jeudi 29 décembre 2011

Activités royales en décembre 2011

16 audiences pour le Roi : le premier ministre sortant Yves Leterme, le nouveau premier ministre Elio Di Rupo (reçu 4 fois), le lieutenant-colonel Fernand Rouvroi, ainsi que les ambassadeurs de Malaisie, Philippines, Nouvelle-Zélande, Tunisie, Guinée, Djibouti, Colombie, Turquie, Luxembourg et Suède.

4 activités officielles pour le Roi : prestation de serment du nouveau gouvernement, réception pour les 10 ans de la Déclaration de Laeken, visite sur les lieux de la tragédie de Liège, concert de Noël au palais royal.

5 activités officielles pour la reine Paola : inauguration de la nouvelle école hôtelière de Wemmel, concert de Noël de la Fondation Reine Paola, visite sur les lieux de la tragédie de Liège, 125ème anniversaire de la Société Royale Le Cheval de Trait Belge, concert de Noël au palais royal.

0 activité officielle pour la reine Fabiola.

20 activités officielles pour le prince Philippe : clôture de l'Année Internationale de la Chimie, funérailles de l'ancien président tchèque Vaclav Havel, remise des Prix Belgodyssée 2011, hommage officiel aux victimes de la tragédie de Liège, visite aux victimes hospitalisées de la tragédie de Liège, remise du Trophée National du Mérite Sportif 2011, réception pour les 40 ans de relations diplomatiques belgo-chinoises, 120ème anniversaire de l'entreprise Vivaqua, audience de l'ambassadeur du Chili à Bruxelles, conférence à Anvers sur la logistique dans la zone belgo-néerlandaise du delta + 10 activités officielles lors de la mission économique au Chili (visite de la tour Titanium, découverte des deux camions de pompiers fournis par la Belgique, visite de l'observatoire ESO, déjeuner offert par la Fédération des Entreprises Chiliennes, rencontre avec le président de la République, visite de la Fondation Perez contre le cancer, signature de contrats belgo-chiliens, remise de l'Ordre de la Couronne à deux patrons chiliens, dépôt de fleurs devant la statue du libérateur du Chili, visite du télescope de Paranale).

5 activités officielles pour la princesse Mathilde : Journée Nationale Info-Familles, découverte de projets intergénérationnels à Gedinne, visite aux victimes hospitalisées de la tragédie de Liège, hommage officiel aux victimes de la tragédie de Liège, 25ème anniversaire de l'Hôpital Universitaire pour Enfants Reine Fabiola.

4 activités officielles pour la princesse Astrid : colloque à Anvers sur la pauvreté, 150ème anniversaire des pompiers volontaires de Lichtervelde au profit de l'asbl Pinocchio, visite de l'entreprise de travail adapté Optimat à Lichtervelde, concert de Noël au palais royal.

1 activité officielle pour le prince Lorenz : concert de Noël au palais royal.

1 activité officielle pour le prince Laurent : présentation du projet d'hébergement de SDF et de leur animal de compagnie à Bruxelles par la Fondation Prince Laurent.

2 activités officielles pour la princesse Claire : concert de la Brussels Chorale Society au palais des Beaux-Arts, présentation du projet d'hébergement de SDF et de leur animal de compagnie à Bruxelles par la Fondation Prince Laurent.

Récapitulatif des activités officielles de l'année 2011 :

Roi : 181 audiences + 50 activités officielles

Prince Philippe : 220 activités officielles

Princesse Mathilde : 166 activités officielles

Princesse Astrid : 90 activités officielles

Reine Paola : 70 activités officielles

Prince Laurent : 31 activités officielles

Prince Lorenz : 30 activités officielles

Princesse Claire : 23 activités officielles

Reine Fabiola : 19 activités officielles

Que peut-on conclure?

Comme l'an dernier, le classement des cinq membres les plus actifs est le même : le Roi, puis le prince Philippe, la princesse Mathilde, la princesse Astrid et la reine Paola. Pour cette dernière, on notera une hausse importante : 42 en 2010 et 70 en 2011. Le record d'audiences du Roi de l'an passé n'a pas été battu : 145 en 2009, 197 en 2010 et 181 en 2011.

