Née en 1956, la princesse Esmeralda de Belgique est la fille cadette du roi Léopold III et de la princesse Lilian. Elle est aussi la demi-soeur et filleule de notre roi Albert II. Depuis 1998, elle vit à Londres avec son époux Sir Salvador Moncada et leurs deux enfants, mais revient régulièrement en Belgique (la semaine dernière, elle était ainsi à Bruxelles pour le vernissage de l'exposition sur les vêtements de Cour de sa tante la reine Marie-José et le 10ème anniversaire de la Fondation Polaire Internationale où elle était assise à côté du prince Albert de Monaco). La princesse a accepté de répondre par mail à mes questions sur sa carrière de journaliste :
"Madame, quand et pourquoi avez-vous voulu devenir journaliste?
- Etant adolescente, je voulais devenir comédienne. J'adorais le théâtre et le cinéma, et je pensais sérieusement entreprendre cette carrière. Puis, j'ai choisi d'étudier le droit aux facultés Saint-Louis de Bruxelles avec l'idée de devenir avocate. Après la deuxième candidature, j'ai décidé de faire une licence en communication sociale (journalisme) à Louvain-la-Neuve de 1977 à 1979. L'écriture et les voyages sont des passions que j'ai pu satisfaire dans la profession de reporter.
- Comment ont réagi vos parents, eux qui n'ont pas toujours été épargnés par les journalistes?
- Même si mes parents n'ont pas été épargnés par la presse, ils n'ont jamais essayé de me dissuader. Mon père m'a déclaré à l'époque : "Si tu agis avec rigueur et honnêteté, le journalisme est l'un des plus beaux métiers du monde".
- Quels souvenirs gardez-vous de vos études de journaliste? Quels rapports aviez-vous avec les autres étudiants?
- Je garde de très bons souvenirs de mes études. Les autres étudiants étaient originaires de différents pays, notamment d'Amérique latine, et nous entretenions d'excellents rapports. J'ai effectué un stage d'un mois à "La Libre Belgique", durant lequel je suis passée par tous les services du journal, à l'exception de la politique intérieure. J'ai choisi d'écrire ma thèse de fin d'études sur le rôle de la presse dans l'affaire Empain, ce qui m'a passionné.
- Vos études de journalisme terminées, quelles étaient vos envies pour votre début de carrière?
- Mes études terminées, j'avais envie de devenir grand reporter et de parcourir le monde. Je n'envisageais pas de travailler dans l'audiovisuel ; je préférais la presse écrite.
- Quand et pourquoi êtes-vous partie travailler à Paris?
- Je suis partie à Paris en 1980 comme stagiaire au "Figaro Magazine", dirigé à l'époque par Louis Pauwels. Je souhaitais partir à l'étranger qui offrait, pour moi, une plus grande liberté d'action et la possibilité de travailler comme n'importe quelle autre journaliste.
- Comment s'est passé ce stage au "Figaro Magazine"?
- C'était passionnant pour moi de me trouver au sein d'un magazine d'un tel renom avec des journalistes de grande envergure. Je me souviens des réunions de rédaction durant lesquelles Louis Pauwels demandait à chacun de donner des idées de reportages. Chaque journaliste, y compris stagiaire, avait son temps de parole et il valait mieux présenter un bon projet devant le patron! Je suis restée un an et j'ai eu l'occasion de signer plusieurs articles dont une interview d'Axel Springer, le grand patron de presse allemand.
- Ce départ en 1980 représente aussi une plus grande liberté et indépendance par rapport à votre vie au domaine royal d'Argenteuil?
- Tout à fait. C'était la première fois que j'habitais seule dans un appartement et que je devais me débrouiller sans l'aide de personne. Mon père est venu habiter plusieurs jours dans mon appartement et ma mère venait souvent passer une journée à Paris et déjeuner avec moi. De toute façon, je revenais à Argenteuil pour de nombreux week-ends.
- Qu'avez-vous fait après ce stage au "Figaro Magazine"?
- Après le stage au "Figaro Magazine", je suis restée à Paris et j'ai collaboré, en free lance, à de nombreux magazines français, allemands, italiens et espagnols, réalisant des interviews du monde du spectacle, des arts, des sciences et des entrepreneurs. J'ai également réalisé des reportages de décoration. J'ai exercé mon métier de journaliste jusqu'en 1998, date à laquelle j'ai quitté Paris pour Londres où je me suis mariée.
- Parmi tous ces articles écrits entre 1980 et 1998, pouvez-vous nous en citer cinq qui vous tiennent particulièrement à coeur?
- J'ai eu la chance d'interviewer des hommes de science comme l'Américain Robert Gallo ou le chirurgien Michael Debakey, des stars tels qu'Anthony Quinn, John Cassavetes, Brigitte Bardot, des grands sportifs tels que Bjorn Borg, des chefs d'entreprise comme Enzo Ferrari ou Axel Springer, ...
- Sous quel nom avez-vous choisi d'écrire ces articles? Est-ce que votre titre de princesse vous a ouvert ou fermé des portes?
