Depuis le début de notre dynastie en 1831, Paola est la première reine à avoir des origines belges grâce à sa grand-mère paternelle, Laure Mosselman du Chenoy, issue d'une des plus anciennes familles bruxelloises. La présence d'un boeuf sur les armoiries des Mosselman datant du 13ème siècle rappelle que les hommes de la famille étaient bouchers de père en fils. En 1466, un Jean Mosselman était le doyen de la Guilde des Drapiers de Bruxelles.
Au 18ème siècle, Jacques Mosselman (1719-1781) est le bourgmestre de Bruxelles. De son union avec Barbara 't Kint, il a quatre fils : Corneille, Jérôme-Charles (mort au berceau), Etienne-Marie (bourgmestre de Bruxelles sans descendance) et François-Dominique. Ce dernier connaît beaucoup de succès dans les affaires. François-Dominique Mosselman (1754-1840) possède un hôtel particulier à Paris, une maison à Laeken, les mines de Moresnet et une fonderie à Liège. Après la révolution française, il achète le domaine du Chenoy à Court-Saint-Etienne, qui va allonger le nom de la famille pour devenir les Mosselman du Chenoy. De son union avec Louise Tacqué, François-Dominique a deux fils (Hippolyte et Alfred) et trois filles (Louise, Jeanne et Fanny). Signalons qu'Anne-Aymone Giscard d'Estaing, l'épouse de l'ancien président français, descend de Louise Mosselman du Chenoy et est donc une lointaine cousine de la reine Paola...
Attardons-nous un instant sur le destin de Fanny Mosselman du Chenoy (1808-1880) qui épouse le comte Charles Le Hon, originaire de Tournai et premier ambassadeur de Belgique en France. Elle entretient une liaison pendant plusieurs années avec le duc Charles de Morny, le demi-frère de l'empereur Napoléon III, qui profite de sa fortune. Elle devient très vite une invitée régulière des salons parisiens, où elle rencontre notamment les écrivains Alexandre Dumas et Honoré de Balzac. Mais à côté de ces mondanités, Fanny joue un rôle diplomatique non négligeable en entretenant une correspondance secrète avec Jules van Praet, secrétaire du roi Léopold Ier, qu'elle informe de la situation politique dans la capitale française.
Autre fils de Jacques, Corneille est le père du sénateur Théodore Mosselman du Chenoy (1804-1876). Il épouse Isabelle Coghen, la fille du comte Coghen. Lors de la révolution belge de 1830, Jacques-André Coghen (1791-1858) est l'un des négociants les plus considérés de Bruxelles et descend par sa mère de la famille Stielemans. Il est marié avec Caroline Rittweger. Jacques-André devient le premier ministre des Finances de notre pays de 1831 à 1832. Il est ensuite député, sénateur, membre fondateur de l'Université Libre de Bruxelles et commissaire de la Société Générale. Afin de le remercier pour son expérience et son rôle dans l'expansion de notre économie, le roi Léopold Ier lui octroie les insignes de Commandeur de l'Ordre de Léopold et le titre de comte pour lui et sa descendance. Il est aussi Officier de l'Ordre de la Légion d'Honneur en France. En Belgique, il achète le château de Wolvendael à Uccle et 392 hectares de la forêt de Soignes. De 1851 à 1855, Jacques-André Coghen, qui était sénateur libéral de l'arrondissement de Nivelles, passe au parti catholique pour protester contre l'adoption par les libéraux de la loi sur les successions. En 1855, il revient au parti libéral et est à nouveau élu sénateur. Lors de son décès à Leembeek en 1858, Jacques-André Coghen occupe le poste de vice-président du Sénat. Il est enterré au cimetière de Laeken.
Son beau-fils, Théodore Mosselman du Chenoy, appartient au parti libéral et siège dans la Haute Assemblée pendant presque trente ans : de 1847 à son décès en 1876 à Court-Saint-Etienne. Il est Officier de l'Ordre de Léopold. Théodore agrandit le domaine familial du Chenoy en achetant des terres à Baisy-Thy, Mellery, Court-Saint-Etienne, Ottignies, Villers-la-Ville, etc. Son ambition était de reconstituer l'ancien territoire de l'abbaye de Villers. Il fait construire un nouveau château à Limelette qui sera détruit lors de la deuxième guerre mondiale. A sa mort, Théodore possède le tiers du village de Court-Saint-Etienne et est le plus grand propriétaire foncier du Brabant wallon (environ 2.000 hectares).