Parmi les quatre membres moins actifs de la famille royale, on rappellera que le prince Lorenz continue de travailler à temps plein dans une banque. Stabilité pour la reine Fabiola : 16 activités officielles en 2009, 21 en 2010 et 19 en 2011. Par contre, suite au voyage au Congo et à leur mise à l'écart temporaire de la Cour, le nombre d'activités officielles du prince Laurent et de la princesse Claire est en baisse : 30 en 2009, 40 en 2010 et 31 en 2011 pour le prince Laurent ; 30 en 2009, 41 en 2010 et 23 en 2011 pour la princesse Claire.

lundi 19 décembre 2011

Le rôle politique du roi Albert II en 1999

Le Roi consacre son discours de Nouvel An 1999 aux autorités du pays au passage du franc belge à l'euro :

"Il y a près d'un mois, onze des quinze pays de l'Union Européenne ont franchi une nouvelle étape historique dans la construction de l'Europe en adoptant une monnaie unique : l'euro. L'événement est remarquable et constitue l'aboutissement d'une longue aventure, commencée il y a plus de trente ans avec le plan Werner. Ce parcours a connu des hauts et des bas, des moments difficiles, puis des périodes de progrès comme en 1972 lors de la création du serpent monétaire, après l'effondrement du système de Bretton Woods. En 1978, le système monétaire européen a consolidé les progrès réalisés. Quatorze ans plus tard, le traité de Maastricht instaurait une union économique et monétaire et en décembre 1995, le conseil européen de Madrid confirmait le passage à la monnaie unique à la date du 1er janvier 1999.

Tout au long de ce cheminement, notre pays a joué un rôle très constructif, un rôle moteur. Nos premiers ministres, nos ministres des finances et nos gouverneurs de la Banque Nationale, sans oublier le premier président de l'Institut Monétaire Européen, tous ont contribué avec intelligence, imagination et persévérance à la réalisation de ce vaste objectif : la création d'une monnaie commune. Mais il ne suffisait pas de contribuer à l'architecture de ce grand projet, il importait surtout d'y participer dès le début. Au cours de ces dernières années, notre pays s'est efforcé d'atteindre les normes de convergence économique et financière requises pour participer effectivement à l'euro.

Un effort budgétaire remarquable a été réalisé, puisque notre déficit exprimé en % du PIB a été ramené à 1,3 % en 1998, après avoir atteint 12,8 % en 1981. Notre dette, exprimée également en % du PIB, a été réduite substantiellement. Notre inflation est inférieure à 1% et nous avons un surplus important sur notre balance des paiements courants. L'emploi s'est amélioré même si le chômage demeure encore important dans certaines sous-régions. Dans le cadre des lignes directrices européennes pour l'emploi, le récent accord interprofessionnel est avantageux pour notre emploi et pour le maintien de notre compétitivité. Il faut s'en réjouir et il est bon de rappeler ces différentes réalisations, tout comme l'ont fait récemment aussi plusieurs institutions internationales. Cela nous donne confiance pour l'avenir".

Il évoque ensuite l'élargissement de l'Union Européenne : "Pour les nouveaux membres et en particulier ceux de l'Europe centrale et orientale, cet élargissement renforcera leur démocratie nouvelle. Quant à l'Europe, elle évoluera vers une dimension supérieure en comptant à terme plus de 500 millions d'habitants. L'adhésion du citoyen européen à ce projet d'envergure est un défi quasi permanent. Pour lui, l'euro sera sans nul doute une des preuves les plus tangibles de la réalité européenne. Néanmoins, certaines politiques européennes incomplètes provoquent encore trop souvent la méfiance de nos populations. Il appartient donc à tous les niveaux de pouvoir d'expliquer que ce n'est pas la politique poursuivie qu'il faut mettre en cause mais bien la lenteur de sa réalisation intégrale".

Et termine par un nouvel appel au civisme fédéral : "Si nous voulons que les efforts européens de la Belgique restent crédibles, nous aurons à démontrer qu'à l'intérieur même de notre pays, nous pouvons réaliser l'union dans la diversité. Il serait illusoire de nous croire un moteur de la construction européenne et donc de l'entente entre des populations aussi différentes que celles de la Méditerranée et de la Baltique, si nous ne parvenons pas à gérer harmonieusement les différences entre nos régions et communautés, pourtant si voisines. Mes nombreux contacts avec la population m'ont donné la certitude que la toute grande majorité de nos compatriotes veulent cette entente. Pour terminer, j'aimerais souligner que Bruxelles est non seulement la capitale de la Belgique et de nos deux grandes communautés, mais qu'elle est devenue aussi la capitale de l'Europe. C'est une chance unique pour Bruxelles et en fait pour tout notre pays. Saisissons donc cette chance en nous montrant ouverts et accueillants".

