dimanche 28 février 2010

Interview de la princesse Léa de Belgique

Trois mois après la disparition de son époux, la princesse Léa a accordé cette semaine une interview à Nancy Ferroni pour le journal "La Dernière Heure/Les Sports" :

"Cette année, comme chaque année, se tiendra la soirée de gala du Fonds d'entraide Prince et Princesse Alexandre?
- En effet, la date retenue est celle du 19 mars. Et elle se déroulera à l'hôtel de ville de Gand, dans la salle du trône. Le prince et moi avions choisi d'aider les sans-abris. Nous avions déjà choisi ensemble tous les thèmes jusqu'en 2016! Des thèmes qui nous touchaient et nous semblaient proches. L'année prochaine, ce sera la maltraitance des femmes. Le prince a toujours été un homme discret, vous le savez, tandis que je me chargeais d'aller souvent seule aux soirées pour sensibiliser les donateurs. Depuis son décès, j'ai refusé deux bals, dont celui de l'Unicef. Cela aurait été inapproprié. Pour le gala de notre Fonds, je ferai un bref discours et on projettera la photo du prince, mais cela s'arrêtera là, je ne veux pas attrister les invités. Et comme je l'ai toujours suggéré lors des précédentes soirées, je propose un code couleur pour la tenue des dames : cette année, c'est une touche de jaune-vert.
- Vous refusez des soirées mais vous allez personnellement servir la soupe aux SDF!
- Quand nous choisissons un thème, nous nous engageons à fond. C'est vrai, chaque dernier lundi du mois, je vais concrètement servir les repas à l'association La Maraude à Bruxelles. Tout l'argent récolté cette année sera totalement reversé à plusieurs oeuvres, dont celle-ci. J'y veillerai.
- Vous êtes d'un naturel optimiste, mais comment arrivez-vous à trouver la force pour aujourd'hui poursuivre?
- C'est un combat de tous les jours. Même si je faisais beaucoup de choses seule avant, Alexandre me donnait sa force. Mon énergie venait de lui. Aujourd'hui, tout me demande un effort. Nous avions une complicité très forte ; mon mari m'a appris énormément en ces 23 années de vie commune. Il avait une telle abnégation pour lui mais il donnait tellement pour les autres. Dans notre maison de Lansrode, le silence me pèse chaque jour. Ma thérapie, après un long moment d'abattement, est de redoubler maintenant d'activité, comme avec les sans-abris, aller sur le terrain. Il aurait aimé cela, savoir que notre Fonds était devenu une fondation tout-terrain.
- On a vu le Roi très ému lors des funérailles. L'avez-vous revu depuis?
- Non, mais je l'ai entendu. Et toute la famille royale, sans exception, m'a soutenue et a pris de mes nouvelles.
- Ici, dans votre propriété, on voit énormément de choses qui rappellent Argenteuil, dont ces photos superbes de la harde de cerfs qui vivait dans le parc. Sur une étagère, votre mari avait aussi encadré un laissez-passer pour entrer dans la propriété, marqué du sceau "Service du roi Léopold". Le départ du château a dû le marquer profondément?
- Il en a été très bouleversé, véritablement malheureux. Une déchirure. Plus tard, alors que nous étions installés ici, il n'exprimait pas de souhait précis. Simplement que nous soyons protégés, il était inquiet par nature.
- Quel souvenir voudriez-vous que l'on garde du prince?
- L'image d'un grand homme, exceptionnel, trop modeste. Le vide qu'il est laisse est inversement proportionnel à la place qu'il occupait, vivant.
- Un homme qui avait horreur des surprises aussi?
- En effet, mais la vie lui avait aussi réservé de bien mauvaises surprises, comme lorsqu'il a dû être opéré du coeur en 1957 et qu'on lui a fait croire qu'il partait en vacances aux Etats-Unis pour une semaine.
- Où vous étiez-vous connus?
- A la mer du Nord, à Knokke, chez des amis communs. Rencontre banale, mais dès ce moment, ce fut une évidence, comme si nous nous connaissions depuis toujours.
- Il n'aimait pas la foule, les soirées, les galas?
- Non, ce restaurant où nous déjeunons était déjà trop à la mode pour lui. Il aimait les endroits discrets à l'ancienne, où le service était assuré, et la bonne gastronomie.
- Il était aussi tintinologue averti?
- En effet, il avait tous les albums de Tintin et se réjouissait d'ailleurs d'aller visiter le Musée Hergé. J'y suis allée seule après son décès avec la fille de Chang comme guide. Il lui aurait sûrement posé un tas de questions. Moi, pour ne pas avoir l'air idiote, j'ai relu "Le lotus bleu" pendant deux semaines!".

1 commentaire :

  1. La disparition de son époux semble l'avoir beaucoup affecté et c'est normal qu'elle n'en dise que du bien, sa présence à la commémoration des défunts de la famille royale était très appréciable; il faut reconnaitre que le Prince était un homme très discret et sans doute très humble, maintenant le Roi n'a plus que ses demi-sœurs.

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