. Elle confie à l'agence Belga en 2002 : "Je serais heureuse si l'on pouvait retenir de moi que j'ai essayé de mettre la beauté en valeur, toute la beauté qui est en nous et hors de nous. La beauté peut se partager et ce partage rapproche".
En juin 2013, la Reine est l'invitée d'honneur du 77ème anniversaire de Jan Hoet au Musée Ghislain à Gand.
vendredi 16 juillet 2010
Marie-Esméralda nous parle de son frère Alexandre
A quelques jours de l'anniversaire du prince Alexandre (né le 18 juillet 1942 et décédé le 29 novembre 2009), sa soeur la princesse Marie-Esméralda a accepté de répondre par mail à mes questions pour ce blog et pour le blog Noblesse et Royautés de Régine Salens (http://www.noblesseetroyautes.com/nr01/?p=35820 ) :
"Madame, quels sont vos premiers souvenirs avec votre frère le prince Alexandre?
- Alexandre et moi-même étions particulièrement proches. La différence d'âge entre nous (14 ans) faisait qu'il était très protecteur. Après le décès de ma mère en 2002, il assurait le rôle de grand frère, protecteur et conseiller. Mes premiers souvenirs avec lui remontent au château de Laeken où il étudiait dans une petite classe avec six autres adolescents. Toute petite, j'allais leur lancer des jouets dans la piscine afin qu'ils aillent les repêcher, et ce jeu me divertissait énormément.
- Vous parlait-il des moments de la vie de la famille royale que vous n'avez pas ou peu connus? Si oui, quels souvenirs gardait-il de toute cette période?
- Il évoquait souvent la période de l'exil en Suisse entre 1945 et 1950 dont il avait conservé des souvenirs très heureux avec ses frères et sa soeur aînée. De même que la vie à Laeken ou à Ciergnon pendant les vacances d'été où toute la famille se retrouvait autour de la même passion pour le golf et la moto.
- Pouvez-vous nous parler de sa personnalité et de ses centres d'intérêt? Etait-il un grand voyageur comme votre frère?
- Mon frère était un grand lecteur, aussi bien de livres scientifiques que de romans. L'astronomie, la physique et la philosophie l'ont toujours passionné. Mais il s'intéressait également à la politique et aux sports. Nous avions l'habitude d'échanger des pronostics pour les grands matchs de football ou les championnats de tennis. Il avait voyagé en Australie, en Afrique et aux Etats-Unis lorsqu'il travaillait pour Mercedes-Benz dans sa jeunesse mais ne possédait pas le même virus des voyages comme mon père et moi-même. Il préférait, surtout dans les dernières années, rester chez lui et mener une existence paisible et studieuse.
- Quelles étaient ses relations avec vos parents? Il partageait votre attachement au domaine royal d'Argenteuil?
- Alexandre était très attaché à notre mère et jusqu'au décès de celle-ci, il essayait de déjeuner avec elle ou en tout cas de venir la voir à Argenteuil tous les jours. Il a soutenu mes efforts pour essayer de faire du domaine d'Argenteuil un lieu de mémoire pour nos parents et a publié un joli ouvrage sur cette maison qui fut la nôtre pendant plus de 40 ans...
- Son mariage avec la princesse Léa et sa complicité avec ses enfants ont été un grand bonheur dans la vie de votre frère?
- Son mariage avec Léa a été une source de grand bonheur dans sa vie. Il aimait énormément ses deux enfants et elle a organisé autour de lui un cocon familial et un environnement chaleureux pendant 20 ans.
- En tant qu'adultes, quelle relation aviez-vous? Venait-il vous voir à Londres?
- Nous nous parlions au téléphone une ou deux fois par semaine. Il était le parrain de ma fille Alexandra et il suivait avec intérêt le développement de mes deux enfants. Quelques semaines avant sa mort, nous avions déjeuné au restaurant avec mon fils Léopoldo, et ce fut un moment de réelle complicité et d'affection entre nous trois.
- Quel a été votre dernier contact avec lui avant son décès?
- Une semaine avant sa mort, nous avons passé le week-end ensemble à Bruxelles et mes enfants ont joué dans le jardin de sa maison. Mon frère les a emmenés voir, dans la forêt, la tombe de son chien qui venait de mourir. De retour à Londres, j'ai eu le bonheur de lui annoncer par téléphone que mon mari avait été anobli par la reine d'Angleterre pour service à la science. Alexandre en était profondément heureux. Nous partagions tellement de souvenirs et nous avions l'habitude de nous raconter tellement de choses importantes ou parfois anecdotiques de notre quotidien que le vide est vraiment immense pour moi.
- Avait-il des projets pour cette année 2010?
- Il avait le projet de visiter en France la maison de Proust, l'un de ses auteurs préférés.
- Quelle image souhaitez-vous que les Belges gardent de votre frère?
- Mon frère était peu connu des Belges. Il était très réservé, timide, n'aimant ni les mondanités, ni le devant de la scène. C'était un homme intelligent, infiniment cultivé, fidèle et loyal à sa famille et ses amis, et avec un grand sens de l'humour.
- Merci Madame".
"Madame, quels sont vos premiers souvenirs avec votre frère le prince Alexandre?
- Alexandre et moi-même étions particulièrement proches. La différence d'âge entre nous (14 ans) faisait qu'il était très protecteur. Après le décès de ma mère en 2002, il assurait le rôle de grand frère, protecteur et conseiller. Mes premiers souvenirs avec lui remontent au château de Laeken où il étudiait dans une petite classe avec six autres adolescents. Toute petite, j'allais leur lancer des jouets dans la piscine afin qu'ils aillent les repêcher, et ce jeu me divertissait énormément.