Le 7 février 1999, le roi Hussein de Jordanie (63 ans) décède à Amman des suites d'un cancer. Monté sur le trône en 1953, il était très aimé de son peuple et s'était beaucoup impliqué dans le processus de paix au Proche-Orient au cours de ses dernières années. En compagnie de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement étrangers, le roi Albert et la reine Paola assistent aux funérailles. Le week-end suivant, la reine Fabiola prend à son tour le chemin de la Jordanie pour présenter ses condoléances à sa veuve la reine Noor. Toutes deux s'étaient engagées ensemble pour la promotion des femmes rurales.

Lors du voyage d'Etat du grand-duc Jean et de la grande-duchesse Joséphine-Charlotte dans notre pays en mars 1999, notre souverain déclare : "Terres d'accueil situées au carrefour des cultures latine et germanique, le grand-duché de Luxembourg et la Belgique sont aussi des démocraties pluriculturelles. Chez vous comme chez nous, la société multiculturelle n'est pas une abstraction. C'est une réalité vécue tous les jours, un dialogue fructueux entre cultures, un effort continu d'intégration qui est requis de tous, ceux établis depuis longtemps et ceux nouvellement installés dans le pays. Avec plus d'un tiers de sa population d'origine étrangère, le grand-duché est bien conscient de la nécessité de promouvoir cette intégration. Il la réalise avec succès. Ce faisant, il fournit la preuve qu'une société pluriculturelle et solidaire représente l'avenir et est à même de garantir le bien-être et la prospérité de tous ses citoyens".

Un mois plus tard, le Roi inaugure à Bruxelles la 101ème Conférence Interparlementaire. Il en profite pour avertir les représentants du monde entier : "Même dans nos démocraties bien établies, nous devons rester vigilants. Les valeurs démocratiques ne sont jamais acquises une fois pour toutes. Gardons bien à l'esprit l'expérience douloureuse des années 30 et rejetons l'intolérance, le racisme et toutes les formes d'extrémisme". Entre les lignes, il se prononce contre les partis d'extrême-droite à quelques semaines des élections régionales, législatives et européennes. Une visite du couple royal au Centre pour l'Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme a également lieu en 1999.

Sur le plan international, Javier Solana, secrétaire général de l'Otan, donne l'ordre au commandant suprême des forces alliées en Europe de lancer des opérations aériennes en ex-Yougoslavie. Le régime de Slobodan Milosevic persécutait depuis plusieurs mois les très nombreux Albanais vivant dans la province du Kosovo et avait quitté les pourparlers de paix à Rambouillet (France). L'Otan - dont fait partie la Belgique - ne pouvait continuer à fermer les yeux...

A l'occasion de la 101ème Conférence Interparlementaire à Bruxelles, le Roi fait, le 11 avril 1999, sa première déclaration sur les événements du Kosovo : "Non loin d'ici, au Kosovo, une horrible épuration ethnique est organisée systématiquement et à grande échelle. Les démocraties ne peuvent tolérer de tels crimes contre l'humanité". Le lendemain, nos souverains assistent au siège de la Croix-Rouge à une réunion d'information sur l'action humanitaire belge en faveur des réfugiés du Kosovo. Accompagnés par le secrétaire d'Etat à la Coopération au Développement Réginald Moreels, ils visitent ensuite le centre logistique, où étaient rassemblés les nombreux dons personnels des Belges pour les réfugiés.

Toute la famille royale se mobilise. Le 20 avril, le Roi reçoit en audience le général Klaus Naumann, président du comité militaire de l'Otan, pendant que la princesse Astrid, présidente nationale de la Croix-Rouge de Belgique, assiste à une réunion sur les événements du Kosovo entre le Bureau Humanitaire de la Commission Européenne et les Sociétés Nationales de la Croix-Rouge des quinze pays de l'U.E. Après son fils aîné, c'est au tour d'Albert II de se rendre le 22 avril à l'état-major général des forces armées pour une réunion de travail sur les opérations militaires belges en cours au Kosovo. Le lendemain, notre souverain est à la caserne de Flawinne pour encourager les 530 soldats belges, qui allaient prendre la direction de Dürres sur l'Adriatique et y effectuer des missions humanitaires. Jan Peeters, le secrétaire d'Etat responsable notamment de l'accueil des réfugiés kosovars en Belgique, est reçu le 27 avril en audience par le Roi. Deux jours plus tard, la reine Paola rencontre les familles des militaires belges participant à l'opération "Allied Force" de l'Otan et basés à Amendola en Italie. Dans l'après-midi du 4 mai, la princesse Astrid s'entretient avec des réfugiés kosovars installés dans les centres de Fraipont et Anvers. Le 6 mai, le prince Philippe se rend à l'aéroport de Melsbroek pour y saluer les militaires qui partaient en Albanie dans le cadre de l'opération "Albalodge".

