(Article actualisé en avril 2020)
Depuis son accession au trône en 2013, le roi Philippe s'intéresse moins à l'économie que lorsqu'il était prince héritier (ce qui est assez logique, vu qu'il a repris le rôle politique et diplomatique de son père). Il participe chaque année en janvier au forum économique mondial de Davos et est toujours président de l'honneur de l' Agence pour le Commerce Extérieur, mais c'est sa sœur la princesse Astrid qui emmène désormais les missions économiques belges à l'étranger, à la satisfaction générale.
1° L'arrivée du groupe Ali Baba en Belgique
Le Roi rencontre Jack Ma lors de son voyage d'Etat en Chine en 2015, puis à Bruxelles en 2016, au forum économique mondial de Davos en 2017 et 2018, et à nouveau à Bruxelles en juillet 2018.
En 2018, Jack Ma, fondateur d'Alibaba (géant du commerce électronique chinois et 2ème plate-forme de commerce en ligne la plus connue après l'Américain Amazon) débourse 75 millions d'euros pour occuper 22 hectares de l'aéroport de Liège et créer plusieurs centaines d'emplois.
Angel Zhao, n°2 du groupe Alibaba, confie à la presse : "Pourquoi l'aéroport de Liège? Parce qu'il est au centre de l'Europe. Nous pouvons ainsi tenir notre promesse de livraison en 72 heures. Mais aussi parce que les autorités belges, et même votre Roi, ont tout fait pour nous y encourager".
Le Roi et Jack Ma se sont revus en 2019 au forum économique mondial de Davos. En mars 2020, grâce à l'intervention personnelle de notre souverain auprès de Jack Ma, un demi-million de masques de protection et 30.000 kits de tests sont offerts à la Belgique par l'entreprise chinoise Alibaba.
2° La digitalisation
Tourné vers l'avenir, le roi Philippe évoque régulièrement les conséquences de la digitalisation sur le marché du travail, comme lors de son discours de Nouvel An 2019 aux autorités du pays :
"Nous devons tirer parti des bouleversements qui résultent de la révolution technologique. Celle-ci exige certes un changement de nos modes de vie, elle met à l'épreuve notre capacité d'apprentissage et nous place devant de nouveaux défis en matière de sécurité et d'emploi. Mais elle crée avant tout d'immenses opportunités. La technologie ne pourra jamais remplacer les qualités proprement humaines et notre capacité de réflexion. Au contraire, elle ne peut que les compléter et les renforcer. Face à ces évolutions, les citoyens attendent de leurs institutions des réponses ambitieuses et constructives. Faisons preuve de créativité et de dynamisme en favorisant notamment l'affirmation de nos pôles d'excellence. Consolidons la place de la Belgique parmi les nations les plus en pointe dans des secteurs porteurs d'avenir comme la biotechnologie, les nanotechnologies ou l'intelligence artificielle".
A l'occasion de la réunion annuelle de la Fédération de l'Industrie Technologique en mai 2019, notre souverain déclare dans son discours :
"Je me réjouis d'être à vos côtés à l'occasion de votre rencontre annuelle et d'entendre vos réflexions et vos engagements sur l'avenir du travail en Belgique. On le sait, notre société traverse des bouleversements profonds. La digitalisation provoque des changements radicaux dans nos modes de vie, de communication, de production et de consommation. Au milieu de tout cela, nous devons, et nous pouvons, garder confiance et consolider le socle de valeurs sur lequel notre société est construite. Avec "Get in shape for the future of work", nous avons là un message bien choisi. C'est d'éviter de se faire emporter dans le tourbillon du changement et de tenter de garder une certaine maîtrise en innovant, en s'adaptant et en prenant son avenir en main. C'est aussi - et cela me semble fondamental - continuer à concevoir le travail avant tout comme un facteur de développement et d'épanouissement personnel et sociétal".
Le mois suivant, il évoque à nouveau le sujet lors de sa visite à l'Organisation Internationale du Travail :
"L'Organisation a un rôle important à jouer pour amener tous ses Etats membres à s'engager concrètement pour plus de justice sociale et à investir dans l'humain. Sous l'effet combiné des changements technologiques et de l'impérieuse nécessité de préserver notre environnement, les modes de travail vont devoir profondément évoluer. Le modèle de croissance classique a atteint ses limites et quelque chose de radicalement nouveau devra s'y substituer.
La digitalisation va supprimer des emplois mais aussi en créer des nouveaux. Une étude effectuée récemment en Belgique a calculé que pour un emploi perdu à cause de la digitalisation, 3,7 nouveaux emplois seront créés. Le contenu même de beaucoup d'emplois existants va changer. La grande majorité des travailleurs devra se reformer, un nombre important devra totalement se recycler. Il y a là une grande responsabilité pour les autorités, les employeurs et les syndicats. Les employeurs doivent s'engager à offrir la possibilité à leurs employés de mettre à jour leurs compétences. Les travailleurs qui exercent un métier en déclin, doivent recevoir à temps le soutien nécessaire pour se reconvertir.
L'ensemble de ces transformations nécessite une grande vigilance dans nos pays, mais aussi une grande inventivité de la part de l'Organisation Internationale du Travail. Il faudra défendre les avancées sociales du passé contre de nouvelles logiques économiques. Il faudra protéger et stimuler le modèle tripartite inclusif et le dialogue social. Ils sont à la fois des facteurs de stabilisation et des atouts immenses pour mieux gérer la transition".
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