lundi 18 août 2025

La princesse Delphine depuis 2020

                                 


 A l'occasion d'une exposition de ses oeuvres à la galerie Guy Pieters à Knokke durant l'été 2020, Delphine Boël rencontre la presse : 

"C'est une sélection d'oeuvres qui ressemble à un journal personnel que j'ai créé durant les moments importants de ma vie de 2013 jusqu'à aujourd'hui. Cette exposition traduit pour moi la fin d'une période torturée, comme la fin d'un livre. Ma vulnérabilité est exposée sur la place publique depuis des années. Cette exhibition de mon intimité pouvait être embarrassante, surtout lorsqu'elle est interprétée par ceux qui ne me connaissaient pas. Je ne suis pas devenue célèbre en étant une pop star, mais en étant le linge sale du roi Albert II. Les gens pensaient :  Mais pourquoi tu te plains, tu as eu une enfance privilégiée, tu devrais rester silencieuse. La route a été longue et difficile, et je pense que cela ne devait pas se passer comme ça. Même si mon père avait été un criminel derrière les barreaux, j'aurais agi exactement de la même façon. Je ne veux pas être vue comme quelqu'un qui se plaint. Tout le monde a des défis dans la vie, c'est votre attitude qui régit votre existence. C'est la seule chose que vous contrôlez".

Le 1er octobre 2020, la Cour d'Appel de Bruxelles confirme que le roi Albert II est bien son père, et qu'elle portera désormais le nom patronymique de Saxe-Cobourg. Delphine donne une conférence de presse :   "Je vais être la même mais je me sentirai beaucoup plus heureuse, beaucoup plus libre. Je reste artiste, je ne change pas. Je ne me suis jamais sentie Boël. Là, je vais peut-être me sentir plus chez moi, ce que j'aurais dû avoir quand j'étais née. Ce qui m'a rendu le plus heureuse, c'est que le système judiciaire est tellement beau pour moi. Je l'ai fait pour de bonnes valeurs. Et quand on est juste, on est récompensé. Si je l'avais fait pour l'argent et le titre, je l'aurais perdu. Mon mari a été une très grande épaule. Il ressentait les frustrations. A la maison, on a essayé de continuer à beaucoup rire, de rendre la situation beaucoup plus légère. On n'arrive pas à se prendre au sérieux. Je crois que mes enfants sont très fiers d'avoir une maman qui ne s'est pas laissée faire". 

A la surprise générale, le Palais diffuse une photo du roi Philippe et de sa demi-soeur Delphine avec ce communiqué :   "Message commun de Sa Majesté le Roi et de Son Altesse Royale la princesse Delphine :  ce vendredi 9 octobre, nous nous sommes rencontrés pour la première fois au château de Laeken. Notre rencontre fut chaleureuse. Nous avons eu l'occasion d'apprendre à nous connaître lors d'un long et riche échange qui nous a permis de parler de nos vies respectives et de nos centres d'intérêt communs. Ce lien va désormais se développer dans un cadre familial. Philippe et Delphine".

Le roi Albert II réagit également par communiqué :   "Je me rallie sans réserve au communiqué que le Roi et la princesse Delphine viennent de publier, et je me joins à l'esprit de ce message. Mon épouse et moi-même sommes très heureux de ce qui a été réalisé à l'initiative du Roi, prémices de jours meilleurs pour tous, et en particulier pour Delphine". 

Nouvelle surprise le 25 octobre lorsque le Palais diffuse cette fois une photo de Delphine avec le roi Albert et la reine Paola, avec ce communiqué :  "Ce dimanche 25 octobre, un nouveau chapitre s'est ouvert, empreint d'émotions, d'apaisement, de compréhension, et également d'espoir. Notre rencontre s'est déroulée au château du Belvédère, rencontre durant laquelle chacun de nous a pu exprimer, sereinement et avec empathie, ses sentiments et son vécu. Après les tumultes, les blessures et la souffrance, vient le temps du pardon, de la guérison et de la réconciliation. C'est le chemin, patient et parfois difficile, que nous avons décidé de prendre résolument ensemble. Ces premiers pas ouvrent la voie qu'il nous appartient désormais de poursuivre paisiblement. Delphine, Paola et Albert". 

Son engagement social

Pour sa première apparition publique depuis qu'elle est princesse, Delphine de Saxe-Cobourg s'est rendue à l'hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, afin de soutenir le personnel soignant qui organisait une journée de vaccination contre la grippe saisonnière. 

