Dans cette bande dessinée, le commissaire ostendais Hendrikus Ansor est appelé car un maître chanteur menace la princesse Clémentine de Belgique et des notables de Spa de révéler d'embarrassants secrets. La police locale préfère fermer les yeux pour ne pas effrayer les clients des thermes. La nouvelle enquête du commissaire se déroule en 1906 entre Bruxelles et Spa, où la reine Marie-Henriette a passé les dernières années de sa vie et où la princesse Clémentine vient encore régulièrement.
Comme toutes les bandes dessinées de cette collection, "Spa 1906" est bien documenté, et évoque l'histoire de notre pays et de notre dynastie. Félicitations aux Belges Patrick Weber (pour le scénario) et Olivier Wozniak (pour les dessins).
Qui était la princesse Clémentine de Belgique ?
Suite aux mariages de ses deux soeurs et au décès de son frère, Clémentine passe une enfance triste et solitaire au château de Laeken. Ses relations sont glaciales avec ses parents le roi Léopold II et la reine Marie-Henriette. Elle puise dans sa foi le courage de surmonter la mort de son cousin et premier amour, le prince Baudouin.
La reine Marie-Henriette fuyant de plus en plus souvent la Cour pour se réfugier à Spa, la princesse Clémentine remplit les fonctions de Première Dame aux côtés du roi Léopold II, qui la protège du caractère difficile de sa mère et lui donne une indépendance dont peu de princesses célibataires pouvaient jouir à cette époque. Mais le souverain reste intraitable sur ses projets de mariage : il ne veut pas qu'elle épouse le prince Victor Napoléon afin de ne pas compromettre les relations entre la Belgique et la République française.
Opposée aux scandales, Clémentine attend le décès de ses parents pour épouser, à l'âge de 38 ans, l'homme qu'elle aime. Le couple très uni habite en Belgique et a deux enfants : Marie-Clotilde (née en 1912) et Louis (né en 1914).
Ce bonheur est assombri par la première guerre mondiale, au cours de laquelle ils trouvent refuge en Angleterre chez l'impératrice Eugénie (veuve de Napoléon III) et apportent leur aide à des oeuvres de charité en faveur des soldats. Le prince Victor Napoléon s'éteint en 1926, laissant à Clémentine le devoir de s'occuper de l'éducation de leurs jeunes enfants avec qui elle s'entend très bien.
Après le mariage en 1938 de sa fille Marie-Clotilde avec le comte Serge de Witt et la naissance de son premier petit-enfant, la princesse Clémentine vit avec inquiétude la deuxième guerre mondiale car son fils Louis est engagé dans la Légion étrangère. Elle sera ensuite très fière de son comportement héroïque. La Question Royale qui sévit en Belgique autour du comportement du roi Léopold III l'attriste et l'incite à vivre la plupart du temps en France.
Les dix dernières années de sa vie sont heureuses et paisibles. En 1949, son fils épouse Alix de Foresta et peut enfin découvrir la France un an plus tard, suite à l'abrogation de la loi d'exil. Clémentine devient la grand-mère de onze petits-enfants et reçoit la Légion d'Honneur française à l'occasion de ses 80 ans. Elle s'éteint le 8 mars 1955 à la Côte d'Azur et est inhumée avec son époux dans la chapelle impériale d'Ajaccio.
Qui était la reine Marie-Henriette ?
Née le 23 août 1836, Marie-Henriette est la fille de l'archiduc Joseph d'Autriche, palatin de Hongrie, et de Marie-Dorothée de Wurtemberg. Elle passe une enfance heureuse en Hongrie, loin du protocole de la Cour de Vienne. A 16 ans, elle participe, pour la première fois, à un bal de la Cour.
Afin de préserver l'indépendance de la Belgique face à l'impérialisme français de Napoléon III, le roi Léopold Ier imagine un mariage politique entre le prince héritier Léopold, duc de Brabant, et l'archiduchesse Marie-Henriette d'Autriche. La reine Victoria d'Angleterre trouve cette union prématurée et incite en vain son oncle à le reporter d'un an. Après l'accord de l'empereur François-Joseph, Marie-Henriette quitte avec regret sa famille en août 1853 pour prendre la direction de la Belgique.
Mais le courant ne passe pas entre les jeunes époux. Contrairement à son mari, Marie-Henriette aime l'équitation, la peinture, la musique et la littérature. On parle de "l'union d'un palefrenier et d'une religieuse, étant entendu que la religieuse est le duc de Brabant". En octobre, ils se rendent chez la reine Victoria qui constate leurs différences et pense que leur mariage n'a pas encore été consumé.
Préoccupé par la situation du jeune couple, le roi Léopold Ier leur offre un long voyage en Orient de novembre 1854 à août 1855. Ils visitent notamment Vienne, Venise, Trieste, Corfou, Alexandrie, Le Caire, Jérusalem, Beyrouth, Damas, la Crête, Rhodes, Athènes, la Sicile, le Vatican et la Suisse. Ce voyage s'avère positif pour le couple qui s'est un peu rapproché.
En 1865, Léopold Ier meurt, la main dans celle de sa belle-fille Marie-Henriette qui devient reine des Belges. L'année suivante, le couple effectue des Joyeuses Entrées à Gand, Bruges, Ostende, Mons, Tournai, Liège, Charleroi et Namur.
Fille de Léopold II et Marie-Henriette, la princesse Clémentine écrira plus tard : "Mes parents ne se sont pas compris. Leurs chemins se sont croisés un seul instant, pour s'écarter aussitôt et à jamais. Il choisit celui de l'indifférence et de l'infidélité ; elle dut accepter celui de la résignation, de la solitude et de la douleur".
Outre des actions de charité, la reine Marie-Henriette part chercher à Miramar en 1867 sa belle-soeur Charlotte, éphémère impératrice du Mexique, et soigne des blessés au palais royal durant la guerre franco-prussienne de 1870. Elle a la douleur de perdre son fils Léopold, victime d'une pneumonie suite à une chute dans un étang à Laeken.
A partir de 1895, elle fuit la Cour, laissant le rôle de Première Dame à sa fille cadette la princesse Clémentine, et s'installe à Spa où elle se plait beaucoup et décède en 1902.
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