lundi 21 janvier 2019

Philippe, roi d'une Belgique fédérale

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Contrairement à leurs cinq prédécesseurs, Albert II et son fils règnent sur une Belgique fédérale. Pas nostalgique (du moins publiquement) de l'évolution de notre pays,  le roi Philippe s'inscrit clairement dans l'avenir lors de sa prestation de serment :   "La nouvelle réforme de l'Etat réalise un transfert de compétences important aux entités fédérées. Cela rapprochera les citoyens de la prise de décisions. Cela permettra de mieux rencontrer les défis de l'avenir".


Dans les premiers mois de son règne, le nouveau souverain tente des nouvelles initiatives. Ainsi, en novembre, il reçoit en audience commune les ministres francophone Fadila Laanan et néerlandophone Joke Schauvliege de la Culture. Il décide d'enregistrer une version allemande de son discours télévisé de Noël à l'intention de la communauté germanophone (le roi Albert II se contentant de deux phrases en allemand à la fin de son discours en français). En janvier, il organise une réunion de travail avec les trois ministres communautaires de l'Enseignement.

Dans son discours de Nouvel An 2014 aux autorités du pays, le Roi déclare :   "La réforme de l'Etat qui vient d'être adoptée permettra à l'Etat fédéral et à nos communautés et régions de rencontrer plus efficacement les défis de l'avenir. Elle crée aussi un nouvel espace pour la coopération. Au cœur de l'Europe, la Belgique continuera à faire la preuve qu'en capitalisant sur les différences de langue et de culture, nous arrivons à intégrer la vision d'autrui et donc à trouver des solutions plus globales".

Notre souverain continue de soutenir le Fonds Prince Philippe qu'il a créé en 1998. Chaque année, il remet, au palais royal, les prix du concours Belgodyssée pour jeunes journalistes du nord et du sud du pays. En 2014, il participe aux 10 ans du programme Erasmus Belgica du Fonds Prince Philippe. Ce programme facilite les échanges entre des établissements d'enseignement supérieur des trois communautés de notre pays. L'échange peut durer de trois mois à une année académique. Les étudiants reçoivent une bourse unique de 100 euros pour y participer. S'ils louent un kot, ils peuvent obtenir un bonus supplémentaire de maximum 100 euros par mois, après avoir présenté une copie du contrat de location.

Surprise lors du premier voyage d'Etat de son règne en 2015 :   le couple royal est accompagné des ministres-présidents des régions et communautés, en plus du ministre fédéral des Affaires étrangères. Cela ne fut jamais le cas sous le règne précédent. Philippe souhaite montrer symboliquement à l'étranger que la Belgique est un Etat fédéral, et entretenir de bonnes relations avec les régions et communautés.  Dans le cadre de son soutien à la formation en alternance, il a emmené les ministres fédéraux et régionaux concernés en voyage de travail de deux jours en Allemagne en 2015, puis en Suisse en 2017.

En 2016, le Roi assiste au 25ème anniversaire de l'échange linguistique entre des écoles de Minderhout et Neufchâteau, et rencontre avec des élèves de Visé et Poelkapelle ayant participé à un Relais Sacré en vélo.

En avril 2016, un déjeuner de travail est organisé au château de Laeken sur le thème "La culture comme levier de dialogue entre les communautés du pays". Autour du couple royal, on trouve Serge Rangoni (directeur du Théâtre de Liège), Dirk Snauwaert (directeur du Wiels), Sophie Karthäuser (soprano), David Van Reybrouck (auteur), Philippe Geluck (dessinateur), Jan Goossens (directeur du KVS), Michaël Borremans (peintre), Laurent Busine (directeur du MAC's), Anne-Teresa De Keersmaeker (chorégraphe) et Jaco Van Dormael (cinéaste).

Un nouveau déjeuner culturel a lieu un an plus tard, avec quatre mêmes invités (Laurent Busine, David Van Reybrouck, Serge Rangoni et Jaco Van Dormael). Ils sont accompagnés de six autres personnalités du milieu culturel :   Sidi Larbi Cherkaoui (directeur du Koninklijk Ballet van Vlaanderen), Chris Dercon (intendant de la Volkesbühne Berlin), An Veronica Janssens (artiste), François Schuiten (dessinateur), Jan Raes (directeur du Koninklijk Concertgebouw Amsterdam) et Ivo Van Hove (directeur du Toneelgroep Amsterdam).

Le Roi visite les parlements de la communauté germanophone en 2013, de la Wallonie en 2015, de la Fédération Wallonie/Bruxelles en 2016, de la Flandre en 2017.

En novembre 2017, il rencontre au palais royal deux classes de 6ème secondaire d'Oostmalle et Libramont participant à un échange linguistique du Fonds Prince Philippe. En mai 2018, il découvre le projet Tandem à Jette qui forme des instituteurs bilingues français/néerlandais de l'enseignement primaire, grâce au soutien de la Commission Communautaire flamande, de la Ville de Bruxelles et du Fonds Prince Philippe.

Contrairement à son père qui incitait régulièrement dans ses discours les Belges à apprendre la langue des autres communautés,  Philippe n'en parle pas. Il faudra attendre mars 2018 pour qu'il évoque ce sujet lors de l'allocution prononcée à l'Université d'Ottawa pendant le voyage d'Etat au Canada :

"Nos deux pays jouissent de l'indéniable richesse de compter plusieurs communautés, avec chacune sa langue. Contrairement à nos voisins unilingues, nos deux pays ont assurément la chance d'apprendre la langue de l'autre sans difficultés. Le Canada et la Belgique offrent un potentiel énorme pour l'apprentissage d'une seconde langue :  nous avons des native speakers à deux pas de chez nous ; nos élèves peuvent récolter immédiatement les fruits de cet apprentissage dans leur vie quotidienne. Nous avons ainsi développé une expérience et une connaissance scientifique de premier plan sur le multilinguisme et les bénéfices qui en découlent.

Apprendre une langue, c'est se construire. C'est entrer dans l'univers culturel qui nous précède et nous façonne. C'est avant tout se donner la chance de mieux se connaître soi-même. S'il est fondamental d'approfondir et de bien maîtriser sa propre langue, en apprenant une langue étrangère, on ajoute chaque fois un étage à son édification personnelle. Non seulement, comme le disait Goethe :  "Qui ne connaît pas de langue étrangère, ne sait rien de la sienne". Mais s'initier à une langue étrangère, c'est apprendre à voir le monde avec d'autres yeux que les siens. Cela complète notre vision du monde.

S'éveiller à une autre langue permet d'infiniment mieux rencontrer et connaître ceux dont c'est la langue naturelle. Quand on est amené à travailler ou à vivre avec une personne issue d'un autre environnement linguistique, pouvoir s'adresser à elle dans sa propre langue, permet d'augmenter la qualité de nos relations. Cette rencontre nous ouvre à des valeurs que nous ignorions et peut être source de nouvelle créativité. L'apprentissage des langues devient ainsi une promesse de paix, ce vecteur pour un avenir meilleur".

En janvier 2019, le Roi se rend à Eupen pour la séance académique marquant le centenaire de l'appartenance de l'actuelle communauté germanophone à la Belgique, quelques mois après la fin de la première guerre mondiale.

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