A l'occasion de la fête des mères 2004, la princesse Astrid de Belgique avait accordé une longue interview au journaliste Patrick Haumont pour l'hebdomadaire "La Libre Match" :
Sur son titre de princesse : "Je n'ai pas le souvenir d'avoir pris un jour conscience du fait que j'étais quelqu'un à part. Pour moi, j'étais une petite fille qui devait aller chaque jour à l'école, apprendre parfois péniblement ses leçons, se lever, se coucher. Il s'agissait d'une vie au quotidien, comme celle que vivaient beaucoup d'autres enfants. J'engendrais en effet de temps en temps un peu d'envie, car certaines de mes camarades d'école s'imaginaient que j'avais, en tant que fille de mes parents, de nombreux privilèges. Comme toute autre élève, j'avais d'excellents contacts avec certains professeurs et moins d'atomes crochus avec d'autres. Personnellement, je ne pense pas que le fait d'être née dans une famille royale soit perturbant. On ne choisit pas où et quand on naît. L'important, c'est de tirer au maximum profit de ses qualités ou de ses possibilités, et de travailler, par contre, ses côtés faibles. Le problème n'est pas de savoir quel est mon rang ou mon statut mais bien plus de réussir ma vie et rendre mes proches heureux. Et ainsi d'être heureuse moi-même. Cela étant, je considère que je n'ai aucun mérite à être ce que je suis car j'aurais très bien pu naître ailleurs. Comme toute autre vie, celle de princesse a des côtés positifs et des côtés moins positifs. Un des côtés positifs est notamment d'avoir accès tout un éventail de personnes différentes et souvent très intéressantes, ce qui ouvre énormément l'esprit et les horizons".
Sur le prince Lorenz : "J'ai beaucoup de chance d'avoir rencontré mon cher époux que j'estime énormément et pour qui j'éprouve une affection immense. Nous partageons les mêmes idéaux dont le principal est sans doute de tâcher de réussir notre propre vie, tout en essayant, je le répète, de rendre notre entourage le plus heureux possible. Mon époux a beaucoup d'humour, de gaieté de vie et dispose de la capacité de s'émerveiller devant des événements qui pourraient sembler banals, comme observer les spectacles qu'offre la nature. Il est également sage et équilibré, ce qui me donne un sentiment de grande sécurité. Il est aussi source de bons conseils. Lorsqu'il m'arrive de devoir faire un discours, je le prépare presque toujours avec lui. Ainsi il me soutient dans mes engagements au service de la Belgique. Nous formons une bonne équipe ensemble. Souvent, j'ai l'impression que nous sommes presque comme frère et soeur car nous avons presque toujours les mêmes goûts, que ce soit pour des détails comme la décoration intérieure de la maison, pour la manière de se vêtir. En fait, plus globalement, je dirais que, tout simplement, nous avons la même perception des choses et des sentiments. C'est à un point tel qu'il nous arrive parfois, lorsque nous nous téléphonons, que la ligne soit occupée car nous essayons, chacun de notre côté, de nous atteindre au même moment".
Sur le début de sa vie officielle en 1993 : "Après que la loi salique eut été abolie par le Parlement en 1991, dans le cadre de la réforme de la Constitution, mon oncle le roi Baudouin nous a demandé si nous avions la possibilité de quitter la Suisse - où nous habitions depuis neuf ans - pour revenir en Belgique afin de nous associer aux activités des autres membres de notre famille. Mon mari ayant trouvé un travail en Belgique, nous sommes rentrés en juin 1993 où, malheureusement, nous n'avons fait que croiser mon cher oncle puisqu'il est décédé fin juillet 1993. Je dois avouer que ce changement n'était pas toujours facile car je venais de Suisse où j'étais une épouse et une mère au foyer. A l'époque, je n'avais exercé aucune activité en dehors de la maison. Je n'étais pas habituée à gérer mon temps en combinant des activités professionnelles avec une vie familiale. C'était un monde nouveau qui s'ouvrait à moi et qui a nécessité une sérieuse adaptation que j'ai menée à bien grâce à l'aide efficace d'excellents conseillers et au soutien de ma famille".
