Le 17 août 1914, la reine Elisabeth et ses trois enfants quittent Bruxelles pour Anvers. Le roi Albert prévoyait le siège d'Anvers et estima plus prudent d'envoyer ses enfants en Angleterre. Le 31 août à 8h du matin, ils embarquent à bord du "Jan Breydel", escorté par deux croiseurs et deux contre-torpilleurs britanniques. A Folkestone, ils prennent le train jusque Basingstoke (avec un changement à Londres) où les attend lord Curzon à qui les souverains belges allaient confier leurs enfants. Ils sont accompagnés du capitaine-commandant Max de Nève de Roden, précepteur des princes Léopold et Charles, et de Kate Hammersley, gouvernante de la princesse Marie-José.
Ancien vice-roi de l'Inde et futur membre du cabinet de guerre britannique, lord George Cruzon habite le domaine d'Hackwood (dans le Hampshire) qui contenait un millier d'hectares de forêts et de prairies. Il avait fait connaissance du couple royal belge lors de vacances à Cannes et était très honoré d'héberger leurs enfants jusque décembre 1914. Lord Curzon est veuf et a trois filles : Irène, Cynthia et Alexandra. La reine Marie-José a raconté cette anecdote : "Alexandra, appelée Sandra, la benjamine, avait notre âge. Ma rencontre avec elle fut orageuse car je soulevai son petit chien Bobby par la queue, tandis que Charles lui envoyait traîtreusement un coup de pied".
La reine Elisabeth retourne à Anvers le 7 septembre.
Comment était la vie quotidienne à Hackwood pour les trois enfants? Après le breakfast, ils avaient cours. L'après-midi était consacrée au sport avant le traditionnel thé de 17h, accompagné de gâteaux et crèmes, bien loin des restrictions que connaissaient les Belges à cette époque. Ils y vivaient plus librement qu'au château de Laeken. Le dimanche, ils assistaient à la messe à Basingstoke.
La reine Elisabeth revient en Angleterre du 26 novembre au 2 décembre 1914. C'est lors de ce séjour que l'entrée du prince Charles dans un collège est envisagée. Elle en profite pour déjeuner avec le roi George V et la reine Mary à Buckingham Palace. A Hackwood, elle explique à lord Curzon les positions de son époux et du gouvernement belge. Durant la première guerre mondiale, elle joue un rôle non négligeable car sous prétexte d'aller voir ses enfants, elle transmet des messages confidentiels du roi Albert Ier aux autorités britanniques.
Après le départ du commandant Max de Nève de Roden au front, Léopold entre au collège d'Eton et Charles est inscrit à partir de février 1915 au Wixenford College dans le Berkshire. Quant à la princesse Marie-José, elle fréquente le pensionnat pour filles des Ursulines à Brentwood jusqu'en 1917, puis l'Institut Santissima Annunziata di Poggio Imperiale à Florence afin de se familiariser avec la langue et la culture italiennes en vue de son futur mariage avec le prince héritier Umberto de Savoie...
Dans son livre "Albert et Elisabeth : mes parents", la reine Marie-José d'Italie raconte un incident provoqué par le jeune comte de Flandre : "Après le départ du commandant de Nève, mon jeune frère, livré à lui-même, provoqua la colère de mon père en assistant à un service anglican à Westminster Abbey. Tous les journaux avaient relaté cet événement et l'on voyait, sur les photos, Charles aux côtés des princes anglais. Cela choqua les catholiques. Pour la Belgique, c'était grave! Charles ne comprenait pas la fureur paternelle, car les services anglicans et catholiques lui semblaient identiques. On ne parlait pas encore d'oeucuménisme à cette époque".
Lors de l'entrée triomphale à cheval de la famille royale à Bruxelles le 22 novembre 1918, le prince Léopold était en tenue de lieutenant du 12ème de ligne et le prince Charles en cadet de la Marine britannique, une faveur des Alliés anglais.
