lundi 26 novembre 2012

Le combat de la princesse Astrid contre la pauvreté

Après avoir reçu en audience la sénatrice Jacinta De Roeck, présidente du Groupe de Travail Interparlementaire Quart Monde, la princesse participe au Sénat à la Journée Mondiale du refus de la misère en octobre 2001. Cette rencontre entre des représentants d'associations et des sénateurs avait pour objectif d'élaborer de nouvelles politiques efficaces de lutte contre la pauvreté.

En 2002, Astrid assiste à Huy à la clôture du 3ème forum de l'Alliance mondiale des villes contre la pauvreté (organisé par le Programme des Nations-Unies pour le développement), inaugure la "Dalle à l'honneur des victimes de la misère" devant le Parlement Européen, est présente à la réunion au Sénat du Groupe de Travail Interparlementaire Quart Monde, et lance la collecte des Marmites de Noël de l'Armée du Salut à Bruxelles.

Avant de mettre au monde son cinquième enfant, la princesse se rend sur le terrain en janvier 2003 dans les provinces de Liège et de Limbourg. Après une réunion de travail sur la pauvreté dans chacune des deux provinces, elle visite le restaurant social Klavertje 4 à Hasselt et l'asbl La Fontaine à Liège, un centre d'accueil pour sans-abris et personnes exclues.

Astrid confie à l'hebdomadaire "La Libre Match" en 2004 :  "Dans un pays comme le nôtre où il y a tant de bien-être, j'ai beaucoup de mal à admettre qu'il y ait tant de gens vivant dans une grande pauvreté. C'est sur base de cette réflexion que j'ai essayé de mieux comprendre le pourquoi de ce problème et que j'ai participé, comme sénatrice de droit, à des réunions interparlementaires. Le problème de la pauvreté est très vaste et se situe, en premier lieu, au niveau de l'emploi et du logement (électricité, chauffage, logement insalubre, ...). Nous avons heureusement, dans notre pays, plusieurs forums, aussi bien au niveau fédéral que régional, qui coordonnent les initiatives locales dans ce domaine et qui exploitent les rapports sur la pauvreté, rédigés par la Fondation Roi Baudouin".

En novembre 2004, Astrid assiste à la conférence de presse du Groupe de Travail Interparlementaire Quart Monde au Resto du Coeur de Saint-Gilles, où s'était rendu son oncle le roi Baudouin peu de temps avant son décès. Lors de la Journée Mondiale du refus de la misère 2005, elle prononce un discours au Sénat, dans lequel elle déclare :

"Permettez-moi de signaler deux groupes de populations qui méritent une attention particulière. La cohabitation multiculturelle dans notre pays est une réalité. C'est incontestablement une grande richesse, mais au même moment, un énorme défi. Des femmes, des hommes, des enfants du monde entier vivent chez nous et ont décidé de construire ici un nouvel avenir. Il nous appartient donc de structurer un réseau économique et social de telle manière qu'ils puissent bénéficier des normes minimales pour une existence humaine et digne.

La même exigence prévaut pour répondre au vieillissement croissant de la population. Les risques spécifiques de ces personnes de tomber dans la pauvreté et de devenir isolées sont réels. D'un rapport de 2004, il apparaît que 25% des personnes de plus de 65 ans possèdent un revenu inférieur au seuil de la pauvreté. Comme il s'agit ici d'un groupe spécialement vulnérable, qui en outre n'a plus la maîtrise de son destin, il n'est que juste de lui réserver une attention exceptionnelle.

La pauvreté n'est pas une fatalité. La pauvreté est un état, un accident de la vie. La pauvreté peut être secourue, avec la volonté des personnes concernées bien sûr, mais aussi grâce à un ensemble bien coordonné d'initiatives privées et publiques aux différents niveaux officiels et non officiels. Les pauvres réclament le droit d'être des individus comme les autres, et de bénéficier d'un avenir meilleur. Ils ont raison de demander à la société d'être reconnus à part entière, et de ne pas être maintenus dans l'isolement. Mendier, toujours demander de l'aide est humiliant et devient à la longue insupportable.

