mardi 8 décembre 2009

Le décès du prince Alexandre de Belgique

                         
                   
Le dimanche 29 novembre 2009, alors qu'il faisait sa gymnastique comme tous les jours dans sa résidence de Rhode-Saint-Genèse, le prince Alexandre est terrassé par une embolie pulmonaire foudroyante. C'est son beau-fils Renaud qui l'a retrouvé, allongé au sol entre le vélo d'appartement et le tapis roulant. Ayant reçu une formation de secouriste, il lui pratique immédiatement un massage cardiaque. Les secours arrivent très rapidement, mais rien n'y fait. Le prince avait 67 ans.

Dès l'annonce du décès par le Palais, les hommages se multiplient. En voici quelques-uns que j'ai repris dans la presse écrite.

Comte Michel Didisheim : "Je ne l'ai pas beaucoup connu lorsque je travaillais au palais. Chacun sait qu'il y avait à l'époque un froid entre Laeken et Argenteuil. Dès cet instant, on n'a plus vu les enfants de la princesse Lilian dans l'entourage du Roi. Jusqu'à la mort de Léopold III. Après, çà s'est un peu arrangé. Mais d'une manière générale, le prince Alexandre gardait de meilleurs rapports avec Albert et Paola qu'avec Baudouin. Mais, pour le peu que je l'ai connu, c'était un homme très raffiné, vraiment intelligent, gentil, très discret, quasiment effacé".

Anne Quevrin : "Il n'habitait pas très loin de chez moi. Il se promenait souvent avec son fidèle teckel dans la forêt de Soignes toute proche. Je peux vous dire qu'il suivait l'actualité belge de très près. Il était très discret et très soucieux de l'avenir de la Belgique. Il ne voulait pas faire d'ombrage à la famille royale. Il menait une vie toute simple dans sa propriété assez discrète. C'était quelqu'un de très humain".

Le baron Jean-Louis van den Branden : "Je le voyais assez souvent. C'était un homme sympathique, intelligent, profondément humain et d'une formidable culture générale. Le prince n'était pas un homme qui sortait beaucoup au théâtre ou à l'opéra. Il était plutôt confiné dans son intérieur : un homme de bibliothèque. La chose politique l'intéressait certainement, mais il était surtout très au courant de ce qui se passait dans le monde. Dans sa jeunesse, il a entrepris des études de médecine qu'il n'a pas terminées. C'est qu'il ne terminait jamais ce qu'il commençait. Plus tard, on lui a confié certaines missions. Ce n'était pas non plus sa tasse de thé. Au fond, il n'avait qu'une envie : qu'on lui fiche la paix. Et çà, ce n'était pas forcément quelque chose qui était lié à sa position. Le prince Charles avait déjà ce même trait de caractère. Et je crois qu'on n'aurait jamais entendu parler du prince Alexandre s'il n'avait pas épousé Léa Wolman en 1991. Elle a fait énormément pour le sortir de sa réserve et lui permettre de mener une vie ouverte".

Stéphane Bern : "Sans faire de la psychologie à la petite semaine, je pense qu'il a eu une enfance assez difficile. Il vouait une admiration profonde à ses parents, il souffrait des critiques adressées à son père, puis à sa mère. La princesse de Réthy était assez dure avec lui, elle voulait régenter la vie de ses enfants. Par exemple, elle ne voulait pas qu'il ait de chien. Il n'était pas misanthrope, mais il sortait peu, était très discret. J'ai une image de lui dans son chalet à Crans Montana, avec son petit teckel à poil dur. Pour ne rien vous cacher, j'ai le même. Et je pense qu'il m'a considéré pour çà et pas pour le métier que je fais, par exemple. Il aimait les gens pour eux-mêmes. C'est un homme qui n'a jamais prêté le flanc au scandale, même quand il était attaqué. Il prenait les flèches empoisonnées comme autant de morsures. Parfois, je l'observais et je me disais : "Quelle meurtrissure...". Je sais aussi qu'il était très affecté par tout ce qui peut se dire et qui met en péril l'unité de la Belgique. Sur les colliers de ses chiens, il y a des drapeaux belges! C'était quelqu'un d'un autre temps. L'an dernier, lors de la présentation du livre de son épouse, il était en retrait, très touché par les compliments que l'on faisait à la princesse Léa. Il était loyal, touchant. C'était un gentilhomme d'une autre époque".

