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C'est au cours de l'hiver 1895-1896 que le roi Léopold II investit pour la première fois dans le sud de la France. Il s'intéresse particulièrement à la tranquille baie de Passable à l'entame de la presqu'île du Cap Ferrat, connue aujourd'hui sous le nom de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Cette lande de terre sauvage ("ferus" en latin, d'où vient "Ferrat"), couverte d'herbes folles, appartient à la commune de Villefranche voisine qui en tire un modeste revenu à l'époque en louant des herbages pour y accueillir des troupeaux d'ovins. Au début du XXème siècle, la presqu'île ne compte qu'une vingtaine de villas et la plus grande partie de ses 250 hectares reste inoccupée. A l'est, le petit port de Saint-Jean accueille des barques de pêcheurs.
Dans la baie de Passable, Léopold II achète la modeste villa Vial qui surplombe la petite crique. Il la rebaptise "Radiana" et la transforme en un charmant petit palais pourvu de tout le confort de l'époque, et destiné à sa maîtresse Blanche Delacroix, baronne de Vaughan.
Les années suivantes, via divers prêtes-noms (son médecin personnel le Docteur Thiriar, le Domaine de la Couronne, l'Etat Indépendant du Congo ou la Société civile immobilière de séjour et d'exploitation horticole de la Côte d'Azur), le Roi se porte acquéreur de dizaines d'hectares de terres peu prisées et cédées par des propriétaires qui n'avaient pas encore compris le futur et rapide développement touristique du Cap Ferrat. Il rachète aussi "Les Oiseaux", la propriété familiale de l'ancien maire de Villefranche Désiré Pollonais, qu'il rebaptise "Les Cèdres" et qui est voisine de la villa "Radiana".
Dans ses deux nouvelles propriétés "Radiana" et "Les Cèdres", Léopold II fait arracher la végétation autochtone de pins, caroubiers, oliviers et de garrigue pour y implanter des plantes et arbres exotiques, des palmiers, des magnolias, des bananiers qui se sont parfaitement acclimatés. Fort critiqués à l'époque, ils font aujourd'hui la fierté des Saint-Jeannois. Près du phare, il fait encore construire trois villas ("La Banana", "La Boma" et "La Matadi") qu'il destine comme maisons de repos pour ses fidèles officiers du Congo. Il finira par posséder un tiers de la superficie de la presqu'île!
En vacances à la Côte d'Azur, le roi Léopold II passe aussi beaucoup de temps à bord de son yacht (plus d'infos : http://royalementblog.blogspot.be/2012/11/le-yacht-alberta-du-roi-leopold-ii.html).
Après son décès en décembre 1909, ses propriétés françaises sont gérées par la Donation Royale. Durant la première guerre mondiale, le roi Albert Ier les fait transformer en hôpitaux militaires ou de convalescence pour les soldats belges évacués du front de l'Yser. Ils sont plusieurs dizaines, gazés à l'Ypérite, à avoir terminé leur existence au Cap Ferrat et à y reposer au cimetière militaire belge.
Albert Ier n'a pas hérité du sens des affaires de son oncle. Après la première guerre mondiale, il fait vendre à des prix très modestes les villas et les dizaines d'hectares acquis par Léopold II à la Côte d'Azur.
En ce qui concerne la Villa "les Cèdres", elle est rachetée en 1921 par la famille Marnier-Lapostolle qui trouve dans les serres de Léopold II l'endroit parfait pour faire pousser les herbes secrètes de sa liqueur (le grand Marnier) pendant des décennies. Cette marque a été rachetée par le groupe Campari-Cinzano qui n'a que faire de la propriété composée d'une dizaine de chambres, d'une salle des fêtes, d'un jardin d'hiver, d'une écurie, d'une conciergerie, d'une piscine et d'un parc botanique privé de 14 hectares dont 25 serres. Sa valeur est estimée à un milliard d'euros. Avis aux amateurs...
2° La villa "Leopolda"
Parallèlement à ses achats à Saint-Jean-Cap-Ferrat, le roi Léopold II se prend aussi de passion pour les terres surplombant la commune voisine de Villefranche-sur-Mer. En haut du Col de Caire, il achète une quinzaine de parcelles de terres non exploitées pour former un promontoire de plusieurs hectares sur lequel il bâtit la Villa "Leopolda", grâce à l'aide de l'architecte Aaron Messiah. Elle est entourée d'un parc de huit hectares, planté de quelques 1.200 arbres d'essences les plus variées, qui nécessite l'occupation d'une cinquantaine de jardiniers!
Peu après, il parvient à acheter le domaine voisin, et y fait construire, avec le même architecte, la villa de Saint-Segond. Les deux domaines sont reliés par une passerelle au-dessus de l'avenue qui porte d'ailleurs depuis le nom de Léopold II.
En 1920, la Villa "Leopolda" est rachetée par la comtesse de Beauchamp qui la fait remodeler par l'architecte américain Ogden Codman pour lui donner son aspect actuel. Dans les années 50, un financier américain revend les lieux à Gianni Agnelli, le patron de Fiat, qui cède la propriété en 1985 à l'homme d'affaire libanais Edmond Safra. Sa veuve y réside toujours.
Un milliardaire russe Mikhaïl Prokhorov veut s'en porter acquéreur. En 2008, un compromis de vente est passé pour 390 millions d'euros. Il verse une garantie de 39 millions d'euros....avant de devoir renoncer à l'achat à cause de la crise financière de l'automne 2008. Lily Safra refuse de lui restituer les 39 millions d'euros, et les tribunaux lui donneront raison par trois fois. Elle a donné l'argent à des oeuvres caritatives, et continue d'habiter dans l'ancienne propriété du roi Léopold II.
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