21 juillet : prestation de serment
Suite à l'abdication de son père, Philippe se rend au Parlement pour prêter serment en tant que septième roi des Belges dans les trois langues nationales (français, néerlandais et allemand). Son assurance et sa sérénité ont surpris car il n'a jamais été un bon orateur. Contrairement aux prestations de serment des rois Baudouin et Albert II qui avaient été perturbées par un "Vive la République", aucun incident n'a eu lieu. Le nouveau roi a ensuite prononcé son discours qui a été bien perçu tant au nord qu'au sud du pays :
"Je viens de prêter devant vous le serment constitutionnel. Je suis conscient de la responsabilité qui désormais m'incombe. Ce serment est une promesse solennelle qui renouvelle la relation de confiance qui existe depuis bientôt 200 ans entre le Roi et le peuple belge. Je succède aujourd'hui à six autres rois, dont mon père le roi Albert.
Sire, pendant 20 ans, vous avez entretenu cette confiance en vous montrant d'une part proche de tous, chaleureux et profondément humain, et d'autre part attentif et engagé dans l'exercice de votre responsabilité de chef de l'Etat. La reine Paola vous a secondé dans votre tâche, tout en se consacrant plus spécialement à des domaines essentiels tels que l'enseignement et la culture. Avec sérénité, dignité et dévouement, vous avez accompagné le peuple belge en des temps parfois difficiles comme à des moments heureux et à une époque marquée par des changements profonds dans le monde. Nous vous en sommes reconnaissants.
Je me rends compte de la chance que j'ai de pouvoir compter sur le soutien permanent de mon épouse la reine Mathilde. Chère Mathilde, depuis de nombreuses années, tu t'es investie de tout ton cœur dans de nombreuses activités. Tu as un sens inné pour le contact humain. Avec nos chers enfants, nous entamons, confiants, ce nouveau chapitre de notre vie et de notre pays.
Mesdames et Messieurs, j'entame mon règne avec la volonté de me mettre au service de tous les Belges. Je travaillerai pour cela en parfaite entente avec le gouvernement et dans le respect de la Constitution. Au cours des années écoulées, j'ai pu tisser des liens de plus en plus forts avec de très nombreux concitoyens. Je compte intensifier ce dialogue. La richesse de notre pays et de notre système institutionnel réside notamment dans le fait que nous faisons de notre diversité une force. Nous trouvons chaque fois l'équilibre entre unité et diversité. La force de la Belgique est justement de donner un sens à notre diversité.
La nouvelle réforme de l'Etat réalise un transfert de compétences important aux entités fédérées. Cela rapprochera les citoyens de la prise de décisions. Cela permettra de mieux rencontrer les défis de l'avenir. La force de la Belgique réside également dans ses entités fédérées. J'entends entretenir des contacts constructifs avec leurs responsables. Je suis convaincu que la coopération entre l'Etat fédéral, les communautés et les régions s'opérera au plus grand bénéfice de nos citoyens et de nos entreprises.
Nous savons qu'ensemble, nous pouvons mettre en valeur les talents de chacun. En cela réside notre génie commun tel qu'il s'est développé tout au long de notre histoire. C'est un état d'esprit qui a façonné notre caractère et nos valeurs. Faire face ensemble aux problèmes les plus complexes, concilier les diverses aspirations, les intégrer sans qu'elles perdent leur originalité et leur force, voilà ce qui a aussi forgé notre inventivité et notre sens de la mesure. Ces valeurs qui nous animent ont guidé des générations d'hommes et de femmes avant nous. Par leur engagement dans la société et dans la politique, ils ont assuré à notre pays un niveau élevé de prospérité et de solidarité. Ils ont offert à la fois un cadre solide pour entreprendre et une sécurité sociale efficace.