La reine Marie-José d'Italie raconte dans ses mémoires une anecdote qui démontre la complicité qui l'unit à son frère Charles :
"Dans les années 1919 et 1920, notre grande joie était d'accompagner nos parents lors de leurs fréquents séjours à Paris et à Versailles. L'incomparable Pierre de Nolhac, alors conservateur du château, et son adjoint, le charmant Mgr Peratty, historien de Marie-Antoinette, en faisaient revivre le glorieux passé. A Versailles, mes parents avaient choisi l'Hôtel des Réservoirs plutôt que le Trianon, encore trop envahi par les délégués. C'est dans cet hôtel qu'eut lieu le petit fait suivant qui prit, à nos yeux d'enfants, une grande importance, privés que nous étions en Belgique de gâteries alimentaires. Un soir, Charles et moi, voyant nos parents sortir en grande tenue, en profitâmes pour nous commander tout ce qu'il y avait sur la carte de plus succulent et, avouons-le, de plus cher. Etrange menu : les huîtres avoisinaient avec le caviar qui était dégusté avec des asperges à la sauce hollandaise, et la glace au chocolat ; le tout arrosé de champagne. Mais à peine avions-nous commencé le festin que, pour une raison que nous ne saurons jamais, la porte s'ouvrit et quelle ne fut pas notre stupeur d'y voir réapparaître nos parents! Ils ne dirent pas un mot, s'assirent, dégustèrent de tout sans nous regarder...et ce fut fini. Ravis de ne pas avoir été grondés, nous n'en restâmes pas moins, Charles et moi, sur notre faim!".
Au terme de la conférence de paix de Paris, le ministre grec Venizélos demande en 1919 au roi Albert Ier et au ministre belge Hymans si le trône de Grèce intéresserait le prince Charles. Il estimait que la famille royale grecque s'est discréditée par son comportement durant la première guerre mondiale. Sans en parler à son fils, le souverain refuse cette proposition. Il ne voulait prendre aucun risque car notre dynastie ne comptait en 1919 que deux successeurs au trône (Léopold et Charles).
Après la première guerre mondiale, Albert Ier et ses sœurs les princesses Joséphine et Henriette discutent de l'avenir du château des Amerois dans les Ardennes, seconde résidence de leurs défunts parents le comte et la comtesse de Flandre qui est sous séquestre. Les deux sœurs rappellent au Roi que le souhait de leur mère était de laisser à son petit-fils, le prince Charles, qui porte le titre de comte de Flandre, une part plus importante de son héritage, le palais de la rue de la Régence à Bruxelles et le château des Amerois, pour perpétuer les traditions de leur Maison. La comtesse Marie estimait que son autre petit-fils, le futur Léopold III, aurait suffisamment de propriétés à sa disposition (palais royal de Bruxelles, châteaux de Laeken et Ciergnon, villa royale d'Ostende) et que les princesses de Belgique épousent des princes étrangers et quittent donc le sol belge.
Le roi Albert Ier ne respecte pas la volonté de sa mère la comtesse de Flandre car il craint que cet arrangement ne soit perçu comme un moyen détourné de soustraire le château au séquestre et car il connaît quelques soucis financiers. En effet, il a déjà vendu le palais de la rue de la Régence pour créer des ressources suffisantes à la Liste Civile qui ne parvient plus à payer toutes les dépenses de la Cour. Le château des Amerois est donc finalement vendu en 1923 pour la somme de sept millions de francs belges.
La princesse Clémentine de Belgique (fille cadette du roi Léopold II) aimait beaucoup Charles et l'emmenait avec son fils le prince Louis Napoléon faire du char à voile sur la plage de La Panne. Elle a écrit à son sujet : "Il possède l'intelligence et l'humour caustique des Saxe-Cobourg, mêlé à la sensibilité des Wittelbach, mais il se montre plus fantaisiste et moins raisonnable que Léopold".
Après la public school de Winchester, le prince Charles suit différentes formations au sein de la Marine Britannique de 1917 à 1926. Malgré la discipline de fer, il s'y plaît bien. Suite à une autorisation du roi George V (car Charles n'a pas la nationalité britannique), il entre en février 1917 au Naval College d'Osborne, avant d'être inscrit en septembre 1918 comme cadet au Royal Navy College de Darmouth. Un congé spécial lui est accordé pour participer avec sa famille à la Joyeuse Entrée à Bruxelles le 22 novembre 1918.
En décembre 1920, Charles passe l'examen final du collège de Darmouth. Un mois plus tard, il embarque à bord du navire de guerre "HMS Téméraire" pour une mission en Méditerranée du 4 janvier au 11 avril 1921. Albert Ier assiste à son embarquement à Portsmouth et demande que son fils ne bénéficie d'aucun traitement de faveur. Un autre voyage l'emmène en Norvège à bord du "HMS Thunderer Spithead". Le prince de Galles (futur Edouard VIII) l'invite à l'accompagner en Inde et au Japon, où le comte de Flandre rencontre la famille impériale.