Lors de son voyage d'Etat en Pologne, Albert II rappelle que "l'Alliance se voit confrontée à une crise grave au Kosovo. Le ferme soutien de la Pologne pour l'effort solidaire des Alliés fut fortement apprécié. En effet, les démocraties ne peuvent tolérer les crimes contre l'humanité inspirés par un nationalisme débridé qui n'a pas sa place sur notre continent".

Le 19 mai, le prince héritier, le ministre de la Défense Jean-Pol Poncelet et le secrétaire d'Etat à la Coopération Réginald Moreels inaugurent le camp construit par des militaires belges à Dürres en Albanie, afin d'y accueillir 2.500 réfugiés du Kosovo. Le Roi souhaitait, lui aussi, soutenir nos soldats engagés dans les opérations de l'Otan et se rend le 27 mai à la base aérienne d'Amendola en Italie. Le 3 juin, Slobodan Milosevic signe le plan de paix proposé par les huit pays les plus industrialisés de la planète. L'Otan arrête ses bombardements sept jours plus tard.

Le conflit du Kosovo est au centre du discours royal de la fête nationale 1999 : "Chacun de nous a pu suivre, grâce aux médias, la tragédie des réfugiés kosovars. Nous gardons à la mémoire ces visages ravagés par la douleur et la fatigue, ces vieillards épuisés et ces jeunes enfants terrorisés, franchissant la frontière de l'Albanie ou de la Macédoine. Des centaines de milliers de personnes persécutées et chassées de chez elles à cause de leur différence ethnique. Nous avons vu les conséquences d'un nationalisme débridé qui rappelle à beaucoup d'entre nous les tragédies de la seconde guerre mondiale. Nous ne pensions pas que de telles atrocités pourraient encore se dérouler sur notre continent, si près de chez nous.

Confrontée à ce drame, la communauté internationale ne pouvait rester passive. Je voudrais évoquer maintenant les réactions de notre pays et de différentes organisations internationales dont nous faisons partie.

Sur le plan militaire, notre force aérienne a participé à l'action de coercition internationale qui a fini par plier le régime de Belgrade. Nous pouvons rendre hommage à nos pilotes qui, chaque jour, risquaient leur vie. Lorsque j'ai été les voir à Amendola, j'ai été frappé par leur sang-froid et leur détermination. Avec le personnel au sol, ils ont formé une équipe efficace qui mérite toute notre admiration. Sur le plan humanitaire, nos forces armées ont aidé et escorté les réfugiés. Elles ont aussi construit des camps pour les accueillir. En évoquant ces différents engagements de nos militaires, je pense également à leurs familles qui restent ici au pays. Elles doivent faire face à une absence parfois longue et surmonter nombre d'appréhensions. Leur contribution peu visible n'en est pas moins indispensable.

Toute notre population a fait preuve d'un remarquable élan de solidarité pour soutenir des personnes complètement démunies. Diverses organisations non gouvernementales comme la Croix-Rouge, Médecins Sans Frontières, Unicef, Caritas, Oxfam, Balkanactie et d'autres furent d'une très grande générosité et efficacité. J'ai eu l'occasionn d'en féliciter certaines, mais je voudrais aujourd'hui rendre publiquement hommage à toutes. Je me dois aussi de rappeler l'action efficace des autorités pour accueillir des réfugiés kosovars dans notre pays.

Enfin, sur le plan diplomatique, la Belgique s'est efforcée de favoriser le retour à la paix. Elle contribue à maintenir cette paix en participant à l'effort international par l'envoi d'un important détachement belge au Kosovo. Dans tous ces domaines, nous pouvons être fiers de notre action. Une bonne partie de nos interventions se sont effectuées au sein de l'Union Européenne et de l'Otan. L'Union Européenne a joué un rôle actif aussi bien sur le plan de l'aide humanitaire que sur le plan diplomatique. L'expérience de ce conflit montrera, je l'espère, d'une part la nécessité d'une politique étrangère commune et d'autre part l'urgence d'une politique de sécurité commune. Dans ces deux domaines, le chemin à parcourir est encore long. L'Otan a fait preuve d'une cohésion et d'une détermination remarquables. Les démocraties unies et décidées peuvent faire battre en retraite ceux qui commettent des crimes contre l'humanité. Ceci est un signal essentiel pour décourager à l'avenir toute tentative d'épuration ethnique et conforter notre devoir d'ingérence humanitaire".