En décembre 2020, elle lance à Gand le Fonds Princesse Delphine de Saxe-Cobourg, créé par la professeure en hématologie Tessa Kerre afin de récolter des fonds pour financer l'intégration de l'art dans les soins de santé. La princesse confie :   "C'est un grand plaisir pour moi de donner mon nom à ce fonds. En tant qu'artiste, je ressens le pouvoir de l'art chaque jour. Il touche les gens au plus profond de leur être. Depuis toute petite, je pratique l'art pour rendre mon environnement plus beau et moins effrayant. Je crois vraiment que cela fonctionne aussi dans le cadre d'un hôpital. Nous devons aborder les patients comme des personnes qui peuvent être touchées par l'art. Toute forme d'art peut vous donner de la force et vous distraire de l'expérience stressante que vous traversez". 

La princesse dessine en 2021 le ruban rose de l'association Pink Ribbon contre le cancer du sein, et profite de ses interviews pour inciter les femmes à faire des mammographies. 

En octobre 2021, la princesse confie à "Paris Match" :   "Je choisis avec soin. Je suis tout particulièrement sensible aux organisations qui viennent en soutien aux malades car si on a la santé, on peut reconstruire. Mais j'ai encore besoin de recul car depuis cette reconnaissance officielle de ma filiation, les propositions affluent... Je dois pouvoir évaluer les projets à tête reposée. Mes amis se plaignent de ne plus me voir, même pour un café. Certains croient que je les snobe, c'est évidemment faux! Il y a tant de projets à boucler. Et ce qu'il me reste comme temps, je le consacre à ma famille. La charité commence à la maison, mais si je vois que mon travail caritatif empiète trop sur ma vie familiale et que je néglige mes enfants, je suis obligée de refuser certaines propositions". 

Delphine participe fin 2021 à l'émission "Danse avec les stars" sur la chaîne privée flamande Play 4 au profit de la Fondation Make a Wish afin de réaliser le rêve d'Adam, un enfant de 12 ans ayant la leucémie. 

Sa carrière d'artiste

Première activité artistique depuis qu'elle est princesse à l'automne 2020 :  l'inauguration de sa sculpture monumentale "Ageless Love" ("Amour éternel") en acier dans la ville de Saint-Nicolas en Flandre orientale. Elle confie :   "C'est une commande de la commune, financée par le mécenat de personnes privées. Un endroit très spécial où se côtoient personnes âgées, enfants de maternelle et jeunes handicapés. Un emplacement idéal pour cette oeuvre". 

Delphine est dyslexique et travaille depuis des années sur les mots qui ont participé à sa quête d'identité :  elle les dessine, les sculpte, les grave. Et durant l'été 2021, elle les imprime sur des robes vendues à 1.500 euros/pièce. Elle explique sa démarche à la presse : 

"Je n'ai jamais ressenti autant le besoin de travailler, et cela avec un bonheur total, depuis que j'appartiens à la famille royale. La vérité est sortie et c'est fini, c'est une libération. Ma quête était importante, cela fait partie de mon sang, de mon identité. Avant, ces mots étaient des encouragements à accepter la vie comme elle est. Maintenant, c'est croire encore plus en la vie et dire qu'elle nous donne de beaux cadeaux. Ce sont des robes qui ont du caractère, et même des caractères. Il ne s'agit pas de mode, mais d'oeuvres d'art. Chaque pièce est livrée dans une boîte spéciale et accompagnée d'un certificat que je signe. La coupe est fluide et vous fait sentir superféminine, quelle que soit votre taille. D'autant que la soie est d'un tombé impeccable. Au besoin, il est possible de passer commande et de faire du surmesure. J'ai voulu que ces robes donnent confiance à celles qui les portent, qu'elles les aident à se sentir fortes et sensibles à la fois. Pour moi qui suis un garçon manqué, c'est très nouveau et justement très agréable". 

En octobre 2021, la princesse parle de son travail à "Paris Match" :

"Je me consacre à fond à mon art qui est mon métier. Il est fait de deadlines, d'échéances régulières. Ce travail d'artiste est un vrai boulot, à prendre au sérieux, comme toutes les professions. Je travaille avec d'autant plus d'acharnement que je suis libérée justement de ce poids, de cette angoisse, de cette peur. Ca m'a donné une inspiration débordante, car elle n'est plus bloquée par les écueils qu'il a fallu surmonter. Tout est plus fluide, comme si le corps arrivait à mieux bouger, à déployer plus d'énergie, sans cette lourdeur, ces obstacles qui nous prennent du temps et la tête. J'ai d'autres priorités aussi dans ma vie, des enfants qui grandissent et qui sont en phase de puberté. Toute cette énergie que j'ai dû mobiliser sur un processus juridique a mangé l'essentiel de ma vitalité. C'était vraiment une période compliquée.