- J'ai écrit sous le nom "Esmeralda de Belgique" et aussi "Esmeralda de Réthy". Mon nom m'a ouvert quelques portes, bien entendu, mais parfois c'était un inconvénient et finalement, ce qui compte, c'est le professionalisme que l'on doit prouver sur le terrain.
- Quel regard portaient vos parents sur votre carrière de journaliste?
- Mes parents étaient fiers, je pense, que je sois indépendante et que j'exerce un métier que j'aime.
- Avez-vous eu envie de les interviewer?
- J'aurais aimé le faire mais ils n'auraient pas accepté.
- Que faisiez-vous durant vos temps libres à Paris, quels étaient vos endroits préférés?
- J'ai adoré la ville de Paris où j'ai habité 16 ans (car j'ai également résidé à Milan en Italie pendant plusieurs mois). A Paris, j'aimais flâner dans les rues ou sur les quais de la Seine, entrer dans les librairies de quartier, visiter et revisiter les musées comme, par exemple, celui consacré à Rodin, prendre un brunch le dimanche au café Flore sur le boulevard Saint-Germain, et surtout être en compagnie de mes amis.
- Avez-vous des modèles comme journalistes?
- Mon premier héros du journalisme était un grand écrivain : Joseph Kessel. Grâce à Marcel Jullian qui fut son ami, j'ai la chance de posséder un exemplaire dédicacé de son livre sur l'aviateur Jean Mermoz. J'ai toujours admiré les grands reporters comme Oriana Fallaci ou Marie Colvin, assassinée il y a peu.
- Comment vous est venue l'idée d'écrire la biographie du couturier Christian Dior?
- J'avais préparé un article de presse sur les 50 ans de la Maison Dior en 1997 et, pour ce faire, interviewé de nombreuses personnes qui avaient connu Christian Dior et qui avaient travaillé avec lui. J'ai découvert tellement d'anecdotes et d'informations que j'ai pensé que cela valait la peine d'écrire un livre.
- Quel regard portez-vous sur l'évolution de la presse écrite face à Internet et aux réseaux sociaux?
- Internet et les réseaux sociaux ont révolutionné l'information ces dernières années. Tout va beaucoup plus vite et tout est plus transparent. C'est un avantage qui rend la censure plus difficile et qui nous permet d'avoir accès à énormément de sources. Mais il faut également être très prudent car on trouve le meilleur et le pire sur Internet. Les journalistes ont plus que jamais un rôle d'intermédiaire à jouer pour donner de la crédibilité aux informations.
- Par rapport à votre mère et à votre frère, votre expérience de journaliste n'a-t-elle pas été aussi un avantage pour bien communiquer avec la presse et les médias à partir de 2001 lorsque vous êtes sortie de l'ombre pour la promotion de votre livre sur le roi Léopold III?
- Certainement.
- Maintenant que vos enfants sont plus grands, aimeriez-vous reprendre votre carrière de journaliste?
- Je me considère toujours une journaliste, même si je me consacre davantage à la rédaction d'ouvrages depuis plusieurs années.
- Merci Madame d'avoir accepté de répondre à ces questions".
Retrouvez les deux autres interviews par mail que m'a accordées la princesse :
- sur son père le roi Léopold III : http://familleroyalebelge.blogspot.be/2009/09/la-princesse-marie-esmeralda-nous-parle.html
- sur son frère le prince Alexandre : http://familleroyalebelge.blogspot.be/2010/07/marie-esmeralda-nous-parle-de-son-frere.html
Merci pour cette nouvelle interview exclusive sur une facette de la vie de la princesse Esméralda qui n'avait pas encore été fouillée !
RépondreSupprimerJe viens de terminer le livre qu'elle a consacré à la mère, la princesse Lilian. Un livre qui m'a ému, car il donne une idée différente et certainement plus intime sur cette femme meurtrie par le destin. Cela me touche d'autant plus que cette famille m'est très proche.
RépondreSupprimerUn très bel et intéressant entretien. Un grand merci de l'avoir mené
RépondreSupprimerBien cordialement
Apolline Elter
Bonjour,
RépondreSupprimerJe poste ici car je n'ai vraiment aucune idée d'à qui m'adresser. Je cherche à contacter la princesse Esmeralda pour une question très précise sur un envoi postal qu'aurait reçu sa mère, la princesse Liliane pour l'opération du cœur qu'à subit Alexandre de Belgique en 1957.
Je voulais donc savoir comment vous aviez obtenu son adresse email, est-ce une adresse publique? Et dans ce cas où puis-je la trouver? Et si c'est une adresse privée, comment la joindre, y-a-t'il un "email officiel"?
Merci beaucoup de vos réponses!
Donatella Kettlewell, étudiante
Réponse à Donatella : pour contacter la princesse Esmeralda de Belgique, il suffit d'envoyer votre courrier au Fonds Léopold III qu'elle préside, et dont le siège se trouve à l'Institut des Sciences Naturelles à Bruxelles. Vous trouverez également leur site Internet à gauche dans mes liens.
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