lundi 10 janvier 2011

Nouveau livre de la princesse Marie-Esméralda

Après deux années d'études de droit à l'Université Saint-Louis, la princesse Marie-Esméralda de Belgique (demi-soeur et filleule de notre roi Albert II) a poursuivi son cursus en communication sociale section journalisme à l'Université Catholique de Louvain-la-Neuve. "Le rôle de la presse dans l'enlèvement du baron Empain" était son sujet de thèse. La princesse s'installe à Paris, et écrit pour des magazines français et italiens. En 1998, elle se marie avec le professeur Salvador Moncada (titré "Sir" en 2010 par la reine Elisabeth II) avec qui elle aura deux enfants Alexandra et Leopoldo. Ils vivent à Londres. Après des ouvrages sur Christian Dior et le roi Léopold III, elle sort, en décembre dernier, un nouveau livre intitulé "Terre! Agissons pour la planète, il n'est pas trop tard" (éditions Racine).

Voici l'interview qu'elle a accordée à Pierre De Vuyst pour "Sud Magazine" :
"Pourquoi avoir voulu, vous aussi, écrire un ouvrage sur l'environnement?
- C'est un sujet qui m'a toujours intéressée. Je suis présidente du Fonds Léopold III pour la conservation et l'exploration de la nature. Mon père s'intéressait déjà dès les années 30 à la préservation de la nature. Je me souviens qu'il nous disait l'importance de ne pas gaspiller les ressources, de ne pas détruire l'environnement. Il en était déjà conscient à une époque où c'était politiquement incorrect de parler environnement. Donc j'y ai été sensibilisée très jeune. Mais ces derniers temps, j'entendais chez mes amis et les personnes que je rencontre tout et son contraire à propos des changements climatiques, certains soulignant l'action néfaste de l'homme sur la nature, d'autres farouchement opposés au mouvement, qu'ils qualifient d' "alarmiste", du réchauffement climatique. N'étant pas une experte dans le domaine, j'ai tout simplement entrepris une démarche journalistique en allant poser la question à ceux qui sont qualifiés.
- Comment définir ce livre alors? Comme un grand article?
- C'est en quelque sorte et même si çà paraît un brin prétentieux, l'état de la planète vu par 17 sages, des personnes remarquables qui donnent non seulement leur avis, mais apportent en plus des solutions concrètes et pratiques pour essayer d'avoir un monde meilleur.
- Des scientifiques?
- Oui, mais pas seulement. Je suis partie de l'environnement et des changements climatiques annoncés. J'ai donc rencontré des scientifiques, des aventuriers, dont les explorateurs Alain Hubert et Isabelle Autissier, le naturaliste et auteur de documentaires David Attenborough, mais je me suis rapidement rendu compte des implications dans d'autres domaines comme la santé, le social, l'économie.
- Vous avez donc rencontré des économistes?
- Oui, en pleine crise économique mondiale, çà me paraissait approprié. J'ai pu interroger l'Américain Jeffrey Sachs, mais aussi un Chinois, Yuan Ding. Car je ne voulais pas seulement avoir l'angle occidental classique, mais aussi recueillir un point de vue chinois.
- Pourquoi n'avez-vous pas interviewé d'hommes politiques belges?
- Ni des Belges, ni des autres d'ailleurs, parce que j'ai l'impression que le message est moins sincère quand ces personnes sont en exercice. Mais j'ai recueilli l'avis de Mikhaïl Gorbatchev parce qu'il a quitté la politique, qu'il fut un des premiers à s'investir dans les matières environnementales au travers de sa fondation Green Cross International. Il a aussi, en tant que président de l'URSS, beaucoup lutté pour la destruction de l'arsenal nucléaire mondial. Je voulais savoir ce qu'il pensait du nucléaire en tant qu'énergie de remplacement fort utilisée. J'aurais aussi voulu parler à l'ex-vice-président américain Al Gore, lui aussi très impliqué. Hélàs, ce fut impossible.
- Un milliard d'affamés et un milliard d'obèses ; que vient faire le cuisinier le plus célèbre du monde, Ferran Adria, dans cet ouvrage?