Aujourd'hui, c'est comme s'il y avait, de fait, un débordement d'inspiration, une surabondance de créativité. Le travail sur la voiture, la création de vêtements : tout cela en effet contribue à une diversification. Delphine, artiste et princesse, ce n'est pas un concept facile. Mon background n'est certainement pas un plus dans le monde de l'art, c'est au contraire un gros, gros moins! Ca peut paraître prétentieux mais c'est une réalité. Je dois travailler énormément pour obtenir cette reconnaissance. Cela m'oblige à prouver davantage encore que ceci n'est pas une blague. Ma carrière reste primordiale". 

A l'occasion de son expostion "What makes me happy" à la galerie Guy Pieters à Knokke durant l'été 2024, la princesse répond aux questions du magazine français "Point de Vue" :

"Quand mon galeriste Guy Pieters, avec qui je travaille depuis 2006, m'a demandé d'exposer de nouveau cet été chez lui à Knokke, ce qui est un grand honneur, cette idée s'est imposée à moi. Les gens sont tristes, je trouve, avec tout ce qui se passe dans le monde et les informations qui nous poursuivent jusque sur nos téléphones portables. On est tous anxieux et on a oublié ce qui nous rend heureux. Avec les réseaux sociaux, la pression consumériste, nous courons après la plus belle voiture, les plus belles vacances alors que nous avons juste besoin de renouer avec la simplicité, de jouir de la nature, de passer du temps en famille, avec des amis. C'est cette idée, cet idéal que je propose à travers les toiles de cette exposition. Il n'est pas question de donner des leçons, je n'aime pas ça. Je m'invite, je nous invite à être davantage dans l'instant présent, tous les sens en éveil, attentifs à soi et aux autres. Ce n'est pas toujours facile. 

Je ne suis pas nostalgique. Avec la technologie, j'apprends des millions de choses. Il y a un aspect très positif. Mais c'est vrai qu'il était plus simple pour notre génération de ne pas être distrait de l'essentiel. Mes enfants me le disent d'ailleurs :  "Tu as eu de la chance de vivre à ton époque".  Au fond, ce sont eux qui sont nostalgiques d'un temps qu'ils n'ont pas connu et que nous idéalisons tous, sans doute. J'essaie de leur expliquer que la recherche effrénée de biens de consommation entraîne des frustrations terribles. Ce n'est pas cela qui donne le bonheur. Il s'agit de garder son libre arbitre et discerner ce qui est vraiment important pour soi. Ce n'est pas simple à faire passer. Quand on est jeune, on déteste être différent des autres.

La manière dont mes enfants réfléchissent, dont ils voient les choses aussi, dont ils m'empêchent de me sentir vieille, de me scléroser, tout cela est formidable et m'inspire énormément. Ils m'apportent une énergie folle, c'est certain. Travailler, être très active, c'est aussi une manière de guérir, d'avancer, d'évoluer de façon positive, de ne pas trop réfléchir aussi. Il faut réfléchir bien sûr mais pas sans arrêt, sinon on ne pense qu'à soi et on devient fou. Mais est-ce que l'être humain est guéri un jour ? Je l'ignore mais je l'espère. C'est le temps qui guérit nos blessures. Un artiste peut aussi créer en étant très heureux". 

Relations avec la famille royale

Suite aux mesures sanitaires, la traditionnelle messe du 17 février à la mémoire des défunts de la dynastie n'a pas lieu en 2021. Les membres de la famille royale viennent cependant séparément se recueillir dans la crypte royale de Laeken. La princesse Delphine et son compagnon Jim O'Hare sont invités par le Palais à s'y rendre. C'est leur première apparition à une activité officielle de la famille royale belge. 

Delphine évoque, pour la première fois, son demi-frère le roi Philippe dans une interview à "Point de Vue" :  "Quand on a une passion commune, cela rapproche. Il a vraiment du talent. Les liens continuent de se tisser pas à pas avec ma famille paternelle. Et cela se passe bien. J'ai été très émue de me recueillir, le 17 février, à la crypte de Notre-Dame de Laeken, devant les morts de la famille royale. Comme je le suis lorsqu'il s'agit des morts de ma famille maternelle. Mais là, c'était la première fois que j'avais la possibilité de le faire. Le reste, vous le comprendrez, je le garde pour moi". 

Depuis 2021, la princesse Delphine et Jim O'Hare sont invités chaque année à la messe à la mémoire des défunts de la dynastie en février, et au défilé militaire et civil de la fête nationale sur la place des Palais en juillet.