En 1923, Charles est engagé sur le "Barham", un navire de la flotte atlantique. Il séjourne ensuite discrètement en 1924 plusieurs mois en Suisse pour suivre un traitement au sanatorium Victoria. Dans sa biographie du prince, Gunnar Riebs émet l'hypothèse d'une sciatique apparue suite à un muscle forcé en manipulant un levier. Il évoque aussi une nourriture déficiente lors de ses années passées à la Royal Navy. Au début de l'année 1925, Charles reprend au Royal Navy College de Greenwich une formation technique et scientifique du niveau de l'Ecole Royale Militaire de Bruxelles.
Dans les années 20, le prince Charles passe également plusieurs semaines chez sa tante et marraine la princesse Henriette de Belgique (épouse du prince Emmanuel d'Orléans, duc de Vendôme) au château de Tourronde, près d'Evian, qu'elle avait acheté en 1922. Dans son livre "Henriette, duchesse de Vendôme" paru aux éditions Racine, l'historienne Dominique Paoli raconte ce séjour du comte de Flandre :
"Henriette sait que son filleul s'entend très mal avec ses parents. Aussi n'est-elle qu'à moitié étonnée lorsqu'un jour, elle le voit arriver inopinément à Tourronde, où il est venu chercher refuge. La situation est délicate, le prince s'étant enfui du palais. Il ne faut pas froisser ni le père, ni le fils. Prévenu, le Roi adresse immédiatement une lettre à sa sœur pour lui demander officiellement si elle veut bien recevoir Charles. Ce problème réglé, le séjour à Tourronde va durer plusieurs semaines. Une merveilleuse occasion pour le jeune prince de confier ses états d'âme à sa marraine dont il connaît le caractère altruiste et affectueux : il se sent mal aimé, négligé par sa mère qui s'intéresse surtout à Léopold, l'aîné. Il se sent traité en domestique par le futur roi. S'estimant victime d'une terrible incompréhension, il s'est cabré, car il tient à ses idées et s'est révolté contre ses parents".
En avril 1926, il quitte le Royal Naval War College de Greenwich avec le grade de lieutenant de vaisseau honoraire de première classe, et rentre en Belgique après douze années passées en Grande-Bretagne.
(à suivre...)
sources :
- de Belgique Marie-José, "Albert et Elisabeth de Belgique : mes parents", éditions Le Cri, 1999
- EMMERY Rien, "Charles de Belgique (1903-1983)", éditions Racine, 2008
- LEROY Vincent, "Le prince Charles de Belgique", éditions Imprimages, 2007
- RIEBS Gunnar, "Charles, comte de Flandre, prince de Belgique, régent du royaume", éditions Labor, 2004
lundi 25 mai 2015
lundi 18 mai 2015
L'enfance du prince Charles de Belgique
Ne souhaitant pas vivre au palais de la rue de la Régence des comtes de Flandre, le prince Albert et la princesse Elisabeth louent l'hôtel d'Assche à Bruxelles de 1901 à leur accession au trône. L'hôtel d'Assche était situé rue de la Science dans le Quartier Léopold. C'est là que naît le 10 octobre 1903 leur fils cadet le prince Charles-Théodore, Henri, Antoine, Meinrad de Saxe-Cobourg-Gotha, prince de Belgique et futur régent du royaume. 101 coups de canon sont tirés. Il reçoit le prénom de son grand-père maternel, mais est très vite appelé Charles au lieu de Charles-Théodore. A sa naissance, il ne portait pas le titre de comte de Flandre qui appartenait à son grand-père paternel Philippe, décédé en 1905 d'une congestion cérébrale.
Dans leur livre "Albert Ier insolite" paru en 1984, Jo et Hervé Gérard présentent les trois enfants du couple princier : "Léopold naît en 1901 et sera un petit garçon sérieux, têtu, assez renfermé, très sensible sous ses dehors de sportif plutôt taciturne. Il étudie avec un acharnement silencieux. Il collectionne les bonnes notes, tandis que son frère Charles, né en 1903, se révèle fantaisiste, gai, blagueur même et doué d'une intelligence rapide, pénétrante. En 1906, les deux garçons se penchent sur un berceau où s'agite leur sœur Marie-José dont ils admirent l'abondante chevelure et l'incontestable vivacité".
