lundi 21 janvier 2019

Philippe, roi d'une Belgique fédérale

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Contrairement à leurs cinq prédécesseurs, Albert II et son fils règnent sur une Belgique fédérale. Pas nostalgique (du moins publiquement) de l'évolution de notre pays,  le roi Philippe s'inscrit clairement dans l'avenir lors de sa prestation de serment :   "La nouvelle réforme de l'Etat réalise un transfert de compétences important aux entités fédérées. Cela rapprochera les citoyens de la prise de décisions. Cela permettra de mieux rencontrer les défis de l'avenir".


Dans les premiers mois de son règne, le nouveau souverain tente des nouvelles initiatives. Ainsi, en novembre, il reçoit en audience commune les ministres francophone Fadila Laanan et néerlandophone Joke Schauvliege de la Culture. Il décide d'enregistrer une version allemande de son discours télévisé de Noël à l'intention de la communauté germanophone (le roi Albert II se contentant de deux phrases en allemand à la fin de son discours en français). En janvier, il organise une réunion de travail avec les trois ministres communautaires de l'Enseignement.

Dans son discours de Nouvel An 2014 aux autorités du pays, le Roi déclare :   "La réforme de l'Etat qui vient d'être adoptée permettra à l'Etat fédéral et à nos communautés et régions de rencontrer plus efficacement les défis de l'avenir. Elle crée aussi un nouvel espace pour la coopération. Au cœur de l'Europe, la Belgique continuera à faire la preuve qu'en capitalisant sur les différences de langue et de culture, nous arrivons à intégrer la vision d'autrui et donc à trouver des solutions plus globales".

Notre souverain continue de soutenir le Fonds Prince Philippe qu'il a créé en 1998. Chaque année, il remet, au palais royal, les prix du concours Belgodyssée pour jeunes journalistes du nord et du sud du pays. En 2014, il participe aux 10 ans du programme Erasmus Belgica du Fonds Prince Philippe. Ce programme facilite les échanges entre des établissements d'enseignement supérieur des trois communautés de notre pays. L'échange peut durer de trois mois à une année académique. Les étudiants reçoivent une bourse unique de 100 euros pour y participer. S'ils louent un kot, ils peuvent obtenir un bonus supplémentaire de maximum 100 euros par mois, après avoir présenté une copie du contrat de location.

Surprise lors du premier voyage d'Etat de son règne en 2015 :   le couple royal est accompagné des ministres-présidents des régions et communautés, en plus du ministre fédéral des Affaires étrangères. Cela ne fut jamais le cas sous le règne précédent. Philippe souhaite montrer symboliquement à l'étranger que la Belgique est un Etat fédéral, et entretenir de bonnes relations avec les régions et communautés.  Dans le cadre de son soutien à la formation en alternance, il a emmené les ministres fédéraux et régionaux concernés en voyage de travail de deux jours en Allemagne en 2015, puis en Suisse en 2017.

En 2016, le Roi assiste au 25ème anniversaire de l'échange linguistique entre des écoles de Minderhout et Neufchâteau, et rencontre avec des élèves de Visé et Poelkapelle ayant participé à un Relais Sacré en vélo.

En avril 2016, un déjeuner de travail est organisé au château de Laeken sur le thème "La culture comme levier de dialogue entre les communautés du pays". Autour du couple royal, on trouve Serge Rangoni (directeur du Théâtre de Liège), Dirk Snauwaert (directeur du Wiels), Sophie Karthäuser (soprano), David Van Reybrouck (auteur), Philippe Geluck (dessinateur), Jan Goossens (directeur du KVS), Michaël Borremans (peintre), Laurent Busine (directeur du MAC's), Anne-Teresa De Keersmaeker (chorégraphe) et Jaco Van Dormael (cinéaste).

