Suite au décès de l'acteur français Jean Piat, la princesse Esmeralda de Belgique a posté sur son compte Twitter cette photo, accompagnée de cet hommage : "Au revoir à un merveilleux comédien, un grand monsieur alliant élégance et humour, et si loyal en amitié".
Elle a été interviewée par Patrick Weber pour le magazine français "Point de Vue" :
"Comment est née votre amitié?
- J'avais découvert Jean Piat dans le feuilleton "Lagardère" à la télévision que j'adorais. Lorsqu'il a quitté la Comédie Française, j'ai demandé à mon père d'aller le voir au théâtre dans la pièce "Le tournant" de Françoise Dorin. La direction du théâtre l'a prévenu que le roi des Belges désirait le rencontrer et le moins qu'on puisse dire est qu'il était plutôt surpris. Il nous a accueillis dans sa loge avec beaucoup de gentillesse et cette première rencontre a marqué le début d'une belle amitié. Chaque fois qu'il venait en Belgique, Jean rendait visite à mes parents, le roi Léopold et la princesse Lilian, à Argenteuil. Il logeait à la maison, le plus souvent avec Françoise Dorin. Nous l'avons aussi invité dans notre villa du sud de la France.
- Vous aimiez le théâtre?
- Je lui avais confié que je voulais faire carrière dans le théâtre, mais qu'un tel projet était difficile pour moi. Il m'a répondu que je pouvais être une bonne spectatrice, et que c'était aussi un rôle très important. Je ne l'ai jamais oublié.
- Il avait des points communs avec votre père, le roi Léopold III?
- Ils aimaient tous les deux la littérature, la nourriture et le bon vin. Jean avait une prédilection pour les vins de dessert, et spécialement un sauternes, le Château-Lafaurie-Peyraguey. Ma mère en prévoyait toujours une bouteille.
- Vous étiez toujours en contact?
- Bien sûr! Jean n'avait pas d'email, ni de smartphone. Si l'on voulait le joindre, il fallait l'appeler ou lui écrire. Il se cachait derrière son répondeur, mais décrochait toujours quand il s'agissait d'une voix amie. Il va me manquer".
Pierre De Vuyst a également demandé la réaction de la princesse Esmeralda pour le magazine belge "Le Soir Mag" :
"J'étais enfant. Je devais avoir huit ou neuf ans, et je ne ratais aucun épisode de la série "Lagardère" à la télévision (1967) et j'étais amoureuse de lui! Jean Piat jouait aussi à la Comédie Française et j'avais réussi à obtenir une photo dédicacée. J'ai appris qu'il jouait une pièce à Paris, "Le tournant", en 1973. Comme mes parents aimaient beaucoup le théâtre, j'ai convaincu mon père d'y assister avec moi. C'était la première pièce de Françoise Dorin qu'il jouait. Nous sommes allés le saluer dans sa loge à la fin du spectacle. Mon père et lui ont immédiatement sympathisé. Si bien que mon père l'a invité à venir nous rendre visite s'il passait en Belgique. Ma mère est aussi allée voir la pièce et l'a formellement invité chez nous à Argenteuil. Ce fut le début d'une longue amitié.
Jean Piat et Françoise Dorin sont devenus des habitués de la maison. Ils logeaient chez nous chaque fois qu'ils avaient quelque chose à faire en Belgique, un spectacle, une pièce,... Mais ma mère les a également conviés à ses colloques. Elle aimait inviter quelqu'un qui n'était pas issu du monde scientifique, un artiste, un journaliste, qui posait des questions simples et accessibles, et animait le débat. Comme Jean Piat, j'ai voulu un temps devenir comédienne. Et quand mon fils a suivi des cours de théâtre, dans une lettre, Jean Piat m'a dit combien il était désolé que tant d'années le séparent de mon fils. Il aurait adoré être son professeur. Aujourd'hui, mon fils a renoncé à ce rêve. Il souhaite devenir journaliste.
Jean Piat était quelqu'un de très fidèle en amitié. Nous avons continué à correspondre régulièrement, notamment aux anniversaires de la mort de mes parents. Il est décédé lui-même à un très grand âge, mais je n'en suis pas moins triste. On s'habitue à la présence des belles personnes. Je trouve très touchant qu'il soit parti si peu de temps après le décès de Françoise Dorin. Ils ne se sont pas quittés longtemps".
"Le Soir Mag" a retrouvé une anecdote racontée par Jean Piat lors d'un séjour dans la maison de vacances de Léopold III et Lilian (aujourd'hui vendue) à Biot sur la Côte d'Azur : "J'ai même eu l'honneur - après avoir affirmé que j'en avais les compétences - de faire la cuisine dans leur propriété de Biot, sous l'œil amusé des princesses Marie-Christine et Esmeralda. Un certain soir, je fus mis en demeure de cuire les beefsteaks, accompagnés d'endives braisées, ce que, entre nous (je suis nordiste), nous appelions "chicons", afin de satisfaire à la curiosité et aux appétits de chacun. Le protocole en ces circonstances n'existait pas et mes "clients" se sont montrés satisfaits".
Le journaliste française Stéphane Bern confia au "Soir Mag" : "Sait-on qu'à chacune de nos rencontres, il me demandait de défendre la mémoire d'un couple royal qu'il avait aimé et dont il était l'ami, le roi Léopold III et la princesse Lilian de Réthy : "J'espère qu'un jour, l'Histoire leur rendra justice et les réhabilitera", me répétait-il".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire