Née en 1876 au château de Possenhofen, Elisabeth est la fille du duc Charles-Théodore en Bavière, ophtalmologue de renom, et de l'infante Marie-José du Portugal. Sa marraine n'est autre que sa tante l'impératrice Elisabeth d'Autriche, la célèbre "Sissi". Elle effectue ses études au pensionnat Saint-Joseph à Zandberg, parle l'allemand, le français et l'anglais, et apprend le piano et le violon.
Lors des funérailles de sa tante la duchesse d'Alençon à Paris, Elisabeth rencontre le prince Albert de Belgique, neveu et héritier du roi Léopold II. Le mariage a lieu en 1900 en Bavière. Malgré la naissance de ses trois enfants (Léopold, Charles et Marie-José), la princesse s'ennuie en Belgique dans les premières années de son mariage, supporte mal le climat pluvieux et a des relations très froides avec ses beaux-parents le comte et la comtesse de Flandre. Elle connaît de nombreux problèmes de santé et fait de fréquents voyages à l'étranger, ce qui alimente les rumeurs de mésentente au sein du couple princier.
En 1909, le roi Léopold II décède. La veille de sa prestation de serment, Albert Ier a des doutes sur ses capacités et ne veut pas monter sur le trône. Son épouse usera de tout son pouvoir d'influence pour le faire changer d'avis. Elisabeth est fière d'être reine et son nouveau statut lui fait aimer la Belgique.
Durant la première guerre mondiale, ils choisissent de rester auprès de l'armée belge derrière les tranchées de l'Yser, ce qui les fait entrer dans la légende ("le Roi Chevalier" et "la Reine Infirmière"). Leurs enfants poursuivent leurs études en Grande-Bretagne et en Italie. Elisabeth apporte régulièrement son soutien aux soldats et blessés, et fonde l'Orchestre symphonique de l'armée de campagne, mais, contrairement à ce que prétend la littérature hagiographique de l'époque, elle ne travaillait pas tous les jours comme infirmière à La Panne. La Reine joue également un rôle politique : sous prétexte d'aller voir ses enfants, elle transmet des messages confidentiels de son époux aux autorités britanniques.
Après la guerre, la Reine multiplie seule ou avec son mari les voyages à travers le monde. Elle assiste en 1922 à l'ouverture du tombeau de Toutankhamon et soutient la création de la Fondation égyptologique Reine Elisabeth. Elle est aussi à l'origine de la Fondation Médicale Reine Elisabeth et du Fonds Reine Elisabeth pour l'Assistance Médicale aux indigènes du Congo belge. Son intérêt pour la médecine lui vaut de se voir attribuer le titre de docteur honoris causa de plusieurs universités et de membre d'honneur de l'Académie Royale de Médecine de Belgique. La Reine convainc les responsables politiques de construire le palais des Beaux-Arts de Bruxelles, dû à l'architecte Victor Horta et inauguré en 1928.
Le roi Albert Ier fait une chute mortelle en 1934 lors d'une après-midi d'escalade à Marche-les-Dames. Elisabeth n'est plus la Première Dame de Belgique et se retire au profit de sa belle-fille. Suite au décès de la reine Astrid en août 1935, elle revient à l'avant-plan et reprend toutes ses activités. Elle consacre également plus de temps à ses petits-enfants orphelins (Joséphine-Charlotte, Baudouin et Albert) qu'elle n'en a accordé à ses propres enfants.
A la fin des années 30, elle soutient la création de l'Orchestre National de Belgique, du Concours Musical International Eugène Ysaye (rebaptisé plus tard du prénom de la souveraine), de la Bibliothèque Royale Albert Ier de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, construite près d'Argenteuil sur un terrain offert par le baron Paul de Launoit.
Durant la deuxième guerre mondiale, Elisabeth reste au château de Laeken. Elle est surveillée par les Allemands mais peut circuler librement en Belgique et à l'étranger. Elle appelle Lilian Baels pour distraire son fils le roi Léopold III déprimé après la capitulation. Le couple se marie en 1941. On a souvent écrit que la reine Elisabeth avait sauvé des prisonniers politiques et des juifs de la déportation, mais les différentes sources consultées par l'auteur se contredisent et ne permettent pas d'affirmer avec certitude que ses protestations atteignaient leur but.
En juillet 1944, le roi Léopold III, son épouse et leurs quatre enfants sont déportés en Allemagne. La reine Elisabeth reste en Belgique qui est libérée par les Alliés en septembre. Lors de la Question Royale, elle soutient son fils aîné, mais pas publiquement pour ne pas gêner l'action de son fils cadet Charles, régent du royaume, avec qui elle a des relations difficiles. En 1951, Léopold III abdique au profit de Baudouin et Elisabeth s'installe au château du Stuyvenbergh jusqu'à sa mort.
Au cours de sa vie, la reine Elisabeth a été l'amie de nombreux artistes, scientifiques ou écrivains avec qui elle correspond régulièrement : Jean Cocteau, Yehudi Menuhin, Albert Einstein, Pablo Casals, Albert Schweitzer, Colette, Emile Verhaeren, Eugène Ysaye, Maurice Maeterlinck, ... Dans les années 50, elle assiste aux premiers mariages de ses petits-enfants et devient arrière-grand-mère. Ayant toujours eu de la sympathie pour les régimes de gauche, elle entreprend à la fin de sa vie des voyages officiels dans des pays communistes (Pologne, U.R.S.S., Yougoslavie et Chine) qui lui valent le surnom de "reine rouge" et la colère du gouvernement belge. Elle soutient différentes initiatives en faveur de la paix durant la guerre froide entre l'Ouest et l'Est. La Reine décède d'une crise cardiaque en 1965 à l'âge de 89 ans au château du Stuyvenbergh.
"Elisabeth de Belgique : une reine hors du commun" d'Evrard Raskin, éditions Luc Pire, 2006
Qu'on l'aime ou pas, une grande dame! Et, si j'en juge par le choix de ses amis artistes, pas étouffée par les conventions!
RépondreSupprimerElle a été aussi l'amie de mon arrière-grande-tante la pianiste Brigitte Verschuere. Cette dernière a été 1er prix de piano de Belgique
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