Quelques semaines avant les élections législatives, régionales et européennes du 13 juin 1999, le scandale de la dioxine éclate. Diverses analyses concluent qu'il y a un risque de contamination de certaines farines animales par PCB. De nombreux produits sont retirés provisoirement de la vente. Mais l'affaire prend un tournant politique lorsqu'on apprend que le gouvernement Dehaene II était au courant de ces analyses depuis plusieurs semaines et n'avait rien rendu public. Le ministre de la Santé Publique Marcel Colla (CVP) et le ministre de l'Agriculture Karel Pinxten (CVP) démissionnent le 1er juin. Vu l'approche de la fin de la législature, ils ne sont pas remplacés et leurs compétences sont partagées entre les autres ministres. Afin de s'informer de la situation, le Roi reçoit en juin de nombreuses personnes impliquées dans le domaine agricole.

Les élections se déroulent en pleine "crise des poulets et des oeufs à la dioxine". Aussi n'est-il pas étonnant que les partis de la majorité (CVP, SP, PS et PSC) accusent un net recul au profit d'Ecolo et d'Agalev. Le PRL-FDF-MCC (au sud) et le VLD (au nord) consolident leurs résultats de 1995. L'extrême-droite baisse en Wallonie, se stabilise à Bruxelles, mais devient le troisième parti de Flandre. Les partis issus du mouvement blanc (notamment le PNPB de Paul Marchal) ne recueillent même pas 1% des votes.

Le lendemain, Jean-Luc Dehaene présente au Roi la démission de son gouvernement et lui annonce qu'il renonce à toute fonction ministérielle. Albert II reçoit ensuite les présidents de la Chambre et du Sénat, les vice-premiers ministres et les présidents des partis démocratiques. Le 15 juin, il nomme informateur Louis Michel, le président du PRL-FDF-MCC. Une semaine plus tard, celui-ci apporte au Roi une note d'une vingtaine de pages prônant une coalition des partis libéraux, socialistes et écologistes du nord et du sud du pays.

Albert II nomme ensuite formateur Guy Verhofstadt, le président du VLD, le parti possédant le plus de sièges à la Chambre. Lors de la composition du futur gouvernement fédéral, on sait que le Roi a imposé deux de ses idées. Premièrement, il a mis son veto à la nomination du socialiste Michel Daerden, car il estimait que ses problèmes d'alcoolisme ne donnaient pas une image positive de notre pays. Aussi Michel Daerden a reçu un ministère à la région wallonne, où le souverain n'a rien à dire. Deuxièmement, lors de la campagne électorale, le libéral Louis Michel n'avait pas caché qu'il souhaitait devenir ministre de l'Intérieur et réaliser le grand défi qu'était la réforme des polices. Mais Albert II réussit à le convaincre d'accepter le ministère des Affaires étrangères, où le Roi souhaitait un "gros calibre de la politique" pour redorer l'image de la Belgique à l'étranger.

En juillet, les ministres et secrétaires d'Etat du gouvernement Verhofstadt Ier (VLD, PRL-FDF-MCC, SP, PS, Ecolo et Agalev), ainsi que les ministres-présidents des régions et communautés, prêtent serment devant le Roi dans la rotonde du château de Laeken.

Avant de partir en vacances, Albert et Paola offrent un déjeuner à l'ancien premier ministre et à son épouse Célie. Afin de montrer leur reconnaissance à Jean-Luc Dehaene (qui reçoit le titre de Ministre d'Etat) pour son soutien au début de leur règne, ils sont reçus exceptionnellement au château du Belvédère, leur résidence privée. D'après Christian Laporte (auteur d' "Albert II, premier roi fédéral" en 2003), le Roi aurait insisté en vain auprès du nouveau gouvernement pour obtenir une "récompense" (le poste de commissaire européen) pour Jean-Luc Dehaene.

