lundi 8 juin 2015

Le prince Charles de retour en Belgique avant la guerre

Article sur l'enfance du prince : http://familleroyalebelge.blogspot.be/2015/05/lenfance-du-prince-charles-de-belgique.html


Article sur les années britanniques du prince (de 1914 à 1926) :  http://familleroyalebelge.blogspot.be/2015/05/les-annees-britanniques-du-prince.html


Le troisième volet de cette série est consacré à la période allant de son retour en Belgique en 1926 au début de la deuxième guerre mondiale en 1940. Bonne lecture!


En avril 1926, le prince quitte le Royal Naval War College de Greenwich avec le grade de lieutenant de vaisseau honoraire de première classe et rentre en Belgique après douze années passées en Grande-Bretagne.


Les problèmes entre Charles et ses parents sont confirmés par la reine Marie-José dans son livre "Albert et Elisabeth : mes parents" :   "Après ses études dans la marine anglaise, Charles entra à son tour à l'Ecole Royale Militaire de Bruxelles, où il termina ses études, puis il reçut le commandement d'un régiment de guides. De légers heurts l'opposaient à nos parents. Le flegme ironique de mon frère les déconcertait et les agaçait parfois. Un jour, lorsqu'il étudiait encore en Angleterre, notre père lui fit une remarque au sujet d'un bulletin des plus médiocres. Charles rétorqua en disant que l'avant-dernier de sa classe était un tel génie qui lui eût été impossible de le surpasser!  Un don réel pour le dessin orientait ses goûts plutôt vers les beaux-arts. Il travailla longtemps avec le peintre Bastien. Les amis de Charles apprécient en lui, avant tout, l'originalité de son esprit et le pouvoir de contact humain, qu'il tient de notre mère".

A la rentrée académique de 1926, il est inscrit à l'Ecole Royale Militaire de Bruxelles. Il est fait major de la 71ème promotion et est affecté au premier régiment des guides en janvier 1927. Il effectue régulièrement des périodes de service dans ce régiment et participe à des camps d'entraînement.


En juin et juillet 1929, Charles va pendant six semaines au camp militaire de Beverloo, où il sera promu lieutenant. Albert Coomans de Brachène, fils du bourgmestre d'Aerschot de l'époque, a raconté à Gunnar Riebs :   "Le prince Charles était officier chez les guides et se rendait avec le colonel Donnay de Casteau de Bruxelles à Beverloo. Je me souviens encore d'un repas raffiné lors duquel de très bons vins avaient été servis. Le soir, le prince a fait une promenade avec mon père dans Aerschot et ils sont allés boire un verre dans quelques cafés. Aux petites heures du lendemain, on est venu chercher le prince Charles avec une estafette ornée d'un drapeau et les impressionnants sabres d'alors. Il était très simple et proche des gens. J'étais heureux d'avoir pu partager la table du prince et de mes parents ce soir-là".

Le comte de Flandre mène une vie tranquille en Belgique, où tous les regards sont tournés vers le prince héritier Léopold qui a épousé en 1926 la princesse Astrid de Suède. On le voit lors de certaines activités officielles :   carnaval de Binche en 1926 avec sa sœur Marie-José, funérailles de l'impératrice Charlotte du Mexique (née princesse de Belgique) en 1927, visite du charbonnage de Manage en 1927, inauguration de la Croix du Sacrifice dans le cimetière de Masnuy-Saint-Pierre en 1927, participation au voyage d'Etat de ses parents au Danemark en 1928, visite du béguinage de Bruges en 1930, dîner de gala à Ostende en l'honneur du roi et de la reine d'Irak en 1933, etc.


Charles profite de son temps libre pour se rendre à la côte belge. Son grand-oncle Léopold II, le "roi bâtisseur", était déjà un fidèle de notre littoral et a marqué de son empreinte la ville d'Ostende par de nombreux travaux d'embellissement. Au début du 20ème siècle, il achète une série de terrains et de maisons modestes à Raversijde, entre la chaussée de Nieuport et le chemin des Dunes. Le souverain y fait installer une pépinière expérimentale et des serres avant de tout léguer à la Donation Royale peu de temps avant son décès.