Un nouveau déjeuner culturel a lieu un an plus tard, avec quatre mêmes invités (Laurent Busine, David Van Reybrouck, Serge Rangoni et Jaco Van Dormael). Ils sont accompagnés de six autres personnalités du milieu culturel :   Sidi Larbi Cherkaoui (directeur du Koninklijk Ballet van Vlaanderen), Chris Dercon (intendant de la Volkesbühne Berlin), An Veronica Janssens (artiste), François Schuiten (dessinateur), Jan Raes (directeur du Koninklijk Concertgebouw Amsterdam) et Ivo Van Hove (directeur du Toneelgroep Amsterdam).

Le Roi visite les parlements de la communauté germanophone en 2013, de la Wallonie en 2015, de la Fédération Wallonie/Bruxelles en 2016, de la Flandre en 2017.

En novembre 2017, il rencontre au palais royal deux classes de 6ème secondaire d'Oostmalle et Libramont participant à un échange linguistique du Fonds Prince Philippe. En mai 2018, il découvre le projet Tandem à Jette qui forme des instituteurs bilingues français/néerlandais de l'enseignement primaire, grâce au soutien de la Commission Communautaire flamande, de la Ville de Bruxelles et du Fonds Prince Philippe.

Contrairement à son père qui incitait régulièrement dans ses discours les Belges à apprendre la langue des autres communautés,  Philippe n'en parle pas. Il faudra attendre mars 2018 pour qu'il évoque ce sujet lors de l'allocution prononcée à l'Université d'Ottawa pendant le voyage d'Etat au Canada :

"Nos deux pays jouissent de l'indéniable richesse de compter plusieurs communautés, avec chacune sa langue. Contrairement à nos voisins unilingues, nos deux pays ont assurément la chance d'apprendre la langue de l'autre sans difficultés. Le Canada et la Belgique offrent un potentiel énorme pour l'apprentissage d'une seconde langue :  nous avons des native speakers à deux pas de chez nous ; nos élèves peuvent récolter immédiatement les fruits de cet apprentissage dans leur vie quotidienne. Nous avons ainsi développé une expérience et une connaissance scientifique de premier plan sur le multilinguisme et les bénéfices qui en découlent.

Apprendre une langue, c'est se construire. C'est entrer dans l'univers culturel qui nous précède et nous façonne. C'est avant tout se donner la chance de mieux se connaître soi-même. S'il est fondamental d'approfondir et de bien maîtriser sa propre langue, en apprenant une langue étrangère, on ajoute chaque fois un étage à son édification personnelle. Non seulement, comme le disait Goethe :  "Qui ne connaît pas de langue étrangère, ne sait rien de la sienne". Mais s'initier à une langue étrangère, c'est apprendre à voir le monde avec d'autres yeux que les siens. Cela complète notre vision du monde.

S'éveiller à une autre langue permet d'infiniment mieux rencontrer et connaître ceux dont c'est la langue naturelle. Quand on est amené à travailler ou à vivre avec une personne issue d'un autre environnement linguistique, pouvoir s'adresser à elle dans sa propre langue, permet d'augmenter la qualité de nos relations. Cette rencontre nous ouvre à des valeurs que nous ignorions et peut être source de nouvelle créativité. L'apprentissage des langues devient ainsi une promesse de paix, ce vecteur pour un avenir meilleur".

En janvier 2019, le Roi se rend à Eupen pour la séance académique marquant le centenaire de l'appartenance de l'actuelle communauté germanophone à la Belgique, quelques mois après la fin de la première guerre mondiale.

lundi 7 janvier 2019

L'année 2018 du prince Laurent

                                    

Avec le prince Laurent, on ne s'ennuie jamais et rares sont les années où il ne fait pas l'actualité. 2018 n'y a pas échappé. Petit récapitulatif...

1° Sa dotation

En janvier, lors de sa visite au Salon de l'Auto, le prince réagit, pour la première fois, à la proposition du gouvernement belge de lui retirer 15% de sa dotation en 2018 :   "Je ne comprends pas pourquoi nous n'avons pas été entendus et pourquoi une partie de la dotation a été retirée. Mais je ne suis pas assez intelligent pour comprendre".  On lui reproche de ne pas avoir demandé l'autorisation du ministre des Affaires étrangères pour avoir assisté, en uniforme de l'armée belge, à une réception organisée à Bruxelles pour le 90ème anniversaire de l'armée chinoise. 

Il décide d'écrire une lettre au Parlement en mars : 

"Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres et Secrétaires d'Etat, 
Mesdames et Messieurs les Députés,

Comme vous le savez, je n'ai pas été convié à m'exprimer devant votre assemblée, lorsqu'elle va prendre en considération ce jour la proposition de retenue sur la dotation allouée à un membre de la famille royale du conseil des ministres du 14 décembre 2017. Dès lors, je n'ai d'autre choix, compte tenu également du calendrier extrêmement serré que vous avez décidé, que de me limiter à vous adresser ce court message. Pour la deuxième fois, je ne serai pas en mesure d'être défendu devant l'institution compétente pour co-décider d'une retenue sur dotation, en vertu de l'article 11 de la loi du 27 novembre 2013 (loi concernant les dotations et les indemnités octroyées à des membres de la famille royale).

Et pour la deuxième fois, l'institution va décider sur base d'une note ou d'un rapport contenant des faits et arguments nouveaux, auxquels l'on ne me permet pas d'apporter une contradiction. Quand bien même vous penseriez pouvoir vous affranchir de cette exigence fondamentale du procès équitable, au motif que des recours judiciaires me seraient ouverts, j'attire votre attention sur la dimension symbolique sans équivalent de la décision qui sera la vôtre. Elle est susceptible de me causer un préjudice grave, et difficilement réparable.

Le gouvernement vous demande de me sanctionner pour un fait, mais la légèreté de ce grief n'échappe à personne. C'est de mon existence même que l'on fait le procès, et ce procès a commencé il y a bien longtemps. Il est sans cesse mené dans les médias, et sans doute dans vos esprits comme dans ceux de certains compatriotes. Une liste de maladresses, d'erreurs, de fautes, sans cesse plus longue au fil des années, sans cesse plus accablante, car uniquement à charge, jamais à décharge. Mais je vous le demande :  lequel d'entre vous résisterait à un tel résumé de sa vie, à un tel jugement dernier? Je n'ai pas demandé ce déploiement de procédures, j'ai même essayé de l'éviter.

J'ai proposé d'accepter une sanction, même injuste, si le gouvernement acceptait de clarifier une loi rédigé trop hâtivement, qui permet un arbitraire dont les juges que vous êtes aujourd'hui, sont partie. Le refus de cette seule solution véritable ne me laisse pas d'autre choix que de contester jusqu'au bout le terrible précédent que constituerait cette sanction, car elle ferait planer une menace permanente sur moi-même, et surtout sur ma femme et nos enfants. Dois-je vous rappeler que ni moi-même, ni ma famille ne bénéficions de la protection sociale (soins de santé, invalidité, pension) qui constitue heureusement le socle de l'existence des autres citoyens de ce pays?  La plupart ne le savent pas, beaucoup font mine de l'oublier :  depuis ma plus tendre enfance, mon existence a été mise au service de mon frère, de ma famille et de l'Etat.

Je n'ai pas pu travailler comme je l'entendais, ni lancer des projets qui eussent permis mon indépendance. Je devais même obtenir l'autorisation pour me marier, et aujourd'hui encore on me fait payer pour avoir choisi une femme que j'aime, sans titre ni fortune. Cette dotation, que l'on parle de réduire ou supprimer au gré des vents politiques ou médiatiques, est le prix d'une vie, le prix de ma vie, qui est largement derrière moi aujourd'hui. Dois-je en outre vous rappeler que les trois quarts de cette dotation constituent des frais de fonctionnement, soumis à un contrôle strict de la Cour des Comptes? Ce n'est pas une faveur, quoi qu'en pensent ceux qui croient que l'argent peut acheter tous les droits, ou permet d'exiger une totale soumission.

Je ne suis pas exempt de fautes, et je suis le premier conscient que des personnes bien plus démunies que moi subissent un sort pire encore. Mais je ne pense pas qu'un autre citoyen de ce pays ait été, sa vie durant, instrumentalisé avec un tel acharnement, et les projets constamment entravés par sa famille et par des "manquements graves" de certains responsables politiques, comme la Cour de Cassation vient encore de le confirmer. Or, je tiens à le dire, j'ai toujours poursuivi, en âme et conscience, les missions que l'on m'a confiées, ainsi que les projets que j'ai moi-même initié ou tenté d'initier.

C'est avec passion, et avec succès je ne crains pas de l'affirmer, que je me suis lancé avec l'aide de personnes précieuses que je remercie ici, dans la gestion durable de l'environnement au sens le plus large, et dans la protection animale, singulièrement pour les démunis. Rappelez-vous comme certains souriaient de ces initiatives, les mêmes parfois qui aujourd'hui trouvent ma présence encombrante dans ces matières devenues d'une brûlante actualité. Je ne sais pas si vous pourrez entendre ce message. Mais je me dois d'espérer que vous n'allez pas faire injure à l'idée de justice et donc que vous envisagerez plutôt de compléter, de façon juste et respectueuse des droits fondamentaux, le travail législatif que vous avez laissé inachevé".

Il ne sera pas entendu :  la Chambre vote (93 voix pour et 23 voix contre) la diminution de 15% de sa dotation pour l'année 2018, ce qui correspond à 46.000 euros en moins.

La veille de la fête nationale, Maître Arnauts, l'avocat du prince, annonce que ce dernier a décidé d'attaquer l'Etat belge devant le Conseil d'Etat. Son recours se fonde notamment sur la violation des droits de la défense.

En décembre, le journaliste Pierre De Vuyst du "Soir Mag" demande à Laurent :

"Parfois, n'avez-vous pas l'impression d'être mal compris?
- Je ne fais pas tout ça pour être compris. Ce serait arrogant de ma part, je veux juste expliquer aux gens vers quoi je tends.

- C'est quand même mieux d'être compris, non?
- La presse comme le politique n'aime pas parler de choses dont elle a une conception bien définie. Un prince en Belgique, pour la politique et la presse, ne peut pas penser. Il est un sujet, il doit à la limite être un automate qui obéit. Mais les choses ne sont pas aussi faciles que cela. On est un être avec ses convictions et ses sentiments. Et quand on n'entre pas dans le jeu ni du politique, ni du journaliste, on se prend une pluie de critiques, parce qu'on n'est pas politiquement correct.

- Mais c'est important pour un prince d'observer une certaine neutralité dans notre pays?
- Ca veut dire quoi être neutre?  En général, ceux qui fixent les règles pour les autres sont les premiers à ne pas les appliquer. Moi, je ne sais pas ce que c'est qu'être neutre. Par rapport à quoi? Par rapport à qui?  Souvent, quand on place des barrières, c'est pour faire taire de manière soi-disant démocratique quelqu'un avec lequel on ne veut pas être confronté. Les politiques font ça : ils dressent des barrières et exigent de quelqu'un qu'il reste neutre. Le sont-ils, eux, en exigeant de quelqu'un d'autre qu'il soit neutre?  Non!

- A 55 ans, quel bilan tirez-vous de votre action?
- Ce fut très dur. La leçon que j'ai apprise :  vous voulez être un pionnier, vous le payez très cher. Vous voulez votre indépendance, vous la payez très chère. Vous voulez sortir des sentiers battus, vous le payez très cher. Je suis juste fatigué de l'avoir payé si cher. Et ça continue!".

2° Son soutien à la lutte contre le cancer

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Au printemps 2018, le prince Laurent, la princesse Claire et leurs trois enfants apportent leur soutien à l'opération Télévie lors de leur visite à RTL House :  chaque photo publiée sur les réseaux sociaux de la chaîne avec ces marques rouges et le hashtag Tribu Télévie rapporte 1 euro à la recherche contre la leucémie.

Au nord du pays, le prince a rendu visite au service de jour en oncologie de l'hôpital AZ Vesalius à Tongres avec l'asbl Actie Lienemientje à qui il accorde son Haut Patronage depuis plusieurs années.

3° Son retrait des sociétés REC Arlon 67 et Cerbux Invest

Ces deux sociétés sont propriétaires de la Maison des Energies Renouvelables, créée à l'initiative du prince Laurent aux numéros 63, 65 et 67 de la rue d'Arlon dans le quartier européen. L'achat de ces immeubles avait été financé uniquement par emprunt, mais faute de locataires (les loyers étant assez élevés), les revenus de la location ne couvraient plus les emprunts consentis. En avril 2018, la Maison des Energies Renouvelables est mise en vente et estimée à cinq millions d'euros.

Puis, la presse révèle que les quatre administrateurs (dont la princesse Claire) ont démissionné des deux sociétés le 30 juin 2018, et qu'elles appartiennent désormais à la famille d'Aldo Vastapane. Ce dernier a souvent été présenté comme l'un des amants de la princesse Paola mais cette rumeur n'a jamais été prouvée. Par ailleurs, le comte Etienne Davignon qui avait été appelé il y a dix ans par le Palais pour conseiller financièrement le prince Laurent dans ses projets immobiliers de la rue d'Arlon, a logiquement mis fin à ce rôle en 2018.

Le retrait du couple princier de ces deux sociétés en déficit qui ont fait couler beaucoup d'encre, ne peut être qu'une bonne chose pour l'image de la monarchie. Mais c'est un échec personnel pour le prince Laurent qui tenait beaucoup à cette Maison des Energies Renouvelables.

4° La création de l'asbl Environment Network

En juin 2018, le couple princier et leur ami Etienne Vrebos créent une nouvelle asbl Environment Network. Elle reprend les activités et l'actif net de l'asbl Global Sustainable Development Trust, en liquidation et en procès afin de récupérer les millions d'euros que l'Etat libyen doit à cette association. En effet, dix ans plus tôt, Global Sustainable Development Trust avait signé un contrat de 70 millions d'euros avec le ministère libyen de la Politique agricole, afin de reboiser des milliers d'hectares désertiques sur la côte. Suite à la rupture unilatérale du contrat, un procès est lancé contre l'Etat libyen. Après plusieurs années de procédure, un arrêt de la Cour d'Appel de Bruxelles oblige la Libye à verser des dommages et intérêts, assortis des intérêts et des frais de justice, aux liquidateurs de Global Sustainable Development Trust pour un montant d'environ 50 millions d'euros.

Avec cet argent, la nouvelle asbl a pour buts la création, le développement ou/et la gestion de projets environnementaux ou écologiques, aux niveaux national et international.

"Le Soir Mag" a demandé au prince Laurent s'il avait un projet concret pour utiliser cette somme :

"Oui, tout à fait. Je voudrais créer une Ambulance Verte. J'ai eu dans ma vie la chance ou la malchance de côtoyer des gens très différents, les plus pauvres comme les plus riches, des politiques, des chefs d'Etat. Cela m' horripile au plus haut point quand un chef d'Etat décrète qu'un autre pays doit subir des punitions sous forme de sanctions économiques. Pourquoi? Parce que ce n'est pas le chef d'Etat du pays puni qui souffre. C'est sa population!  De quel droit décider cela? C'est juste pathétique. Ce que je voudrais, c'est créer une Ambulance Verte qui viendrait en aide aux populations sous des régimes de sanction et en guerre. Une équipe de techniciens qui viendrait en aide aux personnes sinistrées, dans des conflits, et suggérerait au gouvernement local de développer un projet avec l'aide d'institutions internationales :  développer l'agriculture locale servant aux besoins des populations. C'est une forme de reconnaissance de ces populations locales. Et en agissant sur place, cela pourrait limiter les migrations. On créerait des pôles de compétences locaux dans le secteur de l'agriculture, de l'élevage et de la foresterie, qui sont intimement liés. Ainsi, comment arrêter les dunes et en même temps fabriquer de la nourriture pour les animaux et les humains, et en même temps créer des forêts, tout en contenant l'eau dans le sol et en créant une bien utile diversification des plantations? C'est ce que je voudrais faire, tout en mettant en place des systèmes d'énergie renouvelable pour fournir de l'énergie à ces populations".

5° La Fondation Prince Laurent

Les quatre dispensaires de la Fondation Prince Laurent (à Bruxelles, Gand, Seraing et Hornu) continuent de proposer des soins vétérinaires gratuits pour les animaux de personnes précarisées. Le dispensaire d'Anvers a été fermé en 2018, faute d'accord avec la Ville d'Anvers pour restaurer le bâtiment. Par contre, celui de Gand - qui existe depuis 2012 - a déménagé dans un endroit plus grand, grâce à une bonne collaboration entre la Fondation Prince Laurent, l'Université de Gand, la Ville de Gand et la Faculté de médecine vétérinaire (qui y envoie des étudiants en stage). 

Le prince explique au "Soir Mag" :   "Nos dispensaires réalisent ce que le secteur public ne fait pas. Pour notre travail, nous sommes reconnus dans toutes les villes où nous exerçons, sauf à Anvers où nous avons eu un blocage. Nous le regrettons car ceux qui nous bloquaient le faisaient pour les mauvaises raisons. Les autres ont compris notre utilité. Les villes de Gand et de Liège ont compris que leurs étudiants en médecine vétérinaire avaient un manque cruel d'expérience pratique. Nous leur offrons cette expérience à travers des stages de formation en alternance. Cela les a séduites, au point d'investir chacune 100.000 euros dans la création d'un nouveau dispensaire. A Liège, le dispensaire va être installé sur le site de l'abbaye Saint-Laurent aux côtés de treize autres services sociaux, parmi lesquels des abris pour SDF ou personnes en difficultés momentanées. Qu'Anvers ne comprenne pas notre utilité de la même manière, cela m'échappe..."

En décembre, le couple princier et leurs trois enfants lancent la 8ème édition du Plan Froid de la Fondation Prince Laurent, en collaboration avec le Foyer Georges Motte de l'Armée du Salut à Bruxelles. Ce centre d'accueil héberge des hommes seuls en difficulté et accomplit avec eux tout un travail de réinsertion. La Fondation Prince Laurent complète ce service en mettant à disposition du foyer des modules de logement temporaire, des abris en containers chauffés qui peuvent accueillir 18 personnes accompagnées de leur chien ou chat toutes les nuits de 20h à 9h du matin. En sept ans, ce sont plus d'une centaine de sans-abris qui ont pu en bénéficier.

"Le Soir Mag" a demandé au prince pourquoi il mène ce combat. Il a répondu :   "Tout simplement parce qu'il y a un manque à la base. Les pouvoirs publics ne proposent pas ce type d'accueil. Les animaux ne sont pas les bienvenus dans les infrastructures existantes ou alors ils se retrouvent en cage. C'est dommage que les structures publiques n'acceptent pas que des animaux puissent être logés au côté de leur compagnon humain. Selon notre expérience, ces animaux ne se battent pas, sont très propres et sentent qu'il existe avec les sans-abris une forme de collégialité. L'homme et l'animal forment comme une meute. L'animal est un être magnifique, à la fois un gardien, un guide et un compagnon. Tout ce que l'empathie offre.

La Fondation a un triple rôle à jouer. Un rôle scientifique : comprendre. Un rôle social : héberger ces gens qui sont à la rue suscite moins de problèmes de leur part ou envers eux. Car, curieusement, les sans-abris sont des cibles souvent attaquées le soir. Notre dernier rôle est social : nous essayons de réinsérer ces humains dans la société. Aucun journaliste n'a jamais écrit que nous jouions aussi ce rôle-là! Jusqu'à l'an dernier, on en a sorti six d'entre eux de la rue.

L'idée de la fondation m'est venue quand j'avais cinq ans. Je me promenais avec ma mère le long des étangs Mellaerts. J'ai vu un vieillard qui se trouvait à la rue. Je me suis dit :  "Un jour, je ferai quelque chose pour lui". Au fait, ce "lui" s'est multiplié par 300.000!  C'est l'estimation du nombre de gens que nous avons aidés depuis 1996, grâce en particulier à nos dispensaires. Ces gens, nous les avons recueillis, aidés, mais nous les avons aussi écoutés. Ceux-là, ils rayonnent. C'est ce que nous avons accompli. Je n'ai jamais aimé la pression que quelqu'un de fort peut exercer sur quelqu'un de moins fort. J'ai toujours eu pour cela un rejet total. Ca ne m'a toujours pas quitté!". 

Il rappelle aussi son souhait d'inscrire les droits des animaux dans la Constitution belge :   "C'était important pour moi en 2017 de signer cette pétition de Gaia, d'abord parce qu'il n'y a pas que moi ou ma fondation qui faisons quelque chose. D'autres également, et il faut honorer leur travail. Ensuite, je suis, comme le célèbre biologiste Konrad Lorenz, très impressionné par le monde animal qui maîtrise davantage que nous le concept d'empathie. Vous savez, des gens sont morts pour avoir dit que la Terre était ronde. Aujourd'hui, plus on évolue, moins on connaît le monde qui nous entoure, en particulier le règne animal, dont nous faisons partie. Nous sommes des animaux avec beaucoup de défauts. Quel est l'animal qui thésaurise outre mesure, sinon l'homme? C'est juste pathétique. L'écureuil thésaurise ce dont il a besoin, l'humain thésaurise ce dont il n'a pas besoin. A outrance, ce qui n'est pas durable. Le monde animal obéit à des règles de durabilité. L'humain est le seul à faire des choses qui l'entraînent dans la non-durabilité". 

"Le Soir Mag" lui demande ensuite son avis sur le véganisme qui défend les droits des animaux et leur non-exploitation (ne plus porter de chaussure en cuir, p.ex.) :   "Vous avez tout de même des animaux qui meurent naturellement. Cela ne me dérange pas qu'on puisse utiliser le cuir de ces animaux, qui ne sont quand même plus là. Cela vaut aussi pour les boutons en corne, etc. De là à faire des élevages intensifs pour la fourrure ou autre...alors qu'on fait aujourd'hui des tissus magnifiques à base de produits naturels. Ce qui est à base de plastique, comme le cuir synthéthique par exemple, j'essaie de l'utiliser le moins possible. Je m'alimente très mal : je l'avoue, mon régime n'est pas très équilibré. J'aime bien les pâtes et je n'ai jamais été un carnivore. Je mange parfois du poisson, comme une bonne sole meunière ou sauce mousseline. C'est évidemment sain de manger du poisson, mais il ne faut pas pour cela pratiquer la pêche intensive et faire des hécatombes d'animaux. Pour ma part, je tends un peu vers le végétarisme, mais mon épouse veut que les enfants mangent de tout, des protéines, des légumes. Suivre une tendance ne m'intéresse pas beaucoup. Si ceux qui pratiquent le véganisme sont contents avec cela, je suis ravi pour eux. Et ça ne fait pas de tort à la nature". 

