Pour sa 85ème mission économique depuis 1993, le prince Philippe a emmené une délégation belge de 387 entreprises sur la côte ouest des Etats-Unis (Los Angeles, San Francisco, Silicon Valley et San Diego) du 2 au 8 juin 2013. Cette mission économique était organisée par l'Agence pour le Commerce Extérieur, en collaboration avec les services régionaux du commerce extérieur (Awex, Flanders Investment and Trade, Brussels Invest and Export). 40% des entreprises de la délégation étaient issues des secteurs de la technologie de l'information et de la communication, suivies par le secteur pharmaceutique et la biotechnologie, puis l'audiovisuel. Et on trouvait aussi au sein de la délégation des représentants des grands bureaux d'avocats, des banques, de la mode, du design, des grandes universités du pays, etc. Le duc de Brabant était accompagné du ministre des Affaires étrangères Didier Reynders et des ministres régionaux wallon Jean-Claude Marcourt et bruxellois Céline Fremault. Retenu par la crise politique au sein du gouvernement flamand, le ministre-président flamand Kris Peeters n'a pas participé à la mission.
Après avoir connu quelques soucis techniques au cours du vol aller et dû faire une escale imprévue à Londres, la délégation belge était le lundi 3 juin à Los Angeles. Le prince Philippe a visité UCB-AMGEN, déjeuné à la résidence du consul de Belgique, visité les studios Disney (comme son oncle le roi Baudouin l'avait fait en 1959) et assisté à une cérémonie de signature de contrats et au lancement par la Fédération de l'Industrie Alimentaire Belge de son nouveau concept "Food be. Small Country. Great food" afin de mettre en valeur l'excellence de l'alimentation et faire augmenter les exportations. Mais l'image de cette première journée, c'est la remise de l'Ordre de Léopold par le prince à Bob Iger, le patron de Walt Disney.
Mardi, après une réunion chez Rand Corporation, le duc de Brabant a prononcé un discours devant le Pacific Council, assisté au séminaire "This must be Belgium : what Belgium has to offer in the film industry" et dîné avec le maire de Los Angeles Antonio Villaraigosa. Mercredi matin, la délégation quittait Los Angeles pour San Francisco, où le prince a inauguré le show-room des Ateliers Vierkant (design belge) et présidé la Belgian entrepreneur's night.
Programme chargé jeudi : réunion à Venture Capital avec NEA, visite de l'université de Berkeley, visite de Google, activité avec le Mundaneum des Belges Paul Otlet et Henri La Fontaine, cérémonie de signature de contrats à l'Hôtel Intercontinental, et séminaire "Life Sciences in the Bay". Vendredi, le prince héritier a visité Hewlett Packard, l'entreprise Cisco et l'Université de Stanford (où il a étudié dans les années 80), et rejoint des hommes d'affaires et des journalistes belges dans un bar pour regarder le match de nos Diables Rouges contre la Serbie.
Le duc de Brabant a répondu aux questions des journalistes belges :
"Monseigneur, êtes-vous satisfait du déroulement de cette mission en Californie?
- C'est une mission très réussie, une fois de plus. On innove sans arrêt.
- On se trouve ici au cœur du secteur des nouveaux médias. Obama et le Pape tweetent. Etes-vous prêt à le faire, à ouvrir un compte sur Twitter et Facebook?
- Le moment venu, je le ferai. Bien sûr, çà m'intéresse. Pour l'instant, cela ne fait pas partie de la philosophie de la maison royale. Cela ne veut pas dire qu'il y aura des tweets quatre fois par jour.
- Comment vivez-vous toutes ces rumeurs autour de l'abdication du Roi?
- Pour moi, ce qui compte, c'est ce qu'on fait ici dans les missions. Pour le reste, çà adviendra un jour. Mais sachez que je m'y prépare avec enthousiasme.
- Tout le monde vous a trouvé plus cool sur cette mission en Californie, vous avez souvent fait de l'humour. Qu'est-ce qui a changé chez le prince Philippe?
- Je ne sais pas si j'ai changé. Je ne demande pas mieux de changer. Il faut être content de soi, bien sûr, mais pas trop. Il faut pouvoir s'améliorer. Ici, il y a une bonne ambiance. Les Américains apportent quelque chose de frais ; ils arrivent avec un a priori positif.
- Vous avez souvent fait rire le public.
- Quand le public répond, on peut être drôle, çà donne envie de s'amuser.
- Vous aimez présider ces missions mais quand vous serez roi, vous continuerez à les présider ou vous passerez le relais?
- Il faut voir comment les choses se mettent en place, si çà peut se faire ou pas.
- La princesse Mathilde ne participait pas à cette mission. Vous manque-t-elle? Et que vous apporte-t-elle?
- Nous sommes surtout complémentaires, nous formons une équipe pour représenter le pays. Sa présence était peut-être moins nécessaire ici ; c'était une mission centrée sur les technologies.
- Dans un style très hollywoodien, vous avez été immortalisé avec Astrid Bryan, star de la téléréalité en Flandre. Vous êtes content?
- Je la trouve sympathique et belle.
- Avez-vous vu les photos?
- Non. Pourquoi? Y a-t-il quelque chose de mal avec ces photos?
- Vous êtes sportif, vous avez couru récemment les 20km de Bruxelles. Vous l'avez fait pour l'image?