Dans son discours de la fête nationale 1999, il évoque la crise de la dioxine : "Ces événements ont démontré une nouvelle fois combien il est nécessaire de moderniser et de gérer efficacement les différents services de l'Etat. Je sais que cette exigence constitue une priorité pour le gouvernement. Le secteur public doit être au service de la population. Sa véritable raison d'être, c'est de rendre aux citoyens les services qu'ils sont en droit d'en attendre, notamment dans les domaines de la sécurité des personnes et de la santé publique. Combattons donc résolument les dysfonctionnements partout où ils se présentent. La population demande avant tout que chaque niveau de pouvoir exerce efficacement les compétences qui sont les siennes. Introduisons dès lors dans les services publics la notion de qualité intégrale. Dans le secteur privé, la lutte pour rester compétitif est souvent ardue. Veillons néanmoins à ce qu'elle ne se réalise jamais aux dépens de la sécurité du travail, ni de la qualité de la vie ou de l'environnement. Enfin, c'est l'image même de la Belgique à l'étranger que nous devons tous ensemble nous efforcer de rétablir".

A l'occasion de son 65ème anniversaire en 1999, la Fondation Roi Baudouin laisse carte blanche au souverain pour choisir le thème et les objectifs d'un de ses programmes. Il exprime le voeu que la Fondation entreprenne une action en vue de soutenir l'enseignement professionnel, la formation en alternance et l'enseignement des classes moyennes. Cette action est intitulée "Un pas de plus". Le 1er février 2000, en l'absence d'Albert II en convalescence, la reine Paola et les autres membres de la famille royale assistent au Heysel au spectacle consacré à la réalisation de cette action et visitent les stands de présentation de la centaine de projets choisis et soutenus par la Fondation Roi Baudouin.

mercredi 14 décembre 2011

Activités royales en novembre 2011

17 audiences pour le Roi : le premier ministre Yves Leterme (reçu 2 fois), le président du PS Elio Di Rupo (reçu 4 fois), la vice-première ministre Laurette Onkelinx, le président du SPA Bruno Tobback, le président du CD&V Wouter Beke, le président du CDH Benoît Lutgen, le président du MR Charles Michel, le président du VLD Alexander De Croo, ainsi que les ambassadeurs d'Israël, de Cuba, d'Arabie Saoudite, de Maurice et de Bahreïn.

4 activités officielles pour la reine Paola lors de son voyage culturel en Russie : 3ème festival international Etoiles Montantes au Kremlin à Moscou, visite d'un monastère, visite d'une galerie d'art, ballet au théâtre du Bolchoï.

1 activité officielle pour la reine Fabiola : Te Deum de la fête du Roi.

11 activités officielles pour le prince Philippe : commémoration de l'Armistice à Bruxelles, Te Deum de la fête du Roi, réception au Parlement pour la fête du Roi, visite de la Ferme du Monceau à Vaux-sur-Sûre, visite de l'entreprise de transport Charlier à Neufchâteau, réception à l'hôtel de ville de Neufchâteau, 130ème anniversaire du journal L'Echo, audience pour la Confédération Nationale des Prisonniers Politiques et la Fraternelle des Amicales de Camps de Concentration et Prisons Nazis, conférence du Club de Rome à la bibliothèque Solvay à Bruxelles, cérémonie militaire à Beauvechain pour la fin des opération en Libye, visite de l'exposition sur les miniatures flamandes à Bruxelles.

14 activités officielles pour la princesse Mathilde : visite de la Maison de la Parentalité à Péruwelz, visite de l'asbl De Bakermat à Leuven, commémoration de l'Armistice à Ypres, Te Deum de la fête du Roi, réception au Parlement pour la fête du Roi, visite de la Ferme du Monceau à Vaux-sur-Sûre, visite de l'entreprise de transport Charlier à Neufchâteau, réception à l'hôtel de ville de Neufchâteau, projet d'alphabétisation "A tot Z" à Molenbeek-Saint-Jean, lancement à Bruges de la Semaine de la lecture à voix haute, visite de l'Athénée Royal d'Eupen avec Unicef-Belgique, visite de l'Ecole communale de Transinne avec Unicef-Belgique, table ronde à Liège sur le trafic d'êtres humains, visite de l'exposition sur les miniatures flamandes à Bruxelles.

9 activités officielles pour la princesse Astrid : Te Deum de la fête du Roi, réception au Parlement pour la fête du Roi, visite d'un projet de recherche sur la tuberculose à l'Hôpital Erasme, 50ème anniversaire de l'Espace Social Télé-Service à Bruxelles, concert de gala du Service Médical de l'armée belge, remise des prix 2011 des fonds scientifiques de la Fondation Roi Baudouin, voyage aux Emirats Arabes Unis pour parler avec les autorités de la malaria, voyage au Qatar pour parler avec les autorités de la malaria, voyage au Koweït pour parler avec les autorités de la malaria (impossible de trouver un programme plus détaillé de cette tournée au Moyen-Orient).

2 activités officielles pour le prince Lorenz : Te Deum de la fête du Roi et réception au Parlement pour la fête du Roi.

2 activités officielles pour le prince Laurent : Te Deum de la fête du Roi et réception au Parlement pour la fête du Roi.

3 activités officielles pour la princesse Claire : Te Deum de la fête du Roi, réception au Parlement pour la fête du Roi, visite du centre Nos Pilifs pour enfant autistes à Bruxelles.

Résumé des activités officielles de janvier à novembre 2011 (source : www.monarchie.be) :

Roi : 165 audiences + 46 activités officielles

Prince Philippe : 200 activités officielles

Princesse Mathilde : 161 activités officielles

Princesse Astrid : 86 activités officielles

Reine Paola : 65 activités officielles

Prince Laurent : 30 activités officielles

Prince Lorenz : 29 activités officielles

Princesse Claire : 21 activités officielles

Reine Fabiola : 19 activités officielles

vendredi 9 décembre 2011

Opinion de Corentin de Salle sur le prince Laurent

Cette semaine, le journal Le Soir a publié une carte blanche de Corentin de Salle, juriste et docteur en philosophie, qui apporte un éclairage inédit sur les polémiques qui entourent le prince Laurent de Belgique :

"Rien ne peut justifier le fait de frapper une femme. Rien non plus n'excuse les excès de vitesse en agglomération à l'origine d'un nombre important de victimes chaque année. On peut également s'interroger sur la légitimité d'une dotation mensuelle de 25.500 euros financée par les citoyens, dont certains éprouvent des difficultés à honorer leur facture de chauffage, surtout lorsque cet argent sert à jouer à l'homme d'affaire. Le manque d'amour, d'attention et de considération dont le prince Laurent a pu souffrir dans ses jeunes années ne l'exonère nullement de la responsabilité morale de ses actes. Même s'il a tendance à l'oublier, c'est un justiciable comme un autre.

Ceci étant dit, j'aimerais défendre, malgré tout, Laurent contre une accusation - commune aux monarchistes et antimonarchistes - qui me semble foncièrement injuste. Laquelle? Celle-ci : par ses écarts répétés, le prince jette le discrédit sur l'institution monarchique et en lézarde les fondements. Je pense tout le contraire : Laurent est - peut-être à son insu - une pièce essentielle du dispositif monarchique. Personne ne l'a vraiment forcé à jouer ce rôle mais ce dernier est nécessaire. Ce qui rend fascinante l'étude des institutions séculaires, c'est qu'elles engendrent spontanément les forces antagonistes nécessaires à leur équilibre et à leur pérennité.

La monarchie est d'abord l'exercice d'une représentation qui implique une distribution des rôles. Les circonstances de son existence ont fait que, progressivement, Laurent en soit venu à incarner l'envers complémentaire des valeurs monarchiques. On dit de la ponctualité qu'elle est la politesse des rois. Laurent est toujours en retard. Le protocole royal est majestueux, statique et hiératique. Laurent ne tient pas en place. La monarchie est fondamentalement lente et sert d'amortisseur aux secousses de la vie politique. Laurent est un passionné de vitesse. La royauté rayonne, va constamment du centre à la périphérie. Elle donne et se répand. Laurent, lui, aspire à la reconnaissance, accumule et va constamment chercher à l'extérieur ce qui lui paraît nécessaire. On retrouve ici, sous une forme miniaturisée, les forces centrifuges et centripèdes du régime monarchique : d'une part, le Roi qui centralise et d'autre part, la noblesse turbulente qui veut s'enrichir et conquérir des privilèges. Dans la saga des "Rois Maudits", Robert d'Artois, personnage encombrant et haut en couleur, se livre à mille manoeuvres douteuses pour accroître sa fortune et exige que lui soit restitué le droit vassalique de battre sa propre monnaie. Il y a quelque chose de cela, chez Laurent, dans les combines un peu troubles autour de ses fondations et dans sa volonté, très féodale, de ne pas devoir payer ou du moins d'exiger une ristourne de 30% sur ses notes de restaurant.