Théodore Mosselman du Chenoy et Isabelle Coghen ont huit enfants : Jules (mort sans descendance), Léon-Marie (mort sans descendance), Isabelle (épouse du baron Auguste d'Anethan), Théodore (mort sans descendance), Armand (époux d'Euphémie Salvy), Paul (épouse d'Hélène-Laure Fraser), Laure et Henriette (épouse de Bernard du Bus de Gisignies). A la mort de Théodore en 1876, ses immenses domaines sont partagés entre ses enfants. Armand hérite du château du Chenoy à Court-Saint-Etienne qu'il vendra ensuite à Gustave Boël, sénateur et bourgmestre libéral de La Louvière.
Laure Mosselman du Chenoy (1854-1925) épouse Fulco Beniamino Ruffo di Calabria et quitte son pays natal pour s'installer à Naples. Leur mariage a lieu en 1877 au château de Wolvendael à Uccle qui appartient à la comtesse douarière Coghen. Il date de 1763 et est de style classique. Au début du 20ème siècle, c'est le baron Janssen qui en est le propriétaire. Plus tard, il vend le parc et le château à la commune d'Uccle qui y organise des activités culturelles.
Beniamino et Laure ont deux fils : Fulco (le père de Paola) et Luigi. Ce dernier épouse Agnès Orban de Xivry en 1909 à La Roche-en-Ardenne. Lors de la Bataille des Ardennes, Agnès et sa fille Yolande séjournent au château "Les Agelires" à La Roche. Malheureusement, un violent bombardement de l'aviation américaine détruit le 26 décembre 1944 plus de 300 maisons et le château où Agnès et Yolande trouvent la mort. Luigi Ruffo di Calabria se marie en secondes noces avec la vicomtesse Jacqueline Terlinden, décède en 1952 et repose aux côtés de sa première épouse et de leur fille à La Roche-en-Ardenne.
En 1959, le prince Albert de Belgique unit sa destinée à Paola Ruffo di Calabria. La jeune mariée a certes des origines belges mais elle avait très peu de contacts avec notre pays, comme elle l'a confié en 2006 dans l'émission "Paola : paroles de reine" : "De la Belgique, je ne connaissais que Tintin. J'avais toute la collection. Je n'avais jamais entendu parler de mon mari, juste un peu de Baudouin". Lors de son mariage, Paola porte le très beau voile en dentelle de sa grand-mère paternelle Laure Mosselman du Chenoy. Une tradition perpétuée par les princesses Astrid en 1984, Mathilde en 1999 et Claire en 2003.
Intéressant voyage entre les méandres généalogiques de notre reine.
RépondreSupprimerJ'ajouterais, que par Fanny Mosselman, Paola est une cousine éloignée du prince Michel Poniatowski (1922-2002), homme politique français, deux fois ministres et Ministre d'État.
De part, Jeanne Mosselman, sœur de Fanny, Paola est également apparentée à Camille Fontenillat (1793-1864). Cette-dernière fut l'épouse de Victor Casimir Perier (1811-1876), ministre français de l'Intérieur, mais également mère de Jean Casimir Perier (1847-1907), président de la République française.
Très intéressant en effet,des informations que l'on retrouve dans le livre de Vincent Leroy sur la reine Paola, ce qui me surprend toujours, c'est que ces origines belges ne sont pas si éloignés.
RépondreSupprimerNotre reine descend aussi de la famille HAUWAERTS de Bruxelles, dont moi je descend aussi.
RépondreSupprimerC'était une famille de brasseurs qui remonte au 14ième siècle à Bx.
Lorsque un auteur cite une famille qui s'est illustrée au 17ème siècle ne peut s'empêcher d'écrire "une des plus anciennes famille de .... " . Evidemment, cela laisse rêveur. Pour citer un e famille dite ancienne il faut qu'elle le soit de manière "immémoriale" au delà de l'an 1000. Or le patronyme Mosselman évoque plus un éleveur de moules, sentant le poisson issue de la Renaissance qu'un noble hobereau sentant la poudre de riz et fréquentant les palais de Charles-Quint. Soyons sérieux. Pour le reste, le travail de l'auteur est fort intéressant. Cordialement Phébus.
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