mardi 24 mai 2011

Le prince Philippe et le domaine social

Très intéressé par l'économie et les sciences, le prince Philippe avait laissé le domaine social à son épouse. Il a compris que c'était une erreur et que cela donnait de lui l'image d'un homme coupé des réalités sociales. Aussi sans marcher sur les plates-bandes de la princesse Mathilde, il a décidé de s'investir dans le domaine social depuis janvier 2009. C'est tout à son honneur de ne pas vouloir médiatiser la plupart de ses visites qui ne sont pas annoncées à l'avance par le Palais, mais cela ne permet pas aux médias et à la presse de relayer son travail... Le prince Philippe a trois thèmes de prédilection : le suicide, les sans abris et la drogue.

En 2009, il est allé soutenir dans les couloirs de la gare Centrale (Bruxelles) les bénévoles de l'asbl Les Samaritains qui y distribuent, tous les mardis soirs, soupe et tartines à des sans abris et personnes isolées. Il a aussi accompagné dans différents endroits de la capitale une équipe du Samu Social appelé "la maraude". Il a pu découvrir le travail de ces équipes d'assistants sociaux et d'infirmiers auprès des personnes démunies. D'autres visites ont eu lieu sur le même thème, notamment la maison d'accueil "La Fontaine" (géré par l'Association Belge de l'Ordre de Malte), l'asbl Faim et Froid à Gilly, la Banque Alimentaire de Bruxelles-Brabant, les C.P.A.S. de Mons, Namur et Genk, etc.

Après avoir assisté à plusieurs réunions de travail sur la prévention du suicide, le prince Philippe s'est exprimé, pour la première fois, sur ce sujet en octobre 2010 : "Six Belges mettent chaque jour volontairement fin à leur vie. Ce terrible constat m'attriste au plus haut point et m'interpelle. S'il ne faut pas tomber dans la culpabilité, il faut néanmoins se sentir tous un peu responsables. Est-ce qu'une société peut affirmer un haut niveau de bien-être si certains de ses membres ne peuvent plus supporter d'y vivre? J'ai été à plusieurs reprises profondément bouleversé par les témoignages de gens engagés dans la prévention du suicide et dans les structures d'accueil, et j'en reconnais d'ailleurs certains dans cette salle aujourd'hui. Vous vous consacrez aux plus fragiles de nos concitoyens et ne percevez pas cette fragilité comme une faiblesse. Vous avez compris, mieux que quiconque, la valeur et le sens de l'écoute. L'écoute fait vivre et peut sauver une vie. Comme l'un d'entre vous me le confiait, la véritable écoute empreinte de compassion humaine va jusqu'à descendre avec l'autre au fond de la piscine pour ensuite l'accompagner dans sa remontée. Cette capacité d'écoute que vous développez est une véritable leçon de vie pour nous tous car elle permet en général d'éviter bien des cassures et des conflits. Je tiens à vous exprimer toute ma reconnaissance et à vous encourager dans votre action et vos projets".

Autre combat du prince : la toxicomanie. Plusieurs visites sur le terrain lui ont permis de prendre conscience de ce problème : centre Kompas à Courtrai, asbl Trempoline à Châtelet, Centre de Traitement Intégral de la Dépendance à Sint-Denijs-Westrem, asbl Ellipse à Carnières, asbl De Kiem à Gavere, etc. Lorsqu'on lui a demandé en 2010 quelles personnalités l'ont le plus marqué, il a répondu : "Les gens qui m'ont fasciné ne sont pas toujours des icônes connues du grand public, mais plutôt des gens simples, de la vie de tous les jours. Je suis allé il y a peu à Charleroi, dans le cadre d'une visite privée dans un centre où l'on aide des toxicomanes à se réinsérer. J'y ai rencontré des types fantastiques. Sortir de la drogue demande aussi une forme d'héroïsme".

Lors d'une conférence sur les drogues organisée en novembre 2010 à Bruxelles, le prince confie dans son discours : "La drogue prend possession de l'individu, de sa personnalité, telle une promesse d'un bonheur qu'il ne pourra jamais réaliser. Mais très vite, la liberté espérée se transforme en esclavage et le bonheur recherché devient au contraire de moins en moins accessible. L'individu se désocialise et sa personnalité se déstructure. Je suis à chaque fois très impressionné par le chemin parcouru par les toxicomanes pour s'en sortir, par leur démonstration de force et de courage pour retrouver une estime de soi. Même quand ils ont touché le fond d'eux-mêmes, il existe toujours en eux un espoir, telle une petite flamme qui ne demande qu'à être ravivée par la reconnaissance et l'attention des autres. Ils reconstruisent patiemment et héroïquement leur vie et la confiance autour d'eux.

Je rencontre aussi à chaque fois des personnes infiniment enrichies en fin de traitement, remise debout grâce à des équipes de professionnels qui font un immense travail, en collaboration étroite et en interaction efficace avec la justice, la santé publique, les services de prévention et d'accueil locaux et les nombreux centres et asbl privés qui sont engagés dans cette lutte. Dans tous les centres, les valeurs d'honnêteté, de respect et de responsabilité sont les clés d'une réinsertion professionnelle réussie. J'ai pour tous ces professionnels engagés dans cet accompagnement, autant que pour le courage des victimes de la drogue qui parviennent à s'en sortir, une grande admiration".

A côté de ces trois combats, le prince Philippe a effectué des visites sociales sur d'autres thèmes : le Foyer Tibériade (pour handicapés mentaux) à Dottignies, le lancement et la clôture des Assises de l'Interculturalité, le Centre Neurologique et de Réadaptation Fonctionnelle à Fraiture-en-Condroz, la nouvelle unité de psychiatrie infanto-juvénile de l'UZ, l'Association Parents d'Enfants Victimes de la Route, rencontre avec des éducateurs de rue à Schaerbeek, etc. Avec son épouse, il a été parrain de l'opération Cap 48 en 2009 en faveur des handicapés.

2 commentaires :

  1. Merci pour cet article qui révèle une facette peu connue du prince Philippe car pas exploitée par la presse.

    Cela permet de voir que les diverses activités qu'il mène - et à fortiori celles des autres membres de la famille royale - ne constituent pas un agrégat de visites sans corrélation, mais qu'au contraire des connections logiques sont décelables et on y découvre un vrai investissement de la part du prince dans ces domaines, même si elle est parfois mal habile et timide, elle n'en est pas moins sincère.

    Valentin D.

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  2. Un article sur un sujet peu connu en effet, d'où l'intérêt de ce blog pour parfaire nos connaissances, j'ai d'ailleurs eu beaucoup de mal à poster des commentaires depuis plus d'une semaine, aujourd'hui tout est rentré dans l'ordre.

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