- Vous parlait-il des moments de la vie de la famille royale que vous n'avez pas ou peu connus? Si oui, quels souvenirs gardait-il de toute cette période?
- Il évoquait souvent la période de l'exil en Suisse entre 1945 et 1950 dont il avait conservé des souvenirs très heureux avec ses frères et sa soeur aînée. De même que la vie à Laeken ou à Ciergnon pendant les vacances d'été où toute la famille se retrouvait autour de la même passion pour le golf et la moto.
- Pouvez-vous nous parler de sa personnalité et de ses centres d'intérêt? Etait-il un grand voyageur comme votre frère?
- Mon frère était un grand lecteur, aussi bien de livres scientifiques que de romans. L'astronomie, la physique et la philosophie l'ont toujours passionné. Mais il s'intéressait également à la politique et aux sports. Nous avions l'habitude d'échanger des pronostics pour les grands matchs de football ou les championnats de tennis. Il avait voyagé en Australie, en Afrique et aux Etats-Unis lorsqu'il travaillait pour Mercedes-Benz dans sa jeunesse mais ne possédait pas le même virus des voyages comme mon père et moi-même. Il préférait, surtout dans les dernières années, rester chez lui et mener une existence paisible et studieuse.
- Quelles étaient ses relations avec vos parents? Il partageait votre attachement au domaine royal d'Argenteuil?
- Alexandre était très attaché à notre mère et jusqu'au décès de celle-ci, il essayait de déjeuner avec elle ou en tout cas de venir la voir à Argenteuil tous les jours. Il a soutenu mes efforts pour essayer de faire du domaine d'Argenteuil un lieu de mémoire pour nos parents et a publié un joli ouvrage sur cette maison qui fut la nôtre pendant plus de 40 ans...
- Son mariage avec la princesse Léa et sa complicité avec ses enfants ont été un grand bonheur dans la vie de votre frère?
- Son mariage avec Léa a été une source de grand bonheur dans sa vie. Il aimait énormément ses deux enfants et elle a organisé autour de lui un cocon familial et un environnement chaleureux pendant 20 ans.
- En tant qu'adultes, quelle relation aviez-vous? Venait-il vous voir à Londres?
- Nous nous parlions au téléphone une ou deux fois par semaine. Il était le parrain de ma fille Alexandra et il suivait avec intérêt le développement de mes deux enfants. Quelques semaines avant sa mort, nous avions déjeuné au restaurant avec mon fils Léopoldo, et ce fut un moment de réelle complicité et d'affection entre nous trois.
- Quel a été votre dernier contact avec lui avant son décès?
- Une semaine avant sa mort, nous avons passé le week-end ensemble à Bruxelles et mes enfants ont joué dans le jardin de sa maison. Mon frère les a emmenés voir, dans la forêt, la tombe de son chien qui venait de mourir. De retour à Londres, j'ai eu le bonheur de lui annoncer par téléphone que mon mari avait été anobli par la reine d'Angleterre pour service à la science. Alexandre en était profondément heureux. Nous partagions tellement de souvenirs et nous avions l'habitude de nous raconter tellement de choses importantes ou parfois anecdotiques de notre quotidien que le vide est vraiment immense pour moi.
- Avait-il des projets pour cette année 2010?
- Il avait le projet de visiter en France la maison de Proust, l'un de ses auteurs préférés.
- Quelle image souhaitez-vous que les Belges gardent de votre frère?
- Mon frère était peu connu des Belges. Il était très réservé, timide, n'aimant ni les mondanités, ni le devant de la scène. C'était un homme intelligent, infiniment cultivé, fidèle et loyal à sa famille et ses amis, et avec un grand sens de l'humour.
- Merci Madame".
samedi 10 juillet 2010
"Le prince Charles de Belgique" (Vincent Leroy)
1° Présentation de l'auteur : passionné par l'histoire belge contemporaine, Vincent Leroy est l'auteur de cinq ouvrages ("Chroniques du règne d'Albert II", "Le poète belge Emile Verhaeren", "Le prince Charles de Belgique", "Les 70 ans de la reine Paola" et "Le prince Laurent et la princesse Claire de Belgique"). Plus d'infos sur son site personnel : www.vincentleroy.be
2° Présentation de cet ouvrage : le prince Charles de Belgique (1903-1983) était le deuxième enfant du roi Albert Ier et de la reine Elisabeth. Après sa formation militaire dans la marine britannique, il mène une vie tranquille et discrète jusqu'en 1944. Suite à la déportation du roi Léopold III en Allemagne, les Chambres réunies le nomment régent du royaume. Il exerce pendant six ans ses nouvelles fonctions avec sérieux et simplicité, et est apprécié du monde politique. Par contre, son frère lui reproche son manque de soutien durant la Question Royale. Après 1950, Charles coupe les ponts avec sa famille et se réfugie dans sa propriété de Raversijde à la côte belge, où il s'adonne à sa passion pour la peinture sous le nom de Karel van Vlaanderen. Les dernières années de sa vie sont marquées par plusieurs procès intentés par le prince et par ses expositions de peinture qui suscitent la curiosité et l'intérêt du public. Il décède en 1983 à Ostende et la Belgique organise des funérailles nationales pour son ancien régent oublié de tous.
3° Vous pouvez commander directement ce livre auprès d'Imprimages (http://www.imprimages.be/catalogue-des-livres/Catalogue/11/livres/biographie.html).
4° Comptes-rendus sur cet ouvrage :
Régine Salens : www.noblesseetroyautes.com/nr01/?p=32753
Association Royaliste de Belgique : http://royaliste.over-blog.com/article-le-prince-charles-de-belgique-de-vincent-leroy-51213484.html
Apolline Elter : http://editionsdelermitage.skynetblogs.be/post/7998711/le-prince-charles-de-belgique