Sur ses visites sociales : "La plupart m'ont effectivement, d'une façon ou d'une autre, touchée. Souvent, malheureusement, d'une façon triste car je suis très fréquemment confrontée à la souffrance humaine. J'ai entre autres des souvenirs très forts de circonstances extrêmement poignantes parmi lesquelles l'accueil des Belges rentrés in extremis du Rwanda, l'entrevue avec les familles des paras tués au Rwanda, un colloque à Liège pour aider les parents des jeunes drogués, emprisonnés qui étaient complètement dans la détresse, une visite au Mozambique de malades du sida en phase terminale et agonisants, et bien d'autres encore. On se sent tout petit devant de telles souffrances mais on apprend aussi tellement de ces grands événements et aussi et surtout de tous les contacts humains. Ils m'ont aussi appris la richesse de la tolérance. Quand je rencontre quelqu'un, j'essaie d'entrer complètement dans la peau de mon interlocuteur. Je pense que toutes les plus grandes décisions, aussi organisées et planifiées qu'elles soient, peuvent réussir ou échouer en fonction de la qualité des contacts humains. Pour moi, ils sont la base de tout".
Sur sa vie de famille : "Mes enfants disent, en se moquant gentiment de moi, que je suis très ennuyeuse car je vis en fonction de "listes" qui pourtant me sauvent car, sans elles, j'aurais peur d'oublier plus de la moitié des choses à faire. J'ai une marotte qui consiste à faire ces listes sur l'ordinateur. Je dois effectivement avouer que c'est très souvent la course et qu'il me reste peu de temps libre pour encore avoir des hobbies comme aller au cinéma, ce que j'adore faire. Depuis quelque temps, j'essaie toutefois de me libérer pendant une heure par semaine pour prendre quelques leçons de tennis. Ce dont mon époux et moi rêvons pour nos cinq enfants, c'est qu'ils soient avant tout bien dans leur peau, chacun avec son caractère propre. Qu'ils soient des jeunes de leur temps, qu'ils fassent des bonnes études qu'ils aiment, afin qu'ils soient bien armés dans la vie pour travailler. Qu'ils soient heureux dans leur travail et, enfin, qu'ils soient épanouis avec la personne qu'ils auront choisie pour construire leur vie familiale".
La princesse a ensuite évoqué ses différents combats : Croix-Rouge de Belgique, sida, personnes handicapés, recherche scientifique, pauvreté, mines antipersonnels.
J'aime beaucoup la discrète princesse Astrid.
RépondreSupprimerC'est un atout pour la Belgique. Elle est très touchante dans cet entretien.
L'entretien ci-dessus est-il complet? ou bien a-t-elle évoqué d'autres sujets?
Réponse à Charlotte : sur sa vie privée, elle n'a rien dit de plus. Ensuite, elle a évoqué les combats qu'elle menait à l'époque (Croix-Rouge de Belgique, sida, personnes handicapées, recherche scientifique, mines antipersonnels). A noter que c'est à partir de 2004 que la princesse Astrid a accepté de répondre à des interviews, et celle-ci est, à ma connaissance, la plus intime.
RépondreSupprimerIl n'arrive pas souvent que les membres de la Famille Royale s'expriment de cette façon en se livrant un peu, je comprends que la Princesse est une telle cote de popularité, elle est dévouée et discrète.
RépondreSupprimerRéponse à Pierre-Jean : tu as raison. Contrairement à d'autres familles régnantes, les interviews sont rares dans la famille royale belge et presque jamais sur la vie privée. Seule la reine Paola s'est confiée plus longuement, notamment dans l'interview accordée à l'agence Belga pour ses 65 ans en 2002 et dans le documentaire "Paola : paroles de reine" tourné à Venise en 2005.
RépondreSupprimerC'est toujours très intéressant de relire ce genre d'interviews quelques années après, cela donne un recul très instructif je trouve. La princesse Astrid a prouvé depuis qu'elle avait su s'intégrer à sa nouvelle vie de manière exemplaire, et vu les services rendus à la Belgique à travers ses missions économiques, et à son frère par conséquent, il est heureux qu'elle ne se soit pas contentée de son foyer. Ceci dit, elle a apparemment mené les deux avec brio, ses enfants semblent épanouis, à l'image du Prince Amedeo dont le mariage se rapproche à grands pas.
RépondreSupprimerMerci pour ce blog toujours intéressant à consulter !
Camille, voisine de France :-)