Nous sommes confrontés à une crise qui frappe durement de nombreux concitoyens. Je veux aujourd'hui encourager chaque homme et chaque femme à faire face. Il y a en chacun de nous un potentiel insoupçonné qui n'attend qu'à se révéler. J'en suis profondément convaincu. De plus, nous avons collectivement les moyens pour surmonter nos difficultés et pour assurer à chacun l'opportunité de progresser. Plus que jamais, le projet européen doit nous donner espoir et confiance. L'Europe que nous souhaitons doit apporter croissance et solidarité. Nous sommes fiers que notre capitale soit aussi la capitale de l'Europe et qu'à chaque moment de son histoire, des dirigeants belges ont été au cœur de ce grand projet.
Au cours de mes missions à l'étranger, j'ai pu constater combien les atouts de la Belgique et les talents et les forces dont elle dispose étaient appréciés de par le monde. C'est dans cet esprit que j'agirai durant mon règne. Je soutiendrai, en Belgique et à l'étranger, toutes ces qualités qui sont les nôtres. Donnons tous ensemble à notre pays un nouvel élan d'enthousiasme. Vive la Belgique! Leve België! Es lebe Belgien!".
Nouveau commandant en chef de l'armée belge, le Roi a, dans l'après-midi, déposé une couronne de fleurs devant la tombe du Soldat Inconnu, passé les troupes en revue, et présidé le défilé militaire et civil de la fête nationale. Place ensuite à la fête populaire dans le parc royal et au feu d'artifice.
22 juillet : nomination de ses conseillers
Dès le lendemain de son accession au trône, le nouveau Roi a nommé ses conseillers. Un mélange hétérogène d'anciens conseillers du roi Albert II (Pierre Warnauts, Jef Van den Put, Hubert Roisin, Yves Costers, Chantal Cooreman et Pierre-Emmanuel De Bauw), d'anciens conseillers de Philippe et Mathilde lorsqu'ils étaient ducs de Brabant (Pierre Cartuyvels, Noël De Bruyne, Alain Gerardy et Machteld Fostier), et de nouveaux venus à la Cour (Frans Van Daele, Philippe Kridelka, Geneviève Rénaux et Rafike Yilmaz).
Cette dernière est un symbole d'ouverture du Palais : pour la première fois, une Belge d'origine immigrée fera partie des conseillers du souverain. Cette Anversoise de 32 ans socialiste et d'origine turque était conseillère de la ministre de l'Emploi Monica De Coninck. Lors des élections communales de 2012, Rafike Yilmaz occupait la 39ème place sur la liste du bourgmestre sortant Patrick Janssens....face à la liste NVA de Bart De Wever.
Secrétaire général de la Maison du Roi : Philippe Kridelka. Ce diplomate liégeois a travaillé à l'Unesco et dans les cabinets des ministres socialistes Elio Di Rupo, Laurette Onkelinx et Rudy Demotte.
Conseiller du Roi (ses compétences ne sont pas vraiment définies) : Hubert Roisin. Licencié en sciences économiques, il entre dans la diplomatie en 1999 : il a été notamment premier secrétaire des ambassades de Belgique à Ankara et Islamabad, puis secrétaire personnel de la reine Paola de 2011 à 2013.
Chef de cabinet : Frans Van Daele occupera le poste le plus stratégique du Palais. Etiqueté CD&V, ce diplomate quadrilingue retraité était chef de cabinet du président du Conseil Européen Herman Van Rompuy. Au sein du Cabinet du Roi, Frans Van Daele sera secondé par Yves Costers (chef de cabinet adjoint et conseiller juridique), Pierre-Emmanuel De Bauw (directeur média et communication ; un poste qu'il avait déjà occupé de 2007 à 2012) et Rafike Yilmaz (directrice adjointe média et communication).
Chef du protocole : Pierre Warnauts. Cet amiral francophone travaille au Palais depuis 1998 et occupait déjà ce poste sous le règne précédent. Il sera secondé par le lieutenant-colonel Alain Gerardy, chef de protocole adjoint. Ce dernier était conseiller de la Maison des ducs de Brabant.
Maison Militaire : le général Jef Van den Put. Après avoir été commandant de l'Institut Royal Supérieur de Défense, cet Anversois était depuis 2005 le chef de la Maison Militaire du roi Albert II. C'est lui qui dirige les aides de camp et officiers d'ordonnance, et s'occupe de toutes les activités militaires du souverain.