Aussi il est nécessaire d'écouter attentivement les pauvres avec patience et avec le respect de leur dignité. Le dialogue a des vertus que n'ont pas les sens uniques. Il est tout aussi nécessaire de collaborer avec eux, car, avec leurs expériences vécues, ils savent bien mieux que nous quelles sont les initiatives le plus susceptibles de réussir. Enregistrer des résultats rapides et spectaculaires est rarement possible, mais il n'en faut pas moins souligner que certains problèmes de grande urgence méritent une priorité absolue. Avec l'hiver à nos portes, je pense automatiquement et directement aux coûts de l'énergie de chauffage et au logement décent des moins bien nantis. D'autres actions sans doute moins aigues, cela ne veut pas dire qu'elles sont moins importantes. Ainsi il me paraît qu'un effort fondamental doit être consenti en faveur de l'alphabétisation et de l'éducation de base conçues comme levier particulièrement utile pour sortir du cercle vicieux de la pauvreté.

Avec votre aide, pendant l'année qui vient, je voudrais contribuer au succès des actions qui, aux différents niveaux, seront entreprises pour réduire la pauvreté et l'exclusion sociale. Mon but est surtout de motiver et de stimuler les porteurs d'initiatives et de sensibiliser le public en faveur de la solution de problèmes qui nous concernent tous. Dans cet esprit, je désire visiter quelques provinces et la région de Bruxelles-Capitale pour apprendre sur le terrain comment les problèmes de logement social, d'éducation fondamentale et d'alphabétisation, de solitude, de place de la femme dans la société, d'accès au sport et à la culture sont concrètement traités. Une première visite est prévue dès le 8 novembre en province de Hainaut.

En concluant, je voudrais me référer à un document qui a été présenté, en avril dernier, par Mr Martin Hirsch, successeur du célèbre Abbé Pierre, au ministre français de la Santé, de la Solidarité et de la Famille. Mr Hirsch, dans son rapport, a émis une proposition remarquable : la création d'un guichet unique d'aide sociale dans les communes. Je voudrais citer quelques phrases de son texte qui ne nécessitent aucun commentaire :  "Notre société ne peut pas se payer le luxe de conjuguer pauvreté et chômage. Nous avons pris le travail comme axe privilégié pour réduire la pauvreté des familles. Au possible nous sommes tenus".  Et dans un appel de 2004, Mr Hirsch écrit enfin :  "On ne vaccine pas contre la misère. Mais on peut essayer de vacciner contre l'indifférence, contre le confort, contre l'acceptation de toutes les atteintes à la dignité humaine". Je vous remercie pour votre attention".

Dans les années qui suivent ce discours, la princesse Astrid multiplie les visites sur le terrain pour encourager les projets de lutte contre la pauvreté. Citons quelques exemples : le Resto du Coeur de Mons, le restaurant social "La Rencontre" à Bruxelles, le Centre d'Action Sociale Globale Artevelde à Gand, l'agence immobilière sociale Renovassistance, le C.P.A.S. d'Anvers, le service éducatif des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique qui permet l'ouverture aux plus défavorisés, l'asbl Lire et Ecrire à Namur, etc. En tant que sénatrice de droit, elle participe, en mars 2007, aux ateliers et à la présentation des résultats du Groupe de Travail Interparlementaire Quart Monde sur le thème "Fracture numérique, fracture sociale".

Dans le cadre de l'Année Européenne de lutte contre la pauvreté, la précarité et l'exclusion sociale en 2010, la princesse effectue plusieurs visites sur le terrain (asbl Mondial Sport à Schaerbeek, organisation Levanto à Anvers, centre 't Spoor à Borgerhout, Réseau belge de lutte contre la pauvreté à Schaerbeek, Solidarcité à Bruxelles, etc.), remet le Prix Fédéral de Lutte contre la Pauvreté, inaugure l'exposition "Dessine-moi un futur", assiste à la conférence "Enfance et Pauvreté" (organisée par le secrétaire d'Etat à l'Intégration Sociale, la Fondation Roi Baudouin, Unicef et Eurochild), à la Journée Mondiale du refus de la misère, et à la conférence de clôture de l'Année Européenne de lutte contre la pauvreté.

La princesse accorde son Haut Patronage à la section belge de l'Association Mondiale des Amis de l'Enfance et à la Fondation Pelicano. Toutes deux paient des frais médicaux, pédagogiques et scolaires d'enfants défavorisés en Belgique.

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