6° Son soutien aux associations en faveur des personnes défavorisées

En dehors de ses dispensaires et du Plan Froid de sa Fondation,  le prince Laurent a soutenu en 2018 l'opération Viva for Life, l'Armée du Salut et le centre d'accueil pour sans abris La Fontaine, tandis que son épouse continue de parrainer la Maison Reine Marie-Henriette pour enfants en difficulté et la Fondation Pro Renovassistance qui restaure des immeubles pour les mettre ensuite en location à des familles défavorisées. 

Le couple princier emmène régulièrement leurs trois enfants lors de ces activités sociales, comme l'explique le prince au "Soir Mag"  :    "Quand vous sortez et que vous voyez des choses, cela forge votre mental. Nos trois enfants ont une fibre sociale. Ils n'aiment pas quand des êtres, des humains ou des animaux, sont maltraités. Le fait de les emmener avec nous accomplir des visites sociales ne peut qu'être bénéfique pour eux. Si je ne m'étais pas promené avec ma mère quand j'étais petit, je n'aurais jamais vu cette personne en difficulté dont je vous parlais. Rester à la maison n'est pas très utile. Nous essayons de leur donner le goût de la découverte d'autrui. Ils feront plus tard ce qu'ils veulent, ils ne m'appartiennent pas. Ces enfants nous ont été "donnés". Nous avons à les élever, à leur offrir l'environnement propice pour qu'ils puissent faire leur choix de vie. S'ils devaient évoluer dans l'égoïsme, ils seraient égoïstes. J'aimerais bien cependant qu'ils puissent devenir des êtres doués d'empathie. C'est-à-dire qu'ils comprennent les sentiments d'autrui, mais pas seulement. Qu'ils regardent, qu'ils observent, c'est le contraire du bourru.

- Vous ne l'êtes pas, vous, bourru?
- Je ne suis pas bourru, j'ai très mauvais caractère!  Mais je déteste la bêtise et l'hypocrisie. Je ne pense pas être bourru. Bourru, c'est quelqu'un qui n'est pas raffiné. Vous ne le savez pas, mais moi, j'ai dû me battre dans la vie. Sinon, je n'aurais pas été où je suis aujourd'hui". 

7° Ses activités officielles

Avec 52 activités officielles en 2018, le prince Laurent a été moins actif que les années précédentes depuis le changement de règne (30 en 2009,  40 en 2010,  31 en 2011,  35 en 2012,  61 en 2013,  59 en 2014,  72 en 2015,  87 en 2016,  56 en 2017,  52 en 2018). Parmi ces activités, on retiendra sa présence dans la foule, sans aucun protocole, aux funérailles des deux policières tuées dans l'attentat de Liège.

Il a participé aux côtés de sa famille à plusieurs activités durant le deuxième semestre :  défilé militaire de la fête nationale, messe pour les 25 ans du décès du roi Baudouin, dîner de gala en l'honneur du président français Emmanuel Macron, Te Deum de la fête du Roi, séance académique sur la traite des êtres humains en souvenir du combat du roi Baudouin. Une image n'est pas passée inaperçue :  le 15 novembre, le prince Laurent ignore complètement son père avec qui les relations semblent toujours très difficiles.

En 2018, malgré le différend avec le gouvernement fédéral sur sa dotation, le roi Philippe a gardé sa confiance en son turbulent frère cadet :   il l'a invité à tous les événements importants de la Cour, il lui a demandé de présider avec la princesse Claire une des finales du Concours Musical International Reine Elisabeth, et de le représenter à Mons pour la commémoration de l'Armistice.

Et pour terminer, signalons qu'en 2018, le couple princier a fêté ses 15 ans de mariage. Leurs trois enfants ont l'air bien épanouis lors de chacune de leurs apparitions publiques. Cette vie de famille est sans doute l'une des plus belles réussites du prince Laurent, qui n'a pas connu une enfance aussi heureuse. Quant à la princesse Claire, c'est une femme charmante qui apporte de la sérénité à son époux et qui donne une bonne image de notre monarchie.