En mai 1914, le roi Albert Ier achète des terrains à l'ouest de l'ancien domaine de Léopold II, mais tous les bâtiments sont dans un état lamentable après la première guerre mondiale. Raversijde tombe dans l'oubli jusqu'en 1930. De retour en Belgique après sa formation à la Marine britannique, le prince Charles continue d'aimer la mer. Il achète personnellement à Raversijde des nouvelles parcelles et différentes habitations autour du domaine appartenant à la Donation Royale. Le fidèle Robert Goffinet fait également l'acquisition de terrains limitrophes.


Lors du décès accidentel du roi Albert Ier à Marche-les-Dames le 17 février 1934, on oublie de prévenir son fils cadet. Apprenant la nouvelle à Ostende, il saute dans sa voiture en direction de Laeken où il arrive furieux et le visage rempli de larmes. Une de ses phrases est passée à la postérité :   "Moi, je l'aimais...".  Il a un jour confié à l'historien Jo Gérard :   "Le respect de la vie sous toutes ses formes, voilà le secret de mon père".  Malgré leurs querelles, le prince gardera tout au long de sa vie un profond respect pour le roi Albert Ier en tant qu'homme et en tant que souverain.


En juin 1934, le prince Charles succède à son frère à la présidence du conseil d'administration de la Caisse Générale d'Epargne et de Retraite (C.G.E.R.).


Après la mort de son père, le comte de Flandre hérite 2/12 des terrains acquis en 1914 par Albert Ier à Raversijde. Il rachète les parts de sa mère, de sa sœur et de son frère, et il y fait construire une porte cochère, un garage et un appartement pour le chauffeur. Ces bâtiments sont toujours visibles actuellement.


Le 7 avril 1935, Charles écrit une lettre de reproches à son frère :   "Cher Léopold, j'ai été très péniblement surpris d'apprendre que les uniformes de Papa sont au Musée de l'Armée!  Tu disposes donc de choses privées ayant appartenu à notre père comme si je n'existais pas. Déjà peu de temps après sa mort, je t'en avais fait la remarque et t'avais loyalement prévenu que si tu maintenais cette attitude, je n'y mettrais aucune bonne volonté pour que la partie de la succession ayant servi aux charges du Roi te revienne. Dès à présent, il faut t'attendre à ce que je réclame ma part jusqu'au dernier objet (carosses, autos, argenterie, etc.) et même sur la bibliothèque. Charles".

Le comte de Flandre se rend en Angleterre pour les obsèques de la princesse Victoria en 1935 et du roi George V en 1936, ainsi que pour le couronnement du roi George VI et de la reine Elisabeth en 1937.  Du 28 octobre au 3 novembre 1937, il assiste aux fêtes données pour les 18 ans du prince héritier Michel de Roumanie, à l'invitation du roi Carol. En 1937, Léopold III demande à son frère de s'occuper des travaux entrepris au palais royal de Bruxelles.


Le 22 février 1938, le prince Charles assiste au palais royal au dîner offert par Léopold III en l'honneur de l'ancien président américain Herbert Hoover, de passage en Belgique. Au menu : consommé brunoise, côtelettes de saumon maréchal, poularde jardinière, pommes anglaises, pâté de foie gras, glace Aurore, fruits et desserts. Au cours de l'année 1938, Charles accompagne les autres membres de la famille royale à l'inauguration de monuments dédiés à la mémoire du roi Albert Ier à Nieuport et à Paris.


Le comte de Flandre est nommé au grade de colonel en septembre 1939.


Le 8 octobre 1939, Charles devient papa avec la naissance à Strasbourg de sa fille Isabelle Wehrli qu'il ne reconnaîtra jamais. La mère est Jacqueline Wehrli, fille d'un pâtissier de la rue Neuve à Bruxelles. Selon Evrard Raskin (biographe de la reine Elisabeth et de la princesse Lilian), Robert Goffinet aurait arrangé un mariage blanc en 1942 entre Jacqueline et Arthur Wybo, ancien valet du Palais. Isabelle porte désormais le nom de Wybo.

(à suivre...)

Bibliographie :
- RIEBS Gunnar, "Charles, comte de Flandre, prince de Belgique, régent du royaume", éditions Labor, 2004
- LEROY Vincent, "Le prince Charles de Belgique", éditions Imprimages, 2007
- EMMERY Rien, "Charles de Belgique (1903-1983)", éditions Racine, 2008

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