A côté de toutes ces louanges, il faut noter la réaction de l'écrivain belge Pierre Mertens contre lequel la princesse Lilian et son fils le prince Alexandre avaient intenté un procès en 1995 pour son livre "Une paix royale" : "Alexandre me faisait plutôt l'effet d'un figurant, méfiant, et plus en retrait qu'effacé. C'est ainsi que je le ressentais. Pour moi, c'était un figurant mais à la figuration intelligente face à la tragédie de son enfance qui est là, en filigrane. Je crois que tant lui que Lilian étaient à l'époque mal entourés et mal conseillés. Je ne retranche rien à mes propos. D'ailleurs, les passages le concernant n'étaient que des passages de transition, des chevilles en termes littéraires. Si vous saviez ce que j'ai entendu sur lui, au sein même des plus hautes autorités de l'UCL. On tente de le présenter aujourd'hui comme un bienfaiteur à la tête de fondations. Ce n'est pas le moment de flétrir la réputation du défunt dont il faut se souvenir de la part d'enfance, cruciale, de sa naissance à la prise de conscience. Je crois qu'avec ce procès, il s'est infligé une peine inutile car mes intentions visaient à faire comprendre sa vie et celle de son père, par ailleurs très bon ethnologue et explorateur, pas à leur nuire".

A la télévision, les émissions "Place Royale" (RTL-TVI) et "C'est du belge" (RTBF) lui rendent un long hommage. Un an auparavant, le prince Alexandre avait exceptionnellement accepté de répondre à quelques questions d'Anne Quevrin pour "Place Royale", à l'occasion des 25 ans du décès du roi Léopold III pour lequel il avait une grande admiration. Au printemps 2009, il avait autorisé une équipe de "C'est du belge" à le suivre lors de sa visite de la villa "Le Reposoir" au bord du lac Léman en Suisse, où la famille royale vécut en exil de 1945 à 1950. Le prince confia qu'il gardait de cette période le souvenir des difficultés sur le plan politique d'une part, et d'une vie familiale très heureuse loin du protocole de la Cour d'autre part.

Le roi Albert, les reines Paola et Fabiola, les princesses Astrid et Marie-Esméralda, entre autres, se rendent à Rhode-Saint-Genèse pour présenter leurs condoléances à la princesse Léa. La famille royale ne prend pas officiellement le deuil, mais le Roi annule toutes ses audiences jusqu'à l'enterrement de son demi-frère. Un registre de condoléances est ouvert à la maison communale de Rhode-Saint-Genèse. Triste coïncidence : la princesse Léa fête son anniversaire le mercredi 2 décembre et reçoit un bouquet de fleurs posthume commandé la semaine précédente par son époux...

Les funérailles du prince Alexandre ont lieu le vendredi 4 décembre 2009 en l'église Notre-Dame de Laeken. Son cerceuil est recouvert du drapeau belge. La princesse Léa est entourée de ses deux enfants Renaud et Laetitia, de la princesse Marie-Esméralda (accompagnée de son époux le professeur Salvador Moncada et de leurs deux enfants), du Roi, des reines Paola et Fabiola, du grand-duc Henri de Luxembourg, de Philippe et Mathilde, de Laurent et Claire, de la princesse Marie-Gabrielle de Savoie, des princesses Margaretha et Marie-Astrid de Luxembourg, du prince Michel et de la princesse Eléonore de Ligne, des archiducs Carl-Christian et Rodolphe d'Autriche, de l'archiduchesse Yolande d'Autriche (née princesse de Ligne), etc. Plusieurs responsables politiques ont également fait le déplacement : le ministre de la Défense Pieter De Crem qui représentait le gouvernement belge, le président du Sénat Armand De Decker, le député-bourgmestre de Brakel Herman De Croo, les ministres d'Etat Jos Chabert et François-Xavier de Donnéa, le bourgmestre de Knokke-Heist Léopold Lippens et la députée régionale bruxelloise Jacqueline Rousseaux-De Decker. Des représentants de la Ligue Royale des Vétérans du roi Léopold III, de la Fondation Cardiologique Princesse Lilian et du Cercle Léopold III étaient également présents, ainsi que le Prix Nobel Christian de Duve, l'homme d'affaires Aldo Vastapane et l'avocat Xavier Magnée.