Malgré la naissance de ses trois enfants, la princesse Elisabeth s'ennuie en Belgique dans les premières années de son mariage, supporte mal le climat pluvieux du pays et a des relations très froides avec ses beaux-parents. Elle connaît de nombreux problèmes de santé et fait de fréquents voyages à l'étranger, ce qui alimente les rumeurs de mésentente au sein du couple princier.
Lorsque la princesse Elisabeth est en voyage, son époux lui raconte la vie quotidienne à Bruxelles. Ces trois extraits de lettres témoignent que leur fils cadet leur cause déjà beaucoup de soucis :
"Pour te donner quelques nouvelles d'ici, je te dirai que les enfants vont très bien, que la petite a gagné trois cent grammes, que les leçons de Léopold sont en progrès et que Charles est très désobéissant. Hier, je lui ai donné une raclée".
"Les enfants sont magnifiques, en excellente santé, gais, contents de l'existence, la petite a une mine splendide, elle est superbe et marche déjà comme une enfant de deux ans, le second est un vrai diable qui s'enorgueillit devant moi de ses prouesses".
"L'aîné gagne beaucoup, il me semble qu'il se fortifie, les études marchent bien. Au contraire, le second se montre indiscipliné et extrêmement paresseux. C'est contre lui que se tourne maintenant la colère de Plas, appelé Baloo".
En 1909, le roi Léopold II décède. La veille de sa prestation de serment, Albert Ier a des doutes sur ses capacités et ne veut pas monter sur le trône. Son épouse usera de tout son pouvoir d'influence pour le faire changer d'avis. Elisabeth est très fière d'être la troisième reine des Belges et son nouveau statut lui fait aimer la Belgique. Elle s'investit dans le domaine social et la culture.
Quelques jours avant le décès de Léopold II, Charles perd son grand-père maternel, le duc Charles-Théodore en Bavière, ophtalmologue de renom, qui meurt le 30 novembre 1909 dans les Alpes bavaroises. Il a transmis à sa fille Elisabeth son esprit anticonformiste, son amour de la musique, son intérêt pour la médecine et son scepticisme face à la religion.
Le 31 janvier 1910, le prince Charles est titré comte de Flandre par son père. En tant que fils aîné du nouveau souverain, le prince Léopold porte, lui, le titre de duc de Brabant.
Sur recommandation de l'ingénieur Emile Waxweiler, Albert avait choisi, après une heure d'entretien, Vital Plas comme instituteur de ses deux fils. Issu de la classe populaire, il avait été formé à l'Ecole Normale Charles Buls de la Ville de Bruxelles et il s'exprimait avec un solide accent bruxellois. C'était un anticlérical, un franc-maçon et un défenseur de l'enseignement officiel et laïc. Cette désignation entraîna la stupeur et le mécontentement du cardinal Mercier et des cercles catholiques de la capitale... Mais Vital Plas gagna l'affection de ses élèves Léopold et Charles qui le surnommaient Baloo, l'ours du "Livre de la Jungle".
La reine Marie-José évoque Vital Plas dans son livre "Albert et Elisabeth : mes parents" : "Vital Plas, le professeur de mes frères, était un petit homme rondelet aux yeux en boule de loto. Il leur apprenait maintenant l'histoire selon la théorie basée sur les chiffres que les disciples du major du génie Bruck, mort en 1870, enseignaient à l'Ecole Royale Militaire avec succès. Théorie mise par Plas à la portée des enfants pour apprendre à calculer et donc à prévoir, d'après les courants telluriques, le rythme des époques d'apogée et de décadence de l'humanité. Nous ne nous retrouvions tous les trois qu'à l'heure des repas à la table familiale. Souvent puni, l'un ou l'autre prenait sa collation seul à un petit guéridon en tournant le dos à l'assistance! Une fois, Charles resta ainsi relégué pendant quinze repas. Il avait répété à son professeur de violon un propos imprudent de son précepteur musicophobe : "N'importe quel balayeur de rue vaut mieux qu'un musicien". Cela avait provoqué un véritable drame dans ces murs où la musique était sacro-sainte".
La reine Marie-José raconte également l'éducation musicale dispensée par la reine Elisabeth à ses trois enfants : "Très tôt, ma mère nous fit assister aux séances de musique qu'elle donnait chez elle. On voulait nous apprendre à écouter. Pendant ces séances, nous devions être recueillis et surtout ne pas bouger. Immobilité d'autant plus difficile à supporter que le velours des fauteuils nous grattait les jambes. Mes frères prenaient des leçons de piano avec un professeur du Conservatoire de Bruxelles. Léopold, non sans effort, parvint à jouer une sonatine de Diabelli ; durant l'exécution, il levait tellement les coudes qu'on eût dit un hanneton sur le point de s'envoler. Charles délaissa le piano pour le violon qu'il travailla avec Deru. Cependant, tous deux, trop absorbés par leurs études, abandonnèrent bientôt la musique".
