mercredi 10 août 2011

Les Belges anoblis par le roi Albert II

Selon l'article 113 de la Constitution belge, "le Roi a le droit de conférer des titres de noblesse, sans pouvoir jamais y attacher aucun privilège". En théorie, il peut accorder huit titres : prince, duc, marquis, comte, vicomte, baron, chevalier et écuyer. Mais la Cour ne crée plus de princes, ducs et marquis. La plupart des Belges anoblis deviennent barons ou chevaliers pour les services rendus au pays. Il est possible qu'ils obtiennent, quelques années plus tard, le titre de comte ou de vicomte. C'est ce qui est arrivé à Jacques Rogge, titré chevalier, puis comte lorsqu'il est devenu président du Comité International Olympique. Il existe cependant quelques exceptions comme les astronautes Dirk Frimout et Frank De Winne qui ont reçu directement le titre de vicomte. Les titres héréditaires transmis à toute la famille sont très rares. Dans "Belgique, un roi sans pays", les journalistes Martin Buxant et Steven Samyn ont calculé qu'Albert II avait accordé 279 faveurs nobiliaires depuis le début de son règne dont seules 46 concernent des femmes (soit 16,5 %).

Comment cela se passe-t-il? Depuis 1978, une commission consultative bilingue de 15 membres élabore une liste de candidats potentiels qui est transmise au Palais. Le Roi est libre d'y supprimer ou d'y ajouter des noms. Ses conseillers s'informent si les personnes accepteraient car plusieurs d'entre eux ont déjà refusé un tel honneur pour des raisons très diverses. Quand la liste est définitive (entre 10 et 20 anoblis par an), elle est présentée au ministre des Affaires étrangères et annoncée quelques jours avant la fête nationale. Si le document n'est pas enlevé dans les cinq ans, l'anoblissement est annulé. C'est le cas de Marie-France Botte, célèbre pour son combat contre la pédophilie en Thaïlande...au grand soulagement du Palais car elle a été ensuite accusée de malversations financières. Elle ne peut donc pas porter le titre de baronne.

Il est évident que ces anoblissements représentent une partie de l'influence royale. Les Belges anoblis, présents dans tous les secteurs, peuvent ensuite difficilement refuser une demande du Roi. Les mécènes et responsables des fonds et fondations de la famille royale ont un léger avantage dans la course au titre. Les anciens gouverneurs de la Banque Nationale de Belgique et présidents de la Fédération des Entreprises de Belgique également.

Qui a été anobli par le Roi en 18 ans de règne?

De nombreux chefs d'entreprise ont été anoblis pour leur contribution à la prospérité économique de notre pays. Le premier d'entre eux fut Albert Frère, titré baron lors de la fête nationale 1994. Selon les rumeurs, le roi Baudouin ne voulait pas lui octroyer de titre de noblesse, car il passait d'un secteur à l'autre sans la moindre scrupule et sans patriotisme, en fonction de ses propres intérêts. Suite aux demandes insistantes du ministre des Affaires étrangères Willy Claes, son successeur se serait montré plus conciliant. Citons quelques chefs d'entreprise anoblis par Albert II : Paul Buysse, Maurice Velge, Luc Vansteenkiste, Maurice Lippens, Daniel Cardon de Lichtbuer, Georges Jacobs, Aldo Vastapane, Jean-Claude Daoust, Roland D'Ieteren, Jean Stéphenne, Baudouin Michiels, etc. Parmi les rares femmes, Solange Schwennicke qui dirige la maroquinerie Delvaux, connue dans le monde entier.

Le Roi a anobli très peu de responsables politiques : Paul De Keersmaeker (ancien secrétaire d'Etat et député européen), Olivier Vanneste (ancien gouverneur de Flandre occidentale), Jacques Planchard (ancien gouverneur du Luxembourg) et Karel Poma (ancien secrétaire d'Etat et ministre) ont reçu le titre de baron ; Pierre Clerdent (ancien résistant, gouverneur de Liège et de Luxembourg, président du Conseil Economique Wallon) celui de comte ; et le ministre d'Etat gantois Willy De Clercq a vu sa longue carrière politique couronnée par son titre de vicomte.

Dans le domaine culturel, Albert II a octroyé un titre de noblesse, entre autres, aux dessinateurs François Schuiten et Marc Sleen, aux chefs d'orchestre Walter Boeykens et Pierre Bartholomée, à la chorégraphe Anne-Teresa De Keersmaeker, aux chanteurs de variété Salvatore Adamo, Wil Tura et Annie Cordy, au musicien de jazz Toots Thielemans, au président et mécène de la Jeune Peinture Belge Roland Gillion, au poète wallon Julos Beaucarne, au céramiste Max Van der Linden (ami du roi Baudouin), au directeur de l'Opéra National de Paris Gérard Mortier, aux peintres Félix De Boeck, Cécilia Vanderbeek et Roger Raveel, à l'éditeur Godfried Lannoo, au directeur du palais des Beaux-Arts de Bruxelles Paul Dujardin, au cinéaste André Delvaux, au baryton José Van Dam, au fondateur du Musée d'Art Contemporain de Gand Jan Hoet, au collectionneur montois François Duesberg, au président de la Cinémathèque Royale de Belgique Eric Dekeuleneer, etc.