La royauté ne peut faire l'économie du scandale qui, paradoxalement et indirectement, alimente sa légitimité. En Belgique, la monarchie s'appuie simultanément sur le scandale (excentricités de Léopold II, mésalliance de Léopold III, infidélités diverses, enfants illégitimes, etc.) et le déni persistant de cette réalité scandaleuse. Ces rôles peuvent d'ailleurs être assurés par les mêmes personnes à diverses périodes de leurs vies. Ces deux dimensions sont inséparables : le protocole, le faste, la grandeur d'une part, la transgression et l'anticonformisme d'autre part.

Pourquoi le scandale est-il nécessaire? Parce que la monarchie repose sur une ambiguïté fondamentale : d'une part, on fait tout pour convaincre la population que le Roi est un être d'une nature supérieure (il existe un protocole, une étiquette, des préséances, on ne peut directement poser une question au Roi, c'est une puissance anoblissante, etc.) et, d'autre part, on fait tout pour montrer qu'il est simple, débonnaire, moderne, réconfortant, consolateur et proche des gens. "Proche" mais pas identique. Toute la nuance est là. L'activité même de rapprochement - à laquelle se résume la majeure partie de ses apparitions publiques - serait impossible s'il y avait identité entre le Roi et ses sujets. Pour que cette bonne volonté de rapprochement soit appréciée, il faut que les sujets restent imprégnés du sentiment de la grandeur du souverain. Il faut qu'ils attribuent le comportement du souverain à la possession de qualités humaines. Le souverain doit donc être avantageusement comparé à des anti-modèles. Dans chaque famille royale, il a toujours existé une personnalité capricieuse, rebelle et excentrique : Stéphanie Grimaldi dans la famille monégasque, lady Diana chez les Windsor, p.ex. Baudouin statufiait la morale mais son beau-frère le flamboyant Jaime de Mora y Aragon, surnommé "Fabiolo", fut successivement taximan, acteur, chanteur de cabaret, toréador et lutteur argentin. Les frasques du prince Laurent permettent paradoxalement à son père Albert II d'incarner, en contrepoint, son rôle de roi. Tout comme l'actuel roi, trente ans plus tôt, consolidait lui-même par ses écarts l'autorité morale de son frère Baudouin.

Le scandale a une autre fonction : il alimente le débat et assure la popularité de la royauté. Qu'on le veuille ou non, la légitimité d'une monarchie constitutionnelle dépend de sa popularité. Mais le faste et l'étiquette ne sont pas suffisants pour assurer cette popularité. Le protocole est fait pour être rompu, y compris de temps à autre par le souverain. Les Belges ont apprécié que le Roi sorte de ses gonds le temps d'un discours très critique contre le caractère interminable de la crise politique. Le respect inconditionnel du protocole fabrique des automates. Une monarchie qui ne scandalise plus est une monarchie qui se dévitalise. Il y a deux types de profils : ceux qui, par leur respect des usages, (re)constituent le capital de respectabilité indispensable à la monarchie et ceux qui, plus rares, transforment par leurs transgressions cette respectabilité en popularité. Chez les Windsor, on trouvait cette belle mécanique entre Elisabeth II et lady Diana. Elles ont contribué, à part égale, à la solidité de la monarchie britannique : lady Diana rendait la monarchie populaire mais ses frasques n'auraient suscité aucun intérêt si Elisabeth II n'avait pas été simultanément la gardienne de la grandeur et de l'étiquette.

Le prince Laurent ne met pas la monarchie en péril. Il la vivifie. Philippe jouera probablement le rôle de gardien du protocole. Oscar Wilde estimait que les seules fautes réellement impardonnables, ce sont les fautes de goût. Se défaire de la monarchie, ce serait un crime esthétique. Une république ne serait-elle pas plus commode? Peut-être. Mais si l'on raisonne de manière utilitaire, pourquoi ne pas débaptiser toutes les rues et les remplacer par des numéros? Ce serait plus "pratique", non? Ne sous-estimons pas la difficulté à construire des symboles de légitimité. Cela fait des décennies que, en dépit des sommes colossales dépensées à des fins de marketing, l'Union Européenne échoue à susciter l'adhésion citoyenne. Ces choses-là prennent du temps à construire et sont dès lors précieuses..."

Corentin de Salle, juriste et docteur en philosphie, publié dans "Le Soir", décembre 2011.