- La faim dans le monde qui existe en parallèle à la problématique du réchauffement et est même étroitement liée à lui m'est apparue comme l'aspect le plus choquant. J'ai interrogé la directrice du PAM, le Programme alimentaire mondial, Josette Sheeran, qui m'a expliqué que ce n'était pas du tout difficile de résoudre la problématique de la faim dans le monde. Les gouvernements ont les possibilités de le faire, sans peut-être la volonté concrète. Les promesses du G8 et du G20 sont souvent effacées au profit d'autres priorités. On ne peut pas toujours s'adresser qu'à la générosité des gens. Il s'agit bien plus de mettre en place une politique internationale. C'est aberrant qu'en 2010, un milliard de personnes sur terre souffrent de la faim. Il suffirait de 30 milliards de dollars par an pour vaincre la malnutrition à l'échelle mondiale, alors qu'on dépense 100 milliards de dollars chaque année rien qu'aux Etats-Unis pour financer les conséquences de l'obésité! C'est la première fois d'ailleurs dans l'histoire que le nombre d'obèses dépasse tout juste celui des affamés, un milliard pour un milliard! C'est dans ce cadre-là que j'ai rencontré le chef Ferran Adria qui est très engagé en Espagne dans l'éducation au goût, dès l'école primaire. Mais je n'ai pas mangé chez lui pour autant. Je n'ai eu aucun passe-droit et j'ai renoncé à m'inscrire sur la liste d'attente peu compatible avec mon agenda.
- Il manquait à la recette de ce livre un peu de religieux?
- On pourrait penser que çà n'a aucun rapport avec l'environnement. Mais on constate l'influence gigantesque du religieux et même un extrémisme exacerbé dans les pays en voie de développement concernés au premier chef par le réchauffement climatique et la pauvreté. Cela dit, dans notre époque qui semble si sombre, tant en matière de crise économique, de famine, de pauvreté, que de changements climatiques, on constate une montée du religieux un peu partout sur la planète et dans "toutes" les religions. J'ai donc voulu rencontrer un imam, un rabbin et un cardinal pour voir ce qu'ils en pensaient et ce qu'ils conseillaient pour essayer de freiner le radicalisme.
- Et depuis que vous avez rencontré toutes ces personnalités, que pensez-vous de la situation actuelle?
- Je dois bien avouer que tous ces spécialistes sont fort pessimistes. Mais si on réagit maintenant et si chaque citoyen participe à l'action, je suis convaincue qu'on peut faire pression sur les gouvernements et finir par changer les choses. Ma démarche est juste d'éveiller les consciences. Il n'est pas trop tard, il ne faut pas se laisser abandonner au pessimisme, mais il est temps de se bouger pour la planète.
- Justement, que faites-vous, vous-même, en matière d'environnement?
- A la maison, on trie les déchets. Nous n'avons qu'une voiture. Je l'emploie pour les enfants, sinon je prends le bus, le métro ou bien je vais à pied. Et puis, spontanément, je n'achète pas des fraises en décembre, j'essaie de suivre les saisons. Il nous reste à terminer d'isoler la maison. Mais elle est classée et il faut demander un permis pour n'importe quelle rénovation. Non seulement des autorités locales, mais aussi de la Couronne britannique, propriétaire du sol, même si la maison est à nous. Ca prend un temps fou pour le double vitrage. Quant aux panneaux solaires, ma demande a été refusée!
- Que peut faire tout un chacun au minimum pour la planète?
- Déjà penser à éteindre les lumières et les appareils quand on ne les utilise pas. Ce n'est pas grand-chose mais si tout le monde le fait. En tout cas, mes enfants sont drillés!".

Au cours de cette rencontre avec le journaliste Pierre De Vuyst, la princesse Marie-Esméralda a quitté sa réserve pour s'exprimer sur la Belgique : "Cette crise politique qui n'en finit pas, bien sûr que çà m'inquiète. J'espère qu'on va trouver une solution car ce blocage est quand même très long. Même ici à Londres, on ressent cette inquiétude, on me parle de la crise belge. Les gens sont curieux, voire inquiets, car tout çà n'est quand même pas bon sur le plan économique. Ca ne l'est pas davantage pour la réputation de la Belgique. Je pense souvent à ce que doit endurer le Roi. J'ai vu avec plaisir que la France voyait en lui un fin stratège. Je crois que c'est vrai. Il n'est pas dans une position facile et il remplit sa fonction avec beaucoup de mérite. C'est un bon Roi!".

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