Une grande complicité unissait le prince Charles à sa sœur Marie-José comme cet extrait de son livre en témoigne : "Mon frère Charles et moi étions les enfants terribles de la famille. Léopold avait déjà l'esprit plus pragmatique. Je me souviens qu'avec mon frère cadet, nous partions en secret, bougie à la main, explorer les fameux souterrains du château de Laeken à la recherche d'un mystérieux trésor. Le roi Léopold II avait, en effet, la curieuse manie de faire construire dans la plupart de ses résidences ces étranges souterrains et rotondes rehaussés de colonnes. Dans le parc, nous avions aussi découvert l'amorce d'un grand tunnel destiné à amener le train royal jusqu'au château. Les travaux avaient été interrompus par la mort du souverain. Nous y pénétrions le plus loin possible mais sans jamais rien découvrir...".
Dans sa biographie de la reine Elisabeth, Evrard Raskin a écrit : "Pourquoi prétendre qu'Elisabeth désavantage Charles au profit de Léopold? Charles est un enfant paresseux, indiscipliné et peu affable. Les bonnes d'enfant ne le supportent pas. Ses professeurs ne l'apprécient pas non plus. Ses bulletins fourmillent de remarques négatives. Il faut donc intervenir régulièrement. Albert lui administre même des punitions corporelles. Mais rien n'y fait. Elisabeth est déçue par Charles, tandis que Léopold est actif, charmant et conscient de ses obligations (...) Ses parents auraient dû se soucier davantage de leur enfant à problèmes et moins pousser Léopold en avant. La reine Elisabeth, quant à elle, aurait dû accorder moins d'importance à ses sentiments esthétiques et montrer autant d'amour au vilain petit canard Charles qu'au beau et imposant Léopold".
Le prince Charles participe de temps en temps à des événements publics comme le 21 mai 1912 lorsqu'un cortège constitué de cinq calèches quitte le palais royal de Bruxelles pour se rendre à une exposition de chevaux dans le hall du Cinquantenaire. Le roi Albert, la reine Elisabeth, la comtesse Marie de Flandre (qui meurt inopinément le 26 novembre 1912) et le prince Charles y ont pris place et sont chaleureusement applaudis tout au long du parcours. Un an plus tard, en 1913, Charles accompagne son père et son frère Léopold à l'inauguration du Musée des Beaux-Arts de Mons. Composé de cinq salles, il répondait aux critères du début du 20ème siècle et permettait de présenter 200 œuvres sur trois niveaux superposés.
Le 28 juin 1914, le roi Albert Ier visite l'Exposition Nationale Suisse à Berne lorsqu'il apprend l'assassinat à Sarajevo de l'archiduc François Ferdinand d'Autriche et de son épouse Sophie par un extrémiste serbe. Cet événement va provoquer la première guerre mondiale qui a perturbé la vie du prince Charles et de sa famille.
Début août, l'Allemagne lance un ultimatum obligeant la Belgique à laisser passer ses troupes pour attaquer la France. Réunis par le Roi au palais royal, les ministres du Conseil de la Couronne refusent et répondent que si la neutralité de notre pays est violée, l'armée repoussera l'invasion ennemie. Le 4 août, les soldats allemands pénètrent sur le territoire belge.
La reine Marie-José a laissé son témoignage de ces heures pénibles : "Naturellement, je ne vis presque pas mes parents ces jours-là. Mon père présidait des séances qui se prolongeaient tard dans la nuit. De ma chambre, j'entendais un continuel va-et-vient de voitures. Tout le monde paraissait sombre mais on ne me racontait rien. Seul Léopold se donna la peine de m'expliquer que les soldats belges étaient envoyés à la frontière pour arrêter les Allemands qui voulaient entrer dans notre pays. Le 4 août, à 10h du matin, mon père à cheval, entouré de son état-major, se rendit au Parlement et nous l'y rejoignîmes en calèche. Le visage de ma mère et celui de Léopold reflétaient une expression de profonde gravité. Charles et moi ne comprenions qu'à moitié cette tragique situation ; cependant, nous restâmes sages. Mon père apparut à la tribune, calme et très beau en uniforme de campagne bleu foncé".
