lundi 9 janvier 2012
"Marie-Henriette, reine des Belges : la lionne blessée" (Jo Gérard)
Née le 23 août 1836, Marie-Henriette est la fille de l'archiduc Joseph d'Autriche, palatin de Hongrie, et de Marie-Dorothée de Wurtemberg. Elle passe une enfance heureuse en Hongrie, loin du protocole de la Cour de Vienne. A 16 ans, elle participe, pour la première fois, à un bal de la Cour.
Afin de préserver l'indépendance de la Belgique face à l'impérialisme français de Napoléon III, le roi Léopold Ier imagine un mariage politique entre le prince héritier Léopold, duc de Brabant et l'archiduchesse Marie-Henriette d'Autriche. La reine Victoria d'Angleterre trouve cette union prématurée et incite en vain son oncle à le reporter d'un an. Après l'accord de l'empereur François-Joseph, Marie-Henriette quitte avec regret sa famille en août 1853 pour prendre la direction de la Belgique.
Mais le courant ne passe pas entre les jeunes époux. Contrairement à son mari, Marie-Henriette aime l'équitation, la peinture, la musique et la littérature. On parle de "l'union d'un palefrenier et d'une religieuse, étant entendu que la religieuse est le duc de Brabant". En octobre, ils se rendent chez la reine Victoria qui constate leurs différences et pense que leur mariage n'a pas encore été consumé.
Préoccupé par la situation du jeune couple, le roi Léopold Ier leur offre un long voyage en Orient de novembre 1854 à août 1855. Ils visitent notamment Vienne, Venise, Trieste, Corfou, Alexandrie, Le Caire, Jérusalem, Beyrouth, Damas, la Crête, Rhodes, Athènes, la Sicile, le Vatican et la Suisse. Ce voyage s'avère positif pour le couple qui s'est un peu rapproché.
En 1865, Léopold Ier meurt, la main dans celle de sa belle-fille Marie-Henriette qui devient reine des Belges. L'année suivante, le nouveau couple royal effectue des Joyeuses Entrées à Gand, Bruges, Ostende, Mons, Tournai, Liège, Charleroi et Namur.
L'auteur Jo Gérard compare Marie-Henriette à Louise-Marie : "Ce qui rapproche les deux premières souveraines? L'échec de leur vie sentimentale et, osons le mot, sexuelle. Louise-Marie ne le dissimule pas dans une lettre pathétique qu'à la fin de son existence elle adressera à son mari. Celui-ci, comme Léopold II plus tard, entendra bien limiter le rôle officiel de sa femme. Il ne cherchera jamais à lui confier d'importantes missions politiques ou diplomatiques. Nos deux premiers rois ne feront pas de leurs épouses de véritables collaboratrices, ainsi qu'on le verra au temps d'Albert Ier pourvu, il est vrai, d'une femme douée d'une forte et originale personnalité".
Fille de Léopold II et de la princesse Marie-Henriette, la princesse Stéphanie écrira plus tard : "Mes parents ne se sont pas compris. Leurs chemins se sont croisés un seul instant, pour s'écarter aussitôt et à jamais. Il choisit celui de l'indifférence et de l'infidélité ; elle dut accepter celui de la résignation, de la solitude et de la douleur".
Outre des actions de charité, la reine Marie-Henriette part chercher à Miramar en 1867 sa belle-soeur Charlotte, éphémère impératrice du Mexique, et soigne des blessés au palais royal durant la guerre franco-prusienne de 1870. Elle a la douleur de perdre son fils Léopold, victime d'une pneumonie suite à une chute dans un étang à Laeken.
A partir de 1895, elle fuit la Cour, laissant le rôle de Première Dame à sa fille cadette la princesse Clémentine, et s'installe à Spa où elle se plaît beaucoup et décède en 1902.
Jo Gérard est un bon conteur mais il a le défaut de s'étendre sur des sujets historiques qui n'ont rien à voir avec le sujet du livre. J'aurais préféré qu'il explore un peu plus la personnalité et la correspondance de la reine Marie-Henriette.
Je partage votre avis nuancé à propos de cette biographie.
RépondreSupprimerLe voyage en Orient n'a pas donné les résultats escomptés, le duc de Brabant s'intéressant davantage aux sites qu'il découvrait et aux perspectives économiques qu'il subodorait qu'à la duchesse.
Jo Gérard propose une conclusion erronée après avoir comparé la vie privée des deux premiers couples royaux.
La reine Louise bénéficiait de l'estime de son époux qui lui témoignait respect et affection en dépit de ses écarts conjugaux. Léopold II quant à lui brimait Marie-Henriette tant en privé qu'en public au sein d'une dynamique conjugale inégalitaire.
Cela dit, l'auteur devrait replacer les attitudes et les comportements dans leur contexte exact : comment imaginer qu'un souverain européen vivant au coeur du dix-neuvième siècle - quel qu'il soit - confie des missions politiques à sa consort ?
Quant au rôle joué ensuite par la reine Elisabeth, je le crois davantage le résultat d'une mise en avant décidée personnellement par la reine que d'un choix délibéré du roi Albert.
La personnalité de la reine Marie-Henriette n'a jusqu'à ce jour fait l'objet d'aucune monographie sérieuse basée sur des sources de première main mises en perspective, objectivées et dépouillées de tout a priori.
Je profite de l'occasion pour vous féliciter de l'énergie que vous mettez en oeuvre dans la mise à jour de votre intéressant blog.
Bien à vous,
Damien B.