La princesse parle pour la première fois de sa demi-soeur dans une interview en 2021 :   "J'ai beaucoup aimé le contact avec Astrid, j'éprouve énormément de sympathie pour elle. C'est ma soeur, ça se voit. Les choses se sont mises en place plus naturellement qu'on aurait pu l'imaginer. Parce que ce sont les liens du sang ? Je ne sais pas. C'est très étrange mais c'est une réalité. Il se dégage de ma soeur une énorme gentillesse, de la douceur. Son mari Lorenz est également très sympathique. Jim s'est bien entendu avec lui". 

Elle évoque aussi le roi Albert II :   "Quand j'ai revu mon père, après pourtant de longues années, j'ai senti que quelque chose se passait physiquement. Le contact s'est fait tout naturellement, il a été très simple. Ce n'était pas coincé. Et c'est aussi ce que j'ai vécu avec mes frères et soeur. Je peux vous dire que mes enfants ont rencontré leur grand-père aussi et que ça s'est très bien passé. Ils étaient très heureux. C'était vraiment très émouvant pour eux. Albert est, comme vous l'avez souvent souligné, quelqu'un d'extrêmement sympathique. Il l'a encore prouvé, et le courant est bien passé".

La princesse confie en 2025 à "Paris Match Belgique" :   "Chacun a sa vie mais j'ai le plus grand respect pour toute ma famille. Et j'ai d'excellents contacts avec mes frères et ma soeur. J'ajouterai que j'ai quelque chose qui est plus précieux encore :  un vrai dialogue avec mon frère le roi Philippe". 

Son soutien à la mode belge

Chaque année, la princesse choisit de mettre la mode belge à l'honneur lors de la fête nationale.

Le 21 juillet 2021, elle porte une robe de la créatrice d'origine belgo-guinéenne Siri Kaba et de sa marque Erratum Fashion. Réalisée dans un atelier social, la robe était d'inspiration africaine et avait un message, comme l'a expliqué Siri Kaba :   "Celui de construire un pont entre l'Afrique de l'Ouest, dont je suis originaire, et la Belgique. Oui, c'est un message politique qui dit beaucoup de choses. Le fait de porter une pièce créée par une Bruxelloise, à Molenbeek, est aussi un message politique. Je trouve génial que la princesse l'a fait car elle assume sa différence en s'adressant à toutes les minorités". 

Pour la fête nationale 2024, c'est le styliste Jody Van Geert qui coordonne toute l'équipe pour la tenue de la princesse :  un tailleur-pantalon rose et rouge réalisé par l'atelier ExC de Gand sur une idée du graphiste et illustrateur anversois Xavier Segers,  un chapeau confectionné par Elvis Pompilio, des chaussures Morobé et un sac à main d'Annelies Timmermans. 

Sur l'avant du tailleur-pantalon, on ne peut pas louper le grand papillon blanc qui fait référence au surnom qu'elle donnait à l'époque au prince Albert, grand ami de sa mère. Au dos, il y avait le mot "Love", l'amour étant le thème central de l'oeuvre de la princesse Delphine depuis de nombreuses années. 

La princesse confie à la presse :   "Ce que j'aime dans cette équipe, c'est qu'elle se compose d'hommes, de femmes, et aussi de différentes parties des régions linguistiques du pays. Comme vous le savez, notre pays est diversifié. Le rose et le rouge représentent la Belgique pour moi. Si vous connaissez mon histoire, il y a beaucoup d'évolution. Par rapport à ce que j'étais il y a quelques années, les choses ont évolué de manière plutôt positive. Personne ne peut en être fâché. C'est un message positif, bon pour l'image. Je veux rester positive, d'où le mot "love" dans mon dos. C'est la vie. Nous ne sommes là que pour un petit moment, autant en profiter". 

Pour la fête nationale 2025, la princesse Delphine fait confiance au jeune créateur belge Benjamin Voortmans (Judassime). Il lui propose une robe avec un corset ajusté, de la transparence bien dosée, une longue jupe crayon avec zip intégré, des détails métalliques, un sac avec clous et rivets évocateurs de l'ère after punk. Les chaussures compensées noires de la marque anversoise Morobé complètent l'ensemble. La princesse explique à la presse qu'à travers son choix du créateur, c'est aussi un soutien à la communauté LGBT :

"J'ai ressenti l'impérieuse nécessité de défendre leur cause de façon claire et de faire savoir, à ma manière, l'appui que je leur apporte. C'est une aide que chacun d'entre nous peut d'ailleurs leur apporter. Je ne peux qu'encourager chacun à être attentif à son prochain. A fortiori lorsque ce dernier est issu d'une minorité. Cette cause me touche et je trouve intolérable que la liberté d'afficher son identité, quelle qu'elle soit, puisse encore faire débat. Et surtout susciter de la violence". 

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