- Je l'ai fait avant tout pour moi et mes enfants. Quand j'ai passé le cap des 40 ans, c'est devenu un challenge. Après 50 ans, je me suis dit qu'il était temps de faire plus de sport. Mes enfants sont sportifs également, mon fils Gabriel notamment. Je veux rester jeune pour eux. C'était une expérience fantastique ; l'ambiance était très sympathique.
- Les Diables Rouges sont devenus extrêmement populaires en Belgique?
- Les joueurs sont très sympathiques, ils font du bien au pays. Et s'ils se qualifient pour la prochaine coupe du monde, j'irai peut-être au Brésil, mais pas dans le cadre d'une mission économique. Nous avons à la tête des Diables un formidable capitaine d'équipe. Vincent Kompany a de la classe, une certaine allure.
- Les succès des Diables peuvent-ils influencer les élections de 2014?
- Ah, cela, çà dépend des électeurs.
- Mais les victoires des Diables peuvent-elles diminuer le risque d'éclatement du pays?
- D'abord, il faut marquer les buts...
- Vous avez étudié à l'Université de Stanford que nous avons visitée ce vendredi. Nostalgique de cette époque?
- J'ai adoré mon temps là-bas. Il y a un esprit formidable, un bel enthousiasme. Je trouve qu'ils ont une approche très intéressante, ils sont obligés d'avoir un esprit de synthèse. Il faut pouvoir motiver son jugement et être clair. Cela m'a appris beaucoup de choses, des clés pour ma vie. Lors de ma visite chez Google, j'ai dit aux responsables qu'Internet est un outil fabuleux, mais qui ne pousse pas à la synthèse. Je me demande si les enfants ne risquent pas de désapprendre.
- Avez-vous la nostalgie de ces années à Stanford?
- Un peu oui, c'est normal. Ne fut-ce que parce que j'ai 53 ans et que j'en avais 23 quand j'étais là-bas. Mais il ne faut pas être nostalgique du passé. Croire que la vie est plus belle à 20 ans est un mythe. Elle est plus belle à 50 ans qu'à 20 ans si on la vit plus intensément.
- Que lisez-vous?
- Je ne répondrai pas à cette question ; c'est très personnel.
- Le gouvernement vient de trouver un accord pour réduire les dotations princières. Est-ce une bonne chose?
- Je ne vais pas répondre ; vous savez bien que ce n'est pas le moment d'en parler.
- Votre fille Elisabeth sera un jour reine des Belges. Comment la préparez-vous? Que lui enseignez-vous? Que sait-elle de la situation politico-économique en Belgique?
- Cela se fait petit à petit. Il faut d'abord qu'elle suive son cursus scolaire, qu'elle ait une éducation normale, de bons hobbies, et soit bien dans sa peau et qu'elle soit elle-même. Les enfants perçoivent beaucoup de choses. Nous sommes allés visiter la Station Princesse Elisabeth. C'est une fille fantastique et intelligente, qui a une personnalité bien solide déjà pour son âge.
- Comme son papa ou comme sa maman?
- Les deux, j'espère...".
Après deux missions économiques princières, la nouvelle ministre régionale bruxelloise de l'Economie Céline Fremault s'est exprimée sur le duc de Brabant, et son avis rejoint celui de ses collègues : "J'ai eu l'opportunité et la chance de le côtoyer en Thaïlande pendant quatre jours, et ici pendant toute une semaine, et je n'ai pas l'ombre d'un doute : le prince Philippe ouvre des portes qui ne s'ouvriraient pas aussi facilement pour un ministre. C'est très frappant dans les pays à régime monarchique. Les ministres y sont plus qu'honorés de pouvoir s'adresser à un prince héritier car c'est une figure forte chez eux. Mais c'était également le cas de la Chine, par exemple. Les entreprises bruxelloises étaient unanimes à leur retour de Thaïlande. Et plus récemment de Californie. Philippe ne se cantonne pas au protocole. Il va à la rencontre des entrepreneurs. Quand Thaï Airways a signé le contrat pour une quatrième liaison hebdomadaire entre Bangkok et Bruxelles, il a tenu à être présent. Il s'est levé et a pris la parole spontanément. A San Francisco, on l'a vu converser de longs moments avec les hommes d'affaire, même de façon informelle. A la fin du séjour à San Francisco, il a discuté longuement au bar de l'hôtel. Il s'est notamment intéressé de près aux découvertes scientifiques, comme les vaccins auxquels travaille Frédéric de Sauvage. Il connaît également très bien les structures et flux financiers des entreprises. Les entrepreneurs sont touchés par ce temps qu'il donne. Philippe a un dynamisme et une volonté marquée de coller aux réalités des entreprises et de leur être plus utile. Il se sent bien dans cet exercice qu'il maîtrise et pratique avec beaucoup de cœur. Sa réserve est battue en brèche par un comportement spontané, un humour assez pince-sans-rire. Il est très attentif à son entourage et a une bonne mémoire. Il a toujours en tête de pouvoir être le plus utile au meilleur moment".
Hommes d'affaires, journalistes et ministres belges sont revenus très satisfaits de cette mission économique et ont souligné le côté très détendu du prince héritier (comme ce fut le cas en Thaïlande en mars).
Plus d'infos sur :
- la mission économique en Thaïlande : http://familleroyalebelge.blogspot.be/2013/03/mission-economique-en-thailande.html
- les missions économiques du prince : http://familleroyalebelge.blogspot.be/2012/03/les-missions-economiques-du-prince.html
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