La messe a été concélébrée par le chanoine Herman Cosijns, le père Bernard Lorent et l'abbé Philippe Degand. Très émus, Renaud et Laetitia ont tenu à rendre hommage au prince qui les considérait comme ses propres enfants. Renaud a confié : "Le prince Alexandre aimait cette citation de Blaise Pascal : "Car enfin, qu'est-ce qu'un homme dans la nature? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant". Ne soyons pas tristes aujourd'hui de l'avoir perdu, soyons heureux de l'avoir connu. Merci Alexandre pour tout ce que tu as été". La cérémonie s'est clôturée par la Brabançonne. L'inhumation eut lieu en privé dans la crypte royale. Un déjeuner était ensuite offert par le couple royal au château de Laeken.

Voici le témoignage de Valentin Dupont, un jeune Belge qui a assisté aux funérailles du prince : "Après que la famille royale soit entrée au sein de l'église, les barrières ont été ouvertes et un certain nombre de personnes ont pu rentrer ; ensuite, les portes ont été refermées. Je n'ai pu avoir une place assise, mais j'étais tout de même bien placé, sur le côté droit de l'église. D'où j'étais, distance limite imposée par la sécurité, je voyais très bien la cérémonie (j'étais presque à côté du prince et de la princesse Michel de Ligne). Ensuite, lors de l'offrande, toute l'assistance a été invitée à s'avancer dans l'allée centrale, embrasser ou toucher le Christ (cela se faisait à quelques centimètres du Roi, de la Reine et de la reine Fabiola) et ensuite quelqu'un donnait un petit faire-part. J'ai trouvé extrêmement bien que tout un chacun puisse participer presque de la même manière aux funérailles qui étaient à l'image du prince Alexandre. Après la sortie des invités, j'ai eu la chance de trouver un petit livret de la cérémonie sur une chaise, j'ai également eu le temps de regarder les couronnes à l'intérieur et à l'extérieur de l'église : il y en avait une du grand-duc, de Marie-Esméralda et de sa famille, de Marie-Christine, des Vétérans du roi Léopold III, de la Police Fédérale, du Sénat, de la Fondation du domaine d'Argenteuil, une aussi de l'ancien service de la maison d'Argenteuil".

Vous pouvez retrouvez des photos de la cérémonie sur Noblesse et Royautés, l'excellent site créé il y a un an et demi par notre compatriote Régine Salens :
www.noblesseetroyautes.com/nr01/?p=24462
www.noblesseetroyautes.com/nr01/?p=24499
www.noblesseetroyautes.com/nr01/?p=24477

A lire également : mon compte-rendu du livre "Le prince Alexandre de Belgique" (http://familleroyalebelge.blogspot.com/2009/11/le-prince-alexandre-de-belgique-lea-de.html).

P.S. Un grand merci à Valentin Dupont pour son aide, et à Régine Salens pour avoir mis des liens vers plusieurs articles de ce blog.

4 commentaires:

  1. Merci pour cet article très complet, c'était un homme certainement très bon, mais qu'a t-il fait pour la Belgique? Pas grand chose à mon sens; il ne doit cet hommage qu'à sa position au sein de la famille royale, je respecte cela, mais sans plus.

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  2. Personnage que je n'ai pas connu sinon par des "on dit" et le fait qu'il avait dansé avec ma cousine il y a des lustres de ça.

    Et comme toujours il y a plusieurs façons de regarder à un grand personnage, et je pense qu'il s'agit principalement d'un avant et d'un après: on apprend à réagir à qui on est. Tant qu'on ne sait pas, c'est avant. Et puis vient l'après...

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  3. Le hasard de la rencontre d'un spermatozoïde royal avec un ovule roturier.....
    Et vous voici propulsé à la une des journaux pipole.
    Heureusement, sauf erreur, le contribuable n'a pas dû l'entretenir celui-là.
    Je peux juste m'apitoyer sur votre âge: vous étiez encore jeune pour mourir.
    Pour le reste : Au revoir Monsieur.

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  4. Très bel article sur notre prince Alexandre.
    Non seulement sa vie fut très discrète mais il a souffert aussi du déracinement d'Argenteuil car c'était sa vie ! Notre Roi était très affecté aussi par la disparition de son demi-frère.

    Josiane50

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