Le 17 août, la reine Elisabeth et ses trois enfants quittent Bruxelles pour Anvers. Le roi Albert prévoyait le siège d'Anvers et estima plus prudent d'envoyer ses enfants en Angleterre.
A suivre : les années britanniques du prince Charles
Bibliographie :
- de BELGIQUE Marie-José, "Albert et Elisabeth de Belgique : mes parents", éditions Le Cri, 1999
- EMMERY Rien, "Charles de Belgique (1903-1983)", éditions Racine, 2008
- LEROY Vincent, "Le prince Charles de Belgique", éditions Imprimages, 2007
- RIEBS Gunnar, "Charles, comte de Flandre, prince de Belgique, régent du royaume", éditions Labor, 2004
lundi 4 mai 2015
Activités royales en avril 2015
8 audiences pour le Roi : le premier ministre Charles Michel (reçu 2 fois), le ministre de la Défense Steven Vandeput, ainsi que les ambassadeurs de Jordanie, Libéria, Sud-Soudan, Cap Vert et Panama.
14 activités officielles pour le Roi : visite de travail à la base militaire de Beauvechain, visite de la Cour Constitutionnelle, dîner de gala pour les 75 ans de la reine Marghrete de Danemark, visite du Conseil de l'Europe à Strasbourg, visite de la Cour Européenne des Droits de l'Homme à Strasbourg, visite de l'Eurocorps à Strasbourg, commémoration de la première guerre mondiale à Ypres, commémoration de la première guerre mondiale à Langemark-Poelkapelle, dîner du sommet Benelux, visite du centre de jeunes Loco-Motive à Bruxelles, visite du Centre Pôle Nord à Bruxelles, visite du Centre National de Football de Tubize, visite de l'entreprise Euro Heat Pipes à Nivelles, réception à la maison communale de Nivelles.
13 activités officielles pour la Reine : présentation de l'annuaire fédéral "Pauvreté en Belgique - 2015", dîner de gala pour les 75 ans de la reine Marghrete de Danemark, visite du Conseil de l'Europe à Strasbourg, visite de la Cour Européenne des Droits de l'Homme à Strasbourg, visite de l'Eurocorps à Strasbourg, monologue théâtral "Missie" de David Van Reybrouck, remise du Prix Inbev-Baillet-Latour de la Santé 2015, visite de l'Œuvre Fédérale les Amis des Aveugles à Ghlin, colloque "L'avenir de l'aide alimentaire en Belgique", 25ème anniversaire de Make a Wish Belgium, visite du Centre National de Football de Tubize, visite de l'entreprise Euro Heat Pipes à Nivelles, réception à la maison communale de Nivelles.
2 activités officielles pour le roi Albert II : 30ème anniversaire du Fonds Prince Albert, visite de l'exposition Eddy Merckx-Jacky Ickx.
1 activité officielle pour la reine Paola : forum "Ecole de l'Espoir" de la Fondation Reine Paola.
4 activités officielles pour la princesse Astrid : 30ème anniversaire du Fonds Prince Albert, 75ème anniversaire de l'Institut Bordet, pièce de théâtre organisé par l'asbl Fistul Aid, visite de l'entreprise Cand'Art à Bilzen.
0 activité officielle pour le prince Lorenz
7 activités officielles pour le prince Laurent : découverte des projets de développement durable de l'Université de Mons, visite de l'exposition Anne Franck à Stavelot, réouverture officielle de la Zimmertoren à Lier, spectacle de Bruno Coppens au profit de l'asbl Les Fauteuils Volants, Défil'Eco à Liège, réception à l'ambassade de Grande-Bretagne pour l'anniversaire d'Elisabeth II, Africa-Belgian Business Week 2015.
4 activités officielles pour la princesse Claire : visite de l'exposition Anne Franck à Stavelot, spectacle de Bruno Coppens au profit de l'asbl Les Fauteuils Volants, Défil'Eco à Liège, réception à l'ambassade de Grande-Bretagne pour l'anniversaire d'Elisabeth II.
Récapitulatif des activités officielles de janvier à mai (source : www.monarchie.be) :
Roi : 52 activités officielles + 54 audiences
Princesse Astrid : 59 activités officielles
Reine : 58 activités officielles
Prince Laurent : 31 activités officielles
Princesse Claire : 12 activités officielles
Roi Albert II et Reine Paola : 11 activités officielles
Prince Lorenz : 4 activités officielles