lundi 30 septembre 2013

"Le règne d'Albert II" (Vincent Leroy)

                                                               

Passionné par l'histoire belge contemporaine, Vincent Leroy est l'auteur de huit autres ouvrages consacrés au roi Albert II, au poète Emile Verhaeren, au prince-régent Charles, à la reine Paola, aux 180 ans de la Belgique, à la princesse Astrid, au prince Laurent et à la princesse Claire.

Au terme des 20 ans de règne d'Albert II, beaucoup de choses ont déjà été écrites sur son enfance, sa vie de couple, sa famille, ses passions, son sens du contact, son humour. Aussi Vincent Leroy a choisi de s'intéresser uniquement à son rôle politique de 1993 à 2013, notamment à travers une analyse de ses discours, ses audiences, ses initiatives et ses contacts avec les responsables politiques.

Suite au décès du roi Baudouin en 1993, son frère cadet Albert, âgé de 59 ans, monte sur le trône à la surprise générale. Vingt ans plus tard, il abdique, pour raison de santé, au profit de son fils le prince Philippe. Quel bilan peut-on tirer de ses 20 ans de règne?

Contrairement à ses cinq prédécesseurs, Albert II a régné sur un Etat fédéral dont il a signé la nouvelle Constitution le 17 février 1994. La fédéralisation accrue de la Belgique a pour conséquence l'affaiblissement du pouvoir royal :  en effet, des compétences glissent au fil des ans vers les régions et les communautés, sur lesquelles le souverain n'a aucune influence directe. Parallèlement, de plus en plus de décisions politiques se prennent à l'Union Européenne et à l'Otan.

Pas nostalgique (du moins publiquement) de la Belgique unitaire, Albert II s'est adapté à cette évolution et estimait que la priorité de sa tâche était désormais de veiller à la cohésion et l'unité du pays. C'est le sujet qui est revenu le plus souvent dans ses discours. Afin d'accroître le dialogue et la compréhension, il encourageait la maîtrise des langues étrangères et les initiatives pour faire découvrir la culture des autres communautés.

Le Roi ne s'est pas autant mêlé de politique que son frère, et a travaillé en parfaite harmonie avec les cinq premiers ministres de son règne. Il n'a jamais reçu aucun représentant de l'extrême-droite, et a condamné, à plusieurs reprises, le racisme et la xénophobie. Bien que croyant et pratiquant, il a relégué la religion au domaine privé, et a signé les lois sur l'euthanasie et le mariage homosexuel. Par ailleurs, il a poursuivi le combat du roi Baudouin contre la traite des êtres humains.

Mais à deux reprises, Albert II est entré dans l'arène politique et s'est imposé comme le "Père de la Nation" :  lors de l'affaire Dutroux en 1996 et durant les crises politiques de 2007 à 2011. Lorsque la Belgique est restée un an et demi avec un gouvernement en affaires courantes, il a fait preuve de beaucoup de patience pour trouver des solutions. Son discours du 21 juillet 2011 a marqué les esprits par son irritation à l'égard de la crise politique.

En politique étrangère, Albert II est un Européen convaincu qui estime que le système fédéral belge peut être un exemple pour la construction européenne. Il accorde beaucoup d'importance à la place de Bruxelles comme capitale de l'Europe, à l'image de notre pays à l'étranger, et à nos anciennes colonies d'Afrique centrale.

Tout au long de ses 20 ans de règne, le Roi a pu compter sur le soutien de la reine Paola, qui a cependant toujours voulu rester à l'arrière-plan et ne pas être plus médiatique que son époux. Seule exception :  lors de l'affaire Dutroux en 1996, elle a été associée à ses audiences et initiatives. Et c'est ensuite elle qui a poursuivi le combat sur le long terme pour la recherche des enfants disparus, et contre leur exploitation sexuelle et la pédopornographie sur Internet. Dans le domaine social, la Fondation Reine Paola a également apporté son aide aux jeunes en difficulté et aux enseignants. Vrai mécène, la Reine a fait rénover toutes les demeures royales et a introduit l'art contemporain au palais royal.

Une des réussites d'Albert fut de se réconcilier avec la branche d'Argenteuil. La page est désormais bien tournée sur les querelles d'autrefois, et les princesses Léa et Esméralda apparaissent aujourd'hui régulièrement aux côtés de la famille royale.

Par contre, alors qu'il a vanté la famille dans plusieurs discours et déclaré en 2013 que "la famille royale doit, en toutes circonstances, donner l'exemple", une majorité de Belges ne comprend pas pourquoi il a coupé tout contact avec sa fille illégitime Delphine Boël alors que cette paternité a été rendue publique. Ses relations avec ses fils les princes Philippe et Laurent n'ont pas toujours été bonnes non plus. Mais en décidant d'abdiquer, Albert II a donné une belle preuve de confiance à l'égard du prince héritier, impatient de monter sur le trône.

Durant les dernières années de son règne, le coût de la monarchie, son manque de transparence financière, les frasques du prince Laurent, les fondations privées créées par la reine Fabiola, les erreurs de communication du Palais ont suscité de nombreuses critiques, en particulier au nord du pays où la monarchie est moins populaire. La famille royale y est présentée par la NVA (premier parti de Flandre) comme francophone et alliée du PS d'Elio Di Rupo, un premier ministre soutenu très publiquement par Albert II.

Le roi Baudouin disait :  "Mon frère, c'est du solide", et il avait raison. Tout en respectant l'ordre de la succession au trône, Albert II était la personne adéquate pour accompagner une Belgique devenue fédérale vers le XXIème siècle, et pour dépoussiérer une monarchie un peu terne et austère sous le règne précédent. Grâce à sa simplicité, sa bonhommie, son sens du contact et son humour, Albert II a touché le cœur des Belges et est devenu aussi populaire que son défunt frère. Il fut bien plus qu'un "roi de transition" et a réussi pleinement son règne.

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