Plusieurs professeurs ont reçu le titre de baron(nne) : André Berger (UCL), Marcel Crochet (UCL), Els Witte (VUB), Jacques Brotchi (ULB), Thierry de Barsy (UCL), p.ex. Mais suite à ses récompenses internationales, c'est le mathématicien Pierre Deligne (ULB) qui a obtenu le titre le plus élevé, celui de vicomte. C'est également ce titre qui a été accordé à l'astronaute Frank De Winne.

Le Roi récompense également des Belges s'investissant dans le domaine social, comme l'ancien président francophone de la Croix-Rouge de Belgique Jacques Delruelle, le directeur d'Onusida Peter Piot, la présidente de l'asbl Le Nid Sophie Jekeler, le directeur général de Child Focus Jacques Debulpaepe, etc. Quelques personnes liées au monde sportif ont été anoblies : le cycliste Eddy Merckx, l'athlète Gaston Roelants, le président du Comité International Olympique Jacques Rogge, le journaliste sportif Luc Varenne, le joueur de billard Raymond Ceulemans et le président de la Fédération de Football Belge Michel D'Hooghe pour la bonne organisation de l'Euro 2000.

Pêle-mêle, l'ancien Grand Maréchal de la Cour Gérard Jacques, le résistant Paul Michel Gabriel Lévy, la botaniste de réputation internationale Jelena de Belder, le gouverneur de la Banque Nationale de Belgique Guy Quaden, l'ancien président de la Fondation Roi Baudouin Michel Didisheim et la juge à la Cour Européenne des Droits de l'Homme Françoise Tulkens ont également reçu un titre de noblesse sous le règne d'Albert II. A noter que lors du mariage de Philippe et Mathilde en 1999, Patrick, Henri et Raoul d'Udekem d'Acoz sont devenus comtes.

Le gouvernement démissionnaire Leterme étant en affaires courantes lors des fêtes nationales 2010 et 2011, le Roi n'a anobli personne depuis 2009.

9 commentaires:

  1. Article qui est un bon récapitulatif de la politique d'anoblissement sous Albert II !

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  2. Merci pour cet article très intéressant. J'ignorai tout cela.

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  3. Alors le pere de la princesse Mathilde n'avait pas de titre avant?
    Merci pour cet article si rare!

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  4. Réponse à Serar : le père de Patrick était baron et avait transmis ce titre à son fils aîné Henri qui est resté dans le fief des d'Udekem d'Acoz à Proven (Flandre occidentale) et y a mené une carrière politique (bourgmestre de la commune de Poperinge notamment). Lorsque le Roi a souhaité attribuer le titre de comte à Patrick d'Udekem d'Acoz, il n'était pas logique que son frère aîné Henri reste baron (titre inférieur à celui de comte), et que son autre frère Raoul ne soit ni baron, ni comte. C'est la raison pour laquelle les trois frères Henri, Raoul et Patrick ont reçu le titre héréditaire de comte en 1999. Leurs enfants respectifs sont donc devenus également comte(sse)s.

    Merci pour votre gentil commentaire. Je ne mets qu'un seul article par semaine, mais je cherche un sujet qu'on ne trouve pas sur les autres blogs consacrés aux familles royales.

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  5. Excellent et instructif article, j'ignorais tout de la procédure d'anoblissement qui est une belle tradition.

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  6. bonjour, quelqu un a t il connaissance de la famille de Berguyes de Broeckoven ?

    La famille pourrait avoir reçu le titre de Vicomte

    Je n ai aucun précision, ni dates ni autres

    Un des membres masculin de cette famille aurait fait partie de la garde montée du palais royal peut être dans les années 40

    Si quelqu un parvient à m aider ou à ghider mes recherches, merci d avance
    M Gossuin

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    1. A priori, je n'ai jamais entendu parler de la famille "de Berguyes de Broeckoven". Il est selon moi impossible que cette famille ait pu obtenir le titre de Vicomte, qui est un des titres les moins courant (j'ai d'ailleurs vérifier dans une liste exhaustive, qui rassemble également des familles éteintes).

      Mais il existe bien une famille "de Brouchoven de Bergeyck" possédant le titre de Comte. Etes-vous sûr de la manière dont s'écrit la famille pour laquelle vous effectuer des recherches ? Car si l'on renverse le nom que vous donnez, il ressemble beaucoup à cette famille comtale toujours vivante.

      Si vous êtes sûr de la manière dont s'écrit le nom de cette famille, je ne saurais pas vous aider. "de (ou van) Broeckoven" semble être un patronyme assez répandu mais je n'obtiens aucun résultat pour "de Berguyes". Mais dans cette hypothèse, ce qui est sûr, c'est que la famille n'était pas une "grande famille", mais aurait été davantage une noblesse de campagne dont on appelait jadis les représentants des "hobereaux".

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    2. Anonyme , est ce que vous faites parti de cette famille ? Moi, je fais partie de la famille Goffinet , une famille de la petite noblesse ,je veux dire que je descends du baron Adrien Goffinet , ma famille les Goffinet possèdent également le petit titre d'écuyer

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    3. Anoyme est tu membre de cette famille ? Moi, je fais partie de la famille des Goffinet , une petite famille de la noblesse Belge baron , écuyer . Moi aussi j'ai fait des recherches sur Wikipedia et geanet . Je te souhaite bon courage pour tes recherches!

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