Agé de 38 ans, Brieuc Van Damme a succédé, le 1er mai dernier, à Luc Tayart de Borms comme nouvel administrateur délégué de la Fondation Roi Baudouin. Il a effectué des études d'économie à l'UNamur, à la KULeuven et au Collège d'Europe, et a ensuite travaillé au sein des cabinets de Vincent Van Quickenborne et Maggie De Block.
Ce week-end, Brieuc Van Damme a répondu aux questions du groupe "L'Avenir" :
"En quoi consiste votre job d'administrateur délégué de la Fondation Roi Baudouin ?
- J'aime comparer la Fondation Roi Baudouin au vaisseau spatial de Star Trek, qui allait à la recherche de peuples oubliés et de causes perdues dans la galaxie. Je pense que c'est le rôle que la Fondation devrait jouer dans le futur. Ou du moins il serait intéressant d'accentuer cet aspect. Dans Star Trek, ce vaisseau est aux commandes du capitaine Kirk qui ouvrait chaque épisode avec cette phrase : "Aller, avec audace, là où personne n'est allé auparavant". C'est un peu de cette façon que j'envisage ma fonction. Mon rôle, en tant qu'administrateur délégué, est de faire en sorte que tous ces gens hyper compétents et motivés par l'idée de servir l'intérêt général, au sein de la Fondation, prennent des risques. L'idée étant d'aller là où notre valeur ajoutée est la plus importante.
- Quelles sont vos priorités pour les années à venir ?
- En 2026, nous fêterons les 50 ans de la Fondation Roi Baudouin. D'ici là, je souhaite renforcer la structure afin que nous soyons encore plus efficaces et percutants. Cela passe par des changements en termes de numérisation, de ressources humaines, p.ex. L'objectif est de renforcer la base pour avoir plus d'impact sur la société.
- Accompagner la croissance de la Fondation sera également un défi de taille.
- Pour l'instant, nous avons 1.200 fonds actifs. Certaines personnes ont déjà indiqué vouloir un fonds au moment de leur décès. On parle de 1.200 fonds supplémentaires. Nous allons donc probablement doubler en taille vers 2030-2035. Cela demande donc des aménagements en termes d'organisation interne.
- De l'enseignement à la lutte contre la pauvreté, en passant par le climat, les projets soutenus par la Fondation Roi Baudouin sont multiples. Quelles orientations vous tiennent particulièrement à coeur ?
- Nous vivons des temps volatils, incertains. Dans ce contexte, beaucoup de personnes vont décrocher. La pauvreté, l'accès aux services de base, l'énergie sont des sujets de préoccupation importants. Il faut être là pour ces personnes qui ont le sentiment d'être oubliées et qui ne parviennent plus à suivre. Je pense qu'il faut aller sur le terrain, montrer à ces gens que nous sommes là. Et ainsi changer l'image de la Fondation Roi Baudouin qui peut paraître un peu élitiste. J'espère pouvoir faire la différence à ce niveau-là.
- Avez-vous réellement une influence sur les projets soutenus par les donateurs et philanthropes ?
- Concrètement, la Fondation dispose d'un budget de 160 millions d'euros par an. Les 4/5èmes de cette somme proviennent de toutes sortes de fonds. La Fondation Roi Baudouin a un droit de veto si les projets ne rentrent pas dans le cadre. Mais en soi, tout cela est porté par les donateurs et philanthropes. Par contre, il reste un cinquième de ces 160 millions d'euros. Et c'est avec cet argent, cette enveloppe propre à la Fondation, que nous pouvons essayer d'aller là où personne ne va vraiment, ou renforcer des initiatives existantes. Cela dit, on peut aussi essayer de convaincre les philanthropes. Ils sont libres de faire ce qu'ils veulent de leur argent, bien sûr, mais nous pouvons tout de même les orienter dans leurs choix.
- Avez-vous un exemple concret de projet soutenu par la Fondation Roi Baudouin sur son enveloppe propre ?
- Je pense au projet Boost qui permet de donner des outils à des jeunes issus de milieux défavorisés, et qui présentent un énorme potentiel, notamment pour envisager des études supérieures. Certains fonds vont déjà financer ce projet, mais nous y ajouterons nos propres moyens pour vraiment avoir cet effet levier".