Intendant de la Liste Civile : c'est le lieutenant-général Noël De Bruyne qui gèrera les cordons de la bourse du Palais. Il dirigeait auparavant la Maison des ducs de Brabant.
Requêtes : Chantal Cooreman - qui travaille au Palais depuis 1997 - va continuer de s'occuper du département des requêtes qui englobe également le Secrétariat Social de la Reine. Originaire de Vilvorde, elle est licenciée en droit de la VUB et a travaillé au ministère des Affaires Economiques.
Relations Internationales : Pierre Cartuyvels sera chef de cabinet adjoint et conseiller diplomatique, secondé par Geneviève Rénaux, conseillère économique. Avocat, Pierre Cartuyvels a fait de la politique au sein du CD&V ; il a été élu conseiller communal, premier échevin et bourgmestre de la commune de Landen. Entré dans la diplomatie en 2000, il a travaillé dans les représentations permanentes de la Belgique à l'UE, à l'Otan et aux Nations Unies, puis a été conseiller diplomatique du premier ministre Yves Leterme et du ministre de la Défense Pieter De Crem. Entré en 2012 au service du prince Philippe, on a souvent loué son influence bénéfique au cours des derniers mois.
Secrétaire de la Reine : la diplomate Machteld Fostier continue d'être le bras droit de la reine Mathilde, dont elle est la conseillère personnelle depuis de nombreuses années (de 2000 à 2006 et de 2008 à 2013).
22 juillet : rencontres avec le monde politique
Comme l'avait fait le roi Albert II le lendemain de son accession au trône en 1993, son fils Philippe a reçu au palais royal le président de la Chambre André Flahaut, la présidente du Sénat Sabine de Béthune, le premier ministre Elio Di Rupo (venu lui remettre, comme le veut la coutume, la démission du gouvernement qu'il a refusée), le gouvernement fédéral, les responsables des régions et communautés, et des représentants du monde judiciaire.
22 juillet : portraits officiels pour les bâtiments publics
Le Palais a diffusé les portraits officiels destinés aux bâtiments publics (ambassades, maisons communales, ministères, écoles, etc.). Le couple royal arbore l'Ordre de Léopold, la plus haute décoration du pays. La reine Mathilde porte une robe de la Maison Natan, un diadème de la reine Astrid (que lui a légué la reine Paola comme l'avait fait la reine Fabiola en 1993), les boucles d'oreilles de son mariage, et une broche à papilles que lui a offerte la reine Fabiola il y a quelques années.
24 juillet : pose photos en vacances
Contrairement à d'autres familles royales, les ducs de Brabant n'ont jamais fait de pose photo lors de leurs vacances privées à l'étranger (à l'exception d'une fois lors de sports d'hiver en Suisse). Mais cette année, ils ont accepté (volonté de mieux communiquer ou d'avoir ensuite la paix? Impossible à dire). C'est à l'île d'Yeu (France) qu'ils passent une partie de leurs vacances depuis quelques années ; on sait que leurs enfants y suivent des stages de voile.
31 juillet : 20ème anniversaire de la mort du roi Baudouin
Vingt ans après le décès du roi Baudouin, une messe en sa mémoire a été célébrée en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule à Bruxelles , en présence de la reine Fabiola, du roi Albert II et de la reine Paola, du roi Philippe et de la reine Mathilde, du prince Lorenz et de la princesse Astrid, et du prince Laurent et de la princesse Claire. La famille grand-ducale luxembourgeoise n'était pas présente. Un bain de foule a ensuite eu lieu sur le parvis de la cathédrale. Après la messe, le Roi et la Reine rejoignent leurs enfants pour poursuivre leurs vacances en France : sur l'île d'Yeu, puis dans le château de la famille d'Arenberg dans le Cher.
1er août : ouverture du palais royal de Bruxelles au public
Habituellement, sous les règnes des rois Baudouin et Albert II, le palais royal de Bruxelles était ouvert au public au lendemain de la fête nationale. Cette année, c'était impossible, vu que le palais royal accueillait, le 21 juillet, la cérémonie d'abdication. Aussi l'ouverture a été reportée au 1er août. Parmi les nouveautés 2013, une vidéo d'une dizaine de minutes retrace la journée du 21 juillet, et les tenues portées ce jour-là par le couple royal et leurs enfants sont exposées dans le Petit Salon Blanc.
12 août : décès du prince Johan Friso des Pays-Bas
Le jour de l'annonce du décès du prince Johan Friso, le couple royal a présenté ses condoléances par téléphone à la famille royale néerlandaise : le roi Philippe au roi Willem-Alexander et à la princesse Béatrix ; la reine Mathilde à son amie la reine Maxima. Le Gotha n'était pas convié aux funérailles qui se sont déroulées dans l'intimité.
17 août : championnats européens de hockey à Boom
Grands sportifs, le Roi et le prince Gabriel ont interrompu leurs vacances pour revenir en Belgique pour la première journée des championnats européens de hockey à Boom. Ils ont assisté à un match de l'équipe nationale belge féminine, puis à un match de l'équipe nationale belge masculine. Signalons que le prince Gabriel pratique le hockey dans un club d'Evere.
Le Roi, la Reine et leurs quatre enfants terminent leurs vacances d'été chez des amis dans le Valais suisse.
Conclusion : ce premier mois de règne est très clairement réussi. Sa prestation de serment s'est déroulée sans incident, et le Roi a surpris par son assurance et sa sérénité. Son premier discours n'a suscité aucune polémique, et a été bien perçu tant au nord qu'au sud du pays. Attendu sur les problèmes communautaires, il a positivé la réforme de l'Etat et s'est clairement tourné vers l'avenir, sans nostalgie : "La nouvelle réforme de l'Etat réalise un transfert de compétences important aux entités fédérées. Cela rapprochera les citoyens de la prise de décisions et cela permettra de mieux rencontrer les défis de l'avenir. La force de la Belgique réside également dans ses entités fédérées". Le 21 juillet 2013 a été aussi une grande fête populaire, une communion entre les Belges et leur famille royale. Le lendemain, la désignation de ses conseillers est un bon équilibre entre anciens conseillers et nouveaux venus. Deux visages ont attiré l'attention : Frans Van Daele (qui remplace Jacques van Ypersele de Strihou, chef de cabinet depuis 30 ans, ce qui constitue un gros changement au Palais) et Rafike Yilmaz (première Belge d'origine étrangère à être conseillère d'un roi). Et la reine Mathilde assure avec brio le côté glamour de la monarchie.
Le nouveau roi va-t-il convaincre la Flandre, très critique ces dernières années à l'égard de la famille royale? D'après des sondages, il a fait bonne impression le 21 juillet à 6 Flamands sur 10 (ce qui est donc meilleur que les sondages de ce printemps où le duc de Brabant n'avait pas une majorité d'avis favorables au nord du pays). Le fait d'avoir choisi des Flamands pour occuper tous les postes les plus stratégiques du Palais (chef de cabinet, intendant de la Liste Civile, chef de la Maison Militaire, département des relations extérieures) a été également bien perçu. Des élus de Riemst, Louvain et Saint-Trond ont proposé de rebaptiser une rue ou une place au nom du Roi ou de la Reine, mais reste à voir si le collège échevinal suivra leur idée. Le 2 septembre, leurs quatre enfants feront leur rentrée scolaire dans l'enseignement néerlandophone. Ce n'est pas non plus un hasard si ses trois premières activités publiques en province (Boom, Malines et Louvain) ont lieu en Flandre. Bref, le roi Philippe veut séduire les Flamands et donner une image moins francophone de la monarchie. L'avenir nous dira s'il y réussit...
lundi 26 août 2013
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Je formule des voeux pour sa réussite et le bonheur de la Belgique.
RépondreSupprimerOn a beau dire, on a beau faire, même un tas de merde reste tas